Face à la propagation proportionnelle du nouveau Coronavirus au Maroc, le ministère de la Santé a décidé en concertation avec le comité technique et scientifique du programme national de prévention et du contrôle de la grippe et des infections respirations aigües, l'introduction de la chloroquine dans la prise en charge thérapeutique des cas confirmés covid-19, peut-on lire dans un circulaire du département datée du 23 mars. Ce document généralisé auprès des directeurs de CHU et des directeurs régionaux de la Santé, recommande la prescription et dispensation de la chloroquine et de l'hydroxycholoroquine pour la prise en charge thérapeutique des cas confirmés de Covid-19. Des stocks du traitement ont été mis à disposition exclusive des établissements sanitaires, avec un protocole stricte d'utilisation, soumis au suivi et au contrôle. Le 20 mars dernier, le Ministère avait affirmé que "le médicament contenant la substance active de chloroquine, présenté dans les réseaux sociaux comme efficace dans le traitement de Covid-19, fait toujours l'objet d'essais cliniques (...) au cas où le médicament contenant de la chloroquine s'avérerait efficace pour traiter le Covid-19, son utilisation serait limitée aux cas admis en hôpital et selon un protocole médical approuvé par un comité scientifique national, assure le ministère". Le gouvernement avait parallèlement acquis des laboratoires Sanofi au Maroc l'ensemble de son stock du traitement, produit et commercialisé sous les noms des médicaments de "Nivaquine" et "Plaquenil". Sonafi Maroc a annoncé dans la foulée que les médicaments précités ne font objet d'aucune activité export ajoutant que l'intégralité de son stock a été livré dès la réception de la requête du ministère de la Santé. Sauf que face à l'évolution de la propagation du virus au Royaume, notamment l'enregistrement de quatre décès liés au Coronavirus, le département de Khalid Ait Taleb n'a pas tardé à réagir en tenant, vendredi, une réunion du comité, émettant ainsi les recommandations ci-après aux établissements concernés: Comme traitement de première intention, l'association Chloroquine – Azithromycine : Chloroquine (Nivaquine) 500 mg X 2/j, pendant 10 jours, ou Sulfate d'hydroxy-chloroquine (Plaquinine) 200 mg X3/j pendant 10 jours en association avec l'Azithromycine : 500 mg à J1, puis 250 mg /jour de J2 à J7. En traitement de deuxième intention, il recommande l'association Lopinavir/Ritonavir : 400mg X 2 par jour pendant 10 jours. Il est indiqué par ailleurs que l'antibiothérapie n'est pas systématique, indiquée si surinfection bactérienne. Le comité recommande enfin la mise à disposition des tests rapides antigénique, afin de pouvoir confirmer les diagnostics plus rapidement. Ces nouveaux tests, effectués dans d'autres pays, permettent d'avoir des résultats en 30 à 60 minutes, alors ceux utilisés au Maroc dévoilent les résultats au bout de 5 heures. Les tests recommandés peuvent être utilisés par un laborantin. Une proposition de Didier Raoult Au départ, ce traitement antipaludique a été proposé par l'infectiologue français Didier Raoult pour soigner les malades, offrant de grands espoirs mais suscitant également un débat houleux au sein de la communauté scientifique et médicale en France. En proposant ce traitement, le professeur Didier Raoult, qui dirige l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille, promet la délivrance de milliers de malades du Covid-19 en France et de par le monde, sur la base de tests effectués sur seulement 24 patients mais dont les résultats sont très prometteurs. L'infectiologue, devenu célèbre ces derniers jours dans l'hexagone mais aussi à travers le monde, affirme que les trois quarts des personnes soumises à son traitement se sont remis de la maladie en six jours, alors que les plus grands laboratoires mondiaux, engagés depuis des semaines dans une course contre la montre, peinent toujours à trouver un vaccin ou un remède au virus, qui a fait jusqu'à lundi soir 860 décès sur un total de 19.856 cas confirmés uniquement en France. Les affirmations du professeur Raoult, qui nourrissent de grands espoirs pour des milliers de malades en France et ailleurs, ont toutefois suscité un tollé au sein de la communauté scientifique et médicale française, qui estime qu'un traitement ne peut être recommandé ou testé en masse que sur la base de tests cliniques à grande échelle et après les validations nécessaires des autorités sanitaires et d'organismes indépendants. Sur les chaînes de télévision, des patients ont livré leurs témoignages assurant que le traitement du professeur Raoult leur a permis de se remettre de la maladie, au moment où plusieurs spécialistes remettaient en cause les résultats et les procédés du fameux infectiologue, qui fait pourtant partie du Conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement sur les mesures à prendre pour endiguer la pandémie du Covid-19. La méthode du professeur Raoult, qui préconise le dépistage massif de la population et le traitement à la chloroquine, est critiquée par plusieurs de ses confrères qui l'accusent de ne pas respecter les protocoles voire la déontologie, alors que des études sur plusieurs molécules sont en cours pour mesurer leur efficacité sur le Covid-19. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait de son côté donné son feu vert, jeudi dernier, "pour qu'un essai plus vaste par d'autres équipes puisse être initié dans les plus brefs délais sur un plus grand nombre de patients". Dimanche, le responsable gouvernemental affirmait sur son compte Twitter avoir autorisé plusieurs tests cliniques en France dont un essai à la chloroquine sur 800 malades hospitalisés. le lundi 23 mars dans un autre tweet, le ministre soulignait qu'après avis du haut conseil de santé publique, il prenait un arrêté encadrant la prescription de l'antipaludique, qui "sera possible, au cas par cas, pour les malades graves hospitalisés et sur décision collégiale des médecins".