Un groupe international de 165 personnalités, dont 92 anciens présidents et premiers ministres, se sont réunis pour exiger la création d'une "task force exécutive du G20" et la tenue immédiate d'une conférence mondiale des donateurs qui approuverait et coordonnerait un fonds de plusieurs milliards de dollars pour la lutte contre le coronavirus. Dans une lettre ouverte adressée aux leaders du G20, le groupe, qui souhaite à la fois accélérer le processus de développement d'un vaccin, de remèdes et de traitements et redynamiser l'économie mondiale, appelle à une collaboration mondiale et à un engagement de financement "bien au-delà de la capacité actuelle de nos institutions internationales existantes". Cet appel, émanant du bureau de Monsieur Gordon Brown, ancien premier ministre britannique, et signé par des personnalités de premier rang mondial, demande au G20 de considérer les financements suivants, "nécessaires au combat auquel font face les nations du monde" : - Dans l'immédiat, les chefs d'Etat et de gouvernement doivent s'engager à verser 8 milliards de dollars pour combler les lacunes les plus urgentes en matière de lutte contre la Covid-19. Cela comprend un milliard de dollars cette année pour l'Organisation Mondiale de la Santé, 3 milliards de dollars pour accélérer les recherches sur les vaccins et 2,25 milliards de dollars pour les produits thérapeutiques. - 35 milliards de dollars pour soutenir les systèmes de santé plus faibles, allant des ventilateurs aux kits de test et aux équipements de protection pour les professionnels de la santé. - 150 milliards de dollars pour les pays en développement afin de lutter contre la crise médicale et économique, d'empêcher une deuxième vague de la maladie de réapparaître dans les pays qui émergent de la première vague. Cela implique la suppression des intérêts sur les dettes des nations les plus pauvres, dont 44 milliards de dollars dus cette année par l'Afrique. il est également proposé que le FMI émette des ressources supplémentaires de 500 à 600 milliards de dollars sous forme de droits de tirage spéciaux". La lettre appelle également à la coordination des stimulus fiscaux pour éviter qu'une récession ne se transforme en dépression. "Tous les systèmes de santé, même les plus sophistiqués et les mieux financés, croulent sous les pressions du virus. Pourtant, si nous ne faisons rien alors que la maladie se propage dans les villes pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, qui disposent de peu d'équipements de dépistage, de ventilateurs et de matériel médical, et où il est difficile d'atteindre une certaine distance sociale et même de se laver les mains, la crise Covid-19 persistera et réapparaîtra pour frapper le reste du monde avec de nouvelles vagues qui prolongeront la crise", avertit le collectif. La lettre avise qu'au lieu que chaque pays, Etat ou province du pays, soit en compétition pour obtenir une part des ressources disponibles, au risque de voir les prix augmenter rapidement, "nous devrions accroître considérablement notre capacité en aidant l'OMS à coordonner la production et l'achat de matériel médical au niveau mondial, telles que les kits de test, les équipements de protection individuelle et la technologie de l'UIT pour répondre pleinement à la demande mondiale. Nous devrons également stocker et distribuer des équipements essentiels". "Selon l'OMS, près de 30% des pays ne disposent pas de plan national de préparation au COVID-19 et seulement la moitié d'entre eux disposent d'un programme national de prévention et de contrôle des infections. Les systèmes de santé des pays à faible revenu auront du mal à faire face à la situation. Même les estimations les plus optimistes de l'Imperial College de Londres suggèrent qu'il y aura 900 000 décès en Asie et 300 000 en Afrique", alertent-ils. Pour toutes ces raisons, le collectif a proposé la convocation d'une conférence mondiale des donateurs, dont la tâche serait soutenue par une task force exécutive du G20, "afin de mobiliser les ressources nécessaires pour répondre d'urgence à ces besoins sanitaires mondiaux". En ce qui concerne les perspectives économiques mondiales, le groupe propose une série de mesures et de déclarations. "Un problème économique mondial exige une réponse économique mondiale. Notre objectif devrait être d'empêcher qu'une crise de financement ne se transforme en crise de solvabilité et qu'une récession mondiale ne devienne une dépression mondiale", indique la lettre. Pour y parvenir, il est nécessaire de mettre en place des initiatives fiscales, monétaires, de banque centrale et antiprotectionnistes plus efficaces et mieux coordonnées. "Les ambitieuses mesures de relance budgétaire de certains pays gagneront en efficacité si elles sont complétées par des initiatives communes émanant de tous les pays en mesure de le faire", est-il expliqué. En conclusion, les signataires ont invité à repenser "radicalement" la santé publique mondiale et à remodeler l'architecture sanitaire et financière internationale comme solution à long terme.