Les actes de pédophilie se sont tristement enchaînés, ces derniers mois, au Maroc. Viols, attentats à la pudeur, inceste et meurtres… Qui sont les pédocriminels et les bourreaux au juste ? Comment en arrivent-ils à commettre ces crimes ? Et comment identifier leur comportement ? L'équipe de Grand Angle a mené l'enquête dans son numéro du jeudi 29 octobre. «Pédophilie, un crime contre l'innocence», un reportage d'Adil BOUKHIMA, Abderrahmane HMIMOU, Hicham AJEBLI, Souad GHABY et Khalid RACHIB, à voir ou revoir en Replay. A Douar Lemkanssa, le plus grand bidonville de la banlieue casablancaise, vit Ghita (nom d'emprunt). Il y a deux ans sa vie a basculé dans le cauchemar. Alors qu'elle se rendait à l'école, la fillette de 10 ans aurait été abordée par un voisin septuagénaire qui l'aurait harcelée. Sous les menaces de son agresseur, l'enfant se terrait dans le silence, jusqu'au jour où elle craque à cause d'un retard à l'école. L'affaire éclate, Ghita, déjà traumatisée par le scandale, doit faire face à l'humiliation dans le voisinage et à la stigmatisation à l'école où elle est confrontée aux insultes de ses camarades. Une situation qui a bouleversé sa vie de famille. Son père a sombré dans la dépression.. Des profils difficiles à identifier Selon le psychologue Hicham TYAL, les prédateurs sexuels sont dépourvus du sentiment de culpabilité. «Ils n'éprouvent aucun remords puisqu'ils considèrent que leurs victimes sont toujours consentantes». Pour certains pédocriminels, le fantasme et/ou la récidive serait même un acte normal pour assouvir un «besoin qui s'impose à eux» (la perversion sexuelle). Pour le spécialiste, il s'agit de «profils très particuliers car généralement ce sont des gens parfaitement adaptés en société». Une peine de 2 à 5 ans ! En l'absence de remords, rares sont les prédateurs sexuels repentis et peu d'entre eux acceptent de suivre une thérapie. Quant à ceux qui sont condamnés, la peine n'est jamais dissuasive. Au Maroc, la peine maximale, prévue par le code pénal est fixée à 10 ans dans ce genre de crimes, pourtant, dans la majorité des affaires, la peine ne dépasse jamais 6 ans de prison ferme compte tenu de l'octroi des circonstances atténuantes. Les mineurs, une proie facile Tout comme Ghita, Samira (pseudo) a été victime d'abus sexuel. Souffrant d'un handicap mental, la jeune adolescente a été violée par son voisin. Comment peut-on en arriver là ? «C'est une épidémie silencieuse», alerte Hafid DIALMY, sociologue. Nombreuses sont les adultes, sexuellement frustrés, qui s'empennent aux mineurs. La société civile se mobilise Appels à l'application de la peine maximale, accompagnement psychothérapeutique des pédocriminels, repérage, surveillance des récidivistes et prise en charge et reconstruction psychologique des victimes de violences sexuelles… Face à la hausse de ce phénomène, les associations et acteurs de la société civile se mobilisent pour défendre les droits des enfants victimes de violences et agressions sexuelles.