S'essayer à dresser le portrait de Noureddine Saïl n'est pas chose aisée. Les mots ne sauraient cerner son incommensurable apport aux scènes culturelle et médiatique marocaines. Là où l'on croyait demander la lune, ce précurseur dans l'âme innovait pour la décrocher. C'est peu dire que le Maroc a accusé une grande perte suite à son décès. D'un calibre comme une génération en produit (très) rarement, feu Saïl s'est illustré dans les missions diverses et variées qu'il aura assumé : professeur et inspecteur général de philosophie, scénariste, romancier, producteur, homme de médias... Ceux qui l'ont côtoyé en témoignent. Nadia Larguet
Mohamed Mouftakir
Un patron avant-gardiste à 2M A 2M, dont il a présidé aux destinées entre avril 2000 et mars 2003, on garde de M. Saïl le souvenir d'un homme intègre et avant-gardiste, marquant la chaîne par sa rigueur professionnelle et son exigence intellectuelle. "Un DG qui a soutenu les jeunes et qui a placé la culture au cœur de son action", a écrit le journaliste Monsef Sakhi, présentateur de l'émission culturelle 2M Mag. "Avec lui, 2M a connu son 2ème âge d'or avec la diffusion 24h sur 24, le retour en force du sport et du Cinéma, et la mise en place d'un état d'esprit novateur. Noureddine Saïl était un intellectuel cinéphile et footeux", a témoigné pour sa part Amine Birouk, ancien journaliste sportif à 2M. Cinéphile passionné et militant engagé Directeur général du Centre Cinématographique Marocain (CCM) entre 2003 et 2014, il a su forcer le respect et l'admiration des cinéastes et des critiques. "C'était un homme exceptionnel dans tous ce qu'il accomplissait, dans le cadre de ses fonctions administratives mais aussi en tant que grand critique. Il soutenait tout le monde, en silence, sans en attendre une quelconque forme de reconnaissance", a commenté le critique de cinéma Amer Charki dans une déclaration à 2M.ma. C'est également lui qui a ouvert les portes du Maroc au cinéma africain, et dont le Festival du cinéma africain de Khouribga est l'une des créations. "Il sera pleuré à chaudes larmes par plusieurs noms du cinéma africain, car ils estiment l'homme à sa vrai valeur", rajoute M. Charki. Il était tout cela et bien plus. Critique aux écrits distingués, il a investi tôt dans le mouvement cinéphile au Maroc en fondant, en 1973, la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc, qui a joué un rôle pionnier dans la diffusion de la culture cinématographique au Royaume. A juste titre, "feu Saïl est considéré comme le fondateur de la culture et l'action cinématographique, tant au plan théorique que celui pratique", atteste pour sa part l'écrivain et critique Khalil Damoun, qui se remémore les émissions du défunt à la radio et à la télévision, "de véritables leçons". "Après son arrivée à 2M, le cinéma a pris plus d'envergure sur le petit écran, et nous avons pu regarder de grandes productions", rappelle M. Damoun, en rajoutant que du temps de M. Saïl à la tête du CCM, "la production annuelle s'est améliorée, de deux ou trois films annuellement à douze et plus, et la fréquence de la tenue du Festival National du Film à Tanger a été relevée". Pour rappel, le défunt avait été admis il y a quelques jours dans un hôpital de Casablanca après la dégradation de son état de santé des suites de la Covid-19, et où il est décédé dans la soirée du 15 décembre. Il avait 72 ans. Natif de Tanger en 1948, il était une figure incontournable et une valeur sûre de la scène culturelle marocaine. Après un début de carrière à la première chaîne de télévision marocaine TVM (1984-1986) et à la chaîne de télévision française Canal Plus Horizon (1990-2000), feu Saïl a présidé aux destinées de 2M (Avril 2000-Septembre 2003) et puis du CCM (2003-2014) qu'il a marqués de sa rigueur professionnelle et de son exigence intellectuelle. 2M présente ses condoléances les plus attristées à la famille et aux proches de feu Noureddine Saïl, s'associe à leur douleur et partage leur peine.
* Nourredine Saïl, ancien DG de 2M et du CCM, tire sa révérence