« Tous les pays doivent rester vigilants et il n'y a pas de place pour la complaisance » dans la lutte contre le coronavirus, a mis en garde jeudi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), saluant toutefois « les nouvelles encourageantes » concernant les vaccins. « Le virus continue de circuler et la plupart des gens restent sensibles », a déclaré depuis Genève, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS, à l'ouverture du troisième Forum Galien Afrique, qui se tient jusqu'au vendredi 11 Décembre à Dakar, la capitale sénégalaise. Selon le chef de l'OMS, le continent africain est « à une période charnière » dans la gestion de la pandémie mondiale. « Comme nous l'avons appris de notre expérience avec la polio, le virus Ebola, le choléra et de nombreuses autres maladies, il est fondamental de mobiliser et de responsabiliser les communautés pour réagir et prévenir », a ajouté le Dr Tedros. En attendant, la pandémie mondiale a un « impact sans précédent » sur les vies, les moyens de subsistance, les économies et les communautés dans le monde entier. Même si jusqu'à présent, la plupart des pays africains ont réussi à prévenir ou à contenir une transmission communautaire généralisée, le continent signale toutefois « plus de 2,2 millions de cas de Covid-19 et plus de 53 000 décès ». Et « ces dernières semaines, nous avons constaté une augmentation inquiétante du nombre de cas et de décès », a alerté le chef de l'Agence sanitaire mondiale de l'ONU. De plus, si les pires effets sanitaires ont jusqu'à présent été évité en Afrique, « les conséquences sociales et économiques ont été graves ». « L'accès aux services de santé essentiels a été perturbé, notamment les services de prévention et de traitement des maladies transmissibles et de vaccination, et la faim est en augmentation », a détaillé le Dr Tedros. Le coronavirus peut « servir de catalyseur pour une Afrique plus saine et plus durable » D'une manière générale, « des lacunes considérables subsistent ». « Les inégalités sociales, la faiblesse de la gouvernance et la politisation de la santé publique sont autant de facteurs de risque pour la population », a fait valoir le Dr Tedros. Pour le chef de l'agence onusienne, il existe également de « graves lacunes dans la prévention et le contrôle des infections, la gestion des cas, les tests ou la communication des risques ». Il y a aussi le défi de la logistique et de l'approvisionnement, l'engagement communautaire, le personnel de santé, le financement, les capacités aux points d'entrée, les interventions d'urgence et les infrastructures essentielles pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène. Face à de telles insuffisances, le chef de l'OMS a invité les pays africains à renforcer leur préparation, notamment leur capacité nationale à faire face aux urgences sanitaires, grâce à des investissements durables. Il s'agit aussi d'atténuer les risques qui favorisent l'émergence et la réémergence des maladies à l'interface entre l'animal et l'homme, grâce à une approche, « Une seule santé ». « Nous exhortons les pays à renforcer l'analyse et l'utilisation des données sur les lacunes nationales en matière de préparation », a-t-il ajouté. « La leçon est claire : en fin de compte, un système de santé solide et une infrastructure de santé publique solide constituent la meilleure défense contre les urgences sanitaires », a insisté le Dr Tedros. Si la pandémie de Covid-19 reste « une crise sans précédent », elle peut toutefois « servir de catalyseur pour construire une Afrique plus saine, plus sûre, plus équitable et plus durable ». L'OMS s'engage à ce que l'Afrique bénéficie d'un accès équitable aux vaccins S'agissant du dossier des vaccins, qui offrent « un réel espoir de pouvoir mettre fin à la pandémie », l'agence onusienne s'est « engagée à faire en sorte que l'Afrique bénéficie d'un accès équitable à ces puissants outils, en tant que biens publics mondiaux ». « C'est pourquoi l'OMS et nos partenaires internationaux ont créé l'accélérateur d'accès aux outils Covid-19 et le dispositif COVAX – pour mettre au point rapidement des vaccins, des diagnostics et des traitements et les fournir de manière équitable », a fait remarquer le Dr Tedros. Par ailleurs, il s'est joint « à l'appel lancé à la communauté internationale et aux institutions financières internationales pour qu'elles envisagent des mesures telles que l'allégement ou la restructuration de la dette, afin que les dépenses de santé et autres dépenses sociales puissent être maintenues en Afrique ». « En travaillant ensemble dans la solidarité, nous sommes tous plus forts », a-t-il dit.