En 2010, pas moins de 2,6 millions de personnes, nées au Maroc, résidaient dans les pays de l' 'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans un récent rapport, intitulé « Talents à l'étranger : une revue des émigrés marocains », l'organisation dresse une cartographie exhaustive de la diaspora marocaine. Le document nous apprend notamment que la communauté marocaine est aujourd'hui plus grand groupe d'émigrés en provenance d'un pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Dans ce rapport, dévoilé le 21 février, l'OCDE se félicite de l'importance de la diaspora marocaine qui représente une ressource majeure pour l'économie de leur pays d'origine. Le document souligne aussi que les descendants d'émigrés marocains dans les pays européens de l'organisation sont au nombre de 800 000. Après une décennie de forte croissance, les flux annuels vers cette zone ont été freinés notamment par la baisse des départs vers l'Espagne suite à la crise économique pour s'établir à 80.000 personnes en 2014. La France, première terre d'accueil Historiquement, l'Hexagone a toujours été le premier pays d'accueil des marocains. Le rapport le confirme. Les émigrés marocains sont essentiellement concentrés dans dix pays, principalement européens. Un tiers réside en France en 2010/11. L'Espagne et l'Italie, destinations plus récentes, accueillent à eux deux un million d'émigrés marocains en 2010/11, soit deux fois plus que dix ans auparavant. Répartition des pays de destinatation des émigrés marocains Une communauté mieux formée Si la majorité des émigrés marocains a encore un niveau d'éducation faible, la donne est en train de changer, souligne le document. Un demi-million d'émigrés marocains sont d'ailleurs titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur en 2010, soit deux fois plus qu'en 2001. Et c'est aux femmes que l'on doit cette performance. Le nombre d'émigrées marocaines ayant un niveau d'éducation élevé a augmenté de 125 % pendant la dernière décennie. Par ailleurs, les descendants d'immigrés marocains sont plus diplômés que leurs parents : plus d'un descendent d'émigrés marocains en Europe sur 3 compte au moins un diplôme de l'enseignement supérieur en poche. Premières victimes du chômage Le rapport souligne par ailleurs l'extrême vulnérabilité des marocains du monde face au changement du contexte économique. En effet, les émigrés marocains ont subi de plein fouet la crise économique de 2008/2009. Leur taux de chômage s'élève à 34 % en 2014 dans les pays européens et il est de 41 % pour les personnes peu qualifiées. En Espagne, la situation a été particulièrement difficile avec plus d'un émigré marocain sur deux au chômage en 2014. Sur le marché du travail nord-américain, à l'inverse, les émigrés marocains sont plus qualifiés et aussi mieux intégrés qu'en Europe. Emplois peu qualifiés Même si la majorité des émigrés marocains occupent des emplois peu qualifiés, des milliers parmi eux occupent également des emplois hautement qualifiés, en Amérique du Nord mais aussi en France. Plus de 7 000 médecins et autant d'infirmiers travaillant dans les pays de l'OCDE sont nés au Maroc. Avec plus de 50 000 étudiants en mobilité internationale en provenance du Maroc, le Maroc est le douzième pays d'origine des étudiants en mobilité internationale dans l'enseignement supérieur des pays de l'OCDE. Importante dynamique migratoire Le rapport démontre une certaine dynamique migratoire. D'un côté, un tiers des adultes au Maroc expriment un désir d'émigrer, et ce taux, déjà un des plus élevés dans la région MENA, s'élève à 45 % parmi les jeunes Marocains. De l'autre côté, la migration de retour a augmenté de 30 % au cours des dix derniers années et ces migrants de retour, les émigrés marocains eux-mêmes ou leurs descendants, ont des niveaux d'éducation nettement plus élevés que la moyenne de la population du pays. De plus, ils sont plus de deux fois plus susceptibles de devenir entrepreneurs que le reste de la population, souvent bénéficiant de l'expérience et de réseaux et financement à l'étranger, une tendance qui souligne le potentiel de ce groupe pour le développement du pays.