La nomination des douze membres de l'Autorité nationale de régulation de l'électricité (ANRE) continue de susciter l'"étonnement" et la "colère" dans les milieux partisans. Alors que le tout premier Conseil de cette instance n'a pas encore été tenu, un bras de fer politique s'annonce déjà chaud, autour des critères de nomination des membres constituant la future direction de l'ANRE. Communiqués des partis, puis les réactions parlementaires s'enchaînent, les nominations des douze membres de l'ANRE ne font pas l'unanimité du paysage politique. Incompétences, copinage, népotisme... les expressions employées par des partis politiques pour qualifier ces désignations diffèrent, mais se mettent d'accord sur un rejet de la formation actuelle du Conseil. Un communiqué du Ministère de l'Energie précise que pour son fonctionnement, l'ANRE est composée de trois organes en l'occurrence le Conseil, le Président et le Comité de règlement des différends ». S'agissant du conseil de l'ANRE, il se compose, outre son président, de trois membres sont nommés par décret, "le premier en raison de ses compétences en matière juridique, le second en raison de ses compétences en matière financière, le troisième en raison de ses compétences dans le domaine de l'énergie." En plus de trois membres désignés par le président de la Chambre des représentants, trois autres membres sont désignés par le président de la Chambre des conseillers et choisis en raison de "leur compétence en matière juridique, économique ou dans le domaine de l'énergie." Les membres nommés et cibles de la polémique en question, Mustapha Ajjab, Ahmed El Mehdi Mezouari, Srhir Aaali. Ceux nommés par décision du président de la Chambre des conseillers sont, Ahmed Touhami, Mohammed Baddir, Khalid Hennioui. Nominations "anticonstitutionnelles", selon certains ! La réaction la plus catégorique a été formulée par le Parti de l'Authenticité et de la Modernité (PAM), qui dans un communiqué de son bureau politique, a demandé à ses trois membres nommés par Hakim Benchamas, président de la Chambre des conseillers de démissionner dans les plus brefs délais. À défaut d'une démission, des mesures seront prises à leur encontre", indique le communiqué du parti du tracteur. Le PAM qualifie également ces désignations "d'anticonstitutionnelles", appelant à une réforme du règlement intérieur de la Chambre des représentants, dans le but de limiter les compétences de son président dans les nominations au sein des institutions comme l'ANRE. "Partage du butin", pour d'autres ! "Un vrai scandale". C'est ainsi que le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a qualifié les récentes nominations au sein de l'ANRE. Les camarades de Nabil Benabdellah estiment que les présidents des deux chambres ont pris des décisions "sans consulter les partis politiques, les deux bureaux du Parlement et les présidents des groupes parlementaires", peut-on lire dans le communiqué du parti. Il s'agit, selon eux, d'un "abus flagrant et d'une grave violation des règles de la morale politique, des bonnes pratiques institutionnelles et des procédures établies". Le PPS condamne ainsi "la logique du partage du butin, le favoritisme et le clientélisme", réclamant par la même occasion "un arbitrage". Demande de réunion pour discuter avec El Malki! Dans la foulée, les membres du bureau de la Chambre des représentants ont demandé vendredi 14 août, dans une lettre adressée au président Habib Malki, la tenue d'une réunion urgente pour discuter des trois nominations décidées par le leader socialiste. Les membres du Bureau de la Chambre nient toute connaissance du sujet des nominations qui "n'ont fait l'objet d'aucune réunion". Les groupes de l'opposition ripostent Hier samedi, les Groupes parlementaires de la Chambre des représentants ont adressé un courrier à son président Habib El Malki pour exprimer leur "étonnement" et "regret" quant aux nominations au sein de l'ANRE. Selon eux, les décisions prises sont contraires à l'esprit et les dispositions de l'article interne 247 du règlement interne de la Chambre, qui insiste sur les principes de "la diversité, l'alternance, la représentativité, la spécialité, et le pluralisme" dans les nominations par le président de la Chambre. Il est à rappeler qu'à l'occasion du Conseil des ministres du 20 aout 2018, présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Abdellatif Bardach a été nommé président de l'ANRE. Concernant le Comité de règlement des différends, Essaid Saadaoui, président de chambre à la Cour de cassation, a été désigné désigné par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire en date du 5 décembre 2018, président de ce comité. Le premier conseil de l'autorité se tiendra en septembre prochain pour valider un ensemble de documents et de décisions dont notamment sa feuille de route stratégique 2021-2025.