Le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca a défendu son vaccin vendredi, affirmant qu'il n'entraînait aucun "risque aggravé" de caillot sanguin, en réaction à la suspension de son utilisation par précaution dans plusieurs pays. Sur "une analyse de données de sûreté portant sur plus de 10 millions de cas enregistrés, nous n'avons vu aucune preuve de risque aggravé d'embolie pulmonaire ou de thrombose", détaille le laboratoire dans son communiqué. "En fait, les chiffres sur ce type [de problème médical] sont beaucoup plus faibles chez ceux qui sont vaccinés comparé à ce qui serait attendu dans la population dans son ensemble", ajoute-t-il. Le Danemark, l'Islande et la Norvège ont annoncé jeudi la suspension des injections du vaccin d'AstraZeneca en invoquant le principe de "précaution". La Bulgarie a fait de même vendredi et la Thaïlande a retardé sa campagne. L'OMS a pour sa part déclaré vendredi qu'il n'y avait "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin et qu'aucun lien de cause à effet sur la formation de caillots sanguins n'avait pour l'instant été trouvée. L'Agence européenne des médicaments (AEM) a toutefois estimé qu'un lien de causalité était "probable" dans au moins certains des "41 rapports d'anaphylaxie possible observés parmi environ 5 millions de vaccinations au Royaume-Uni". Elle fait valoir que des allergies sévères devraient être ajoutées à la liste des effets secondaires possibles du vaccin mais que celui-ci reste sûr. Ce vaccin était le seul homologué jusqu'ici par l'OMS avec celui de Pfizer-BioNTech, qui repose sur une autre technique. Mais vendredi l'institution a donné son aval à celui à dose unique du géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson. "Les avantages du vaccin continuent de l'emporter sur ses risques et le vaccin peut continuer à être administré pendant que l'enquête sur les cas de thromboembolies est en cours", avait en outre affirmé dès jeudi soir l'AEM. Plus tôt dans la journée, l'Agence nationale danoise de la Santé, la première en Europe à avoir annoncé une décision de suspension, avait invoqué la prudence face à des "cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées", même si aucun lien avec l'administration du vaccin n'a formellement été établi. En début de semaine, l'Autriche a cessé d'administrer un lot de ces vaccins après la mort d'une infirmière de 49 ans à la suite de "graves troubles de la coagulation" quelques jours après avoir été vaccinée. L'action perdait 1,11% à 6.935,00 pence dans un marché en légère hausse vers 15H20 GMT. Depuis le début de l'année, elle a perdu 5% alors que l'indice FTSE-100 a pris 4,50%. "Les actions d'AstraZeneca restent sous pression après des informations selon lesquelles la société a dû mal à régler des problèmes de production dans certaines usines européennes", constate Michael Hewson, analyste de CMC Markets. "En plus il y a des informations dans certains pays qui lient le vaccin à des caillots sanguins", ajoute-t-il, estimant toutefois que "pour l'instant les conséquences sont plus un effet d'optique qu'autre chose, car l'entreprise est critiquée pour ne pas remplir ses obligations", ajoute-t-il. "La réalité est que l'Union européenne a désormais 11,5 millions de doses inutilisées de vaccin à cause des réticences à se faire vacciner en raison d'affirmations douteuses sur son efficacité par des responsables politiques" conclut-il. De son côté, Jon Gibbins, directeur de l'Institut de recherche cardiovasculaire et métabolique de l'université de Reading, remarque que les caillots sanguins ou thromboses "surviennent pour toute une variété de raisons" et "touchent une à deux personnes sur 1.000", plus que les quelques dizaines de cas mentionnées sur plusieurs millions de personnes vaccinées dont les données ont été examinées par l'EMA. Il estime donc que le lien de cause à effet semble "très faible".