Alors que l'annonce par les laboratoires d'un candidat-vaccin « efficace à 90% pour prévenir les infections au Covid-19 » ravive l'espoir de voir le bout du tunnel, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tempère et rappelle que rien n'est garanti. « Nous avons encore un long chemin à parcourir. Et le monde ne peut pas mettre tous ses œufs dans un même panier », a déclaré le Directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. A la clôture de la 73e Assemblée mondiale de la santé, le Dr Tedros a invité les Etats membres de l'OMS à ne pas « négliger les nombreux autres outils à (leur) disposition dont certains pays ont (déjà) montré l'efficacité pour maîtriser ce coronavirus ». Malgré cette mise en garde, l'agence onusienne s'est dit « encouragée » par les résultats préliminaires des essais cliniques publiés cette semaine. « Jamais dans l'histoire, la recherche sur les vaccins n'a progressé aussi rapidement », a ajouté le Dr Tedros, relevant qu'il ne fait aucun doute qu'un vaccin sera « un outil essentiel pour contrôler la pandémie ». Dans ce combat contre le nouveau coronavirus, le chef de l'OMS invite la communauté internationale à « faire preuve de la même urgence et du même esprit d'innovation pour faire en sorte que tous les pays bénéficient de cette avancée scientifique ». « Le virus lui-même n'a pas changé de manière significative » En attendant de voir un vaccin sûr et efficace arriver sur le marché, « le virus lui-même n'a pas changé de manière significative, et encore moins les mesures nécessaires pour l'arrêter », a dit Le Dr. Tedros. Une façon pour le chef de l'OMS de rappeler certains fondamentaux qui « fonctionnent ». Tout d'abord, il s'agit de connaître l'épidémie et bien faire les choses de base : trouver, isoler, tester et soigner les cas. L'autre rappel consiste à l'impératif du traçage et de la mise en quarantaine des contacts. L'OMS insiste encore sur la participation des communautés en leur donnant les moyens de se protéger et de protéger les autres grâce à toute une gamme de mesures. Il s'agit particulièrement de la distanciation physique, mais aussi en évitant les foules, des mesures comme la ventilation, l'hygiène des mains et les masques. Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a démontré « les conséquences du sous-investissement chronique » dans la santé publique. A ce sujet, « un retour au statu quo n'est pas une option », a prévenu le Dr Tedros. « Nous n'avons pas seulement besoin de plus d'investissements dans la santé publique », a-t-il poursuivi, tout en rappelant également l'importance « de repenser la manière dont nous valorisons la santé ». Plus largement, l'OMS estime que le temps est venu d'adopter « une nouvelle approche qui considère la santé non pas comme un coût, mais comme un investissement qui est le fondement d'économies productives, résilientes et stables ». La 73e Assemblée mondiale de la santé renforce la préparation aux pandémies Pour commencer à construire ce récit, l'OMS s'est réjouie de la création d'un nouveau « Conseil sur l'économie de la santé pour tous ». Un organe qui se penchera sur les liens entre la santé et une croissance économique durable, inclusive et axée sur l'innovation. Par ailleurs, les Etats membres de l'agence onusienne ont décidé également de renforcer la préparation aux prochaines pandémies. Lors de la plénière de l'Assemblée mondiale de la santé ce vendredi à Genève, ils ont adopté une résolution globale sur la préparation aux situations d'urgence. Le texte réaffirme ainsi l'importance du Règlement sanitaire international (RSI). Cette rencontre virtuelle a été aussi l'occasion pour les Etats membres d'aborder d'autres défis. Un plan de 10 ans contre des maladies négligées et un code international sur le personnel de santé ont été notamment validés lors de la réunion. L'Assemblée a également approuvé une nouvelle feuille de route pour vaincre la méningite d'ici à 2030. Pour le Dr Tedros, c'était aussi l'occasion pour réaffirmer sa volonté de mettre en œuvre « le programme de transformation pour construire une organisation moderne et agile ». « Nous considérons comme un honneur de travailler pour cette grande Organisation et de collaborer avec vous pour promouvoir la santé, assurer la sécurité dans le monde et servir les personnes vulnérables », a conclu le chef de l'OMS.