Le gouvernement se prépare lundi 23 mars à prolonger le confinement de la population au-delà de la date initiale de fin mars pour contrer l'épidémie de coronavirus, qui a fait au moins 674 morts en France, dont pour la première fois un médecin hospitalier. La prolongation est réclamée par le monde médical en proie au stress et qui a perdu son premier soldat dans cette "guerre" contre l'épidémie: un médecin de 67 ans à Compiègne (Oise), décédé après avoir pris en charge les premiers patients atteints du Covid-19. Le Conseil d'Etat a toutefois rejeté le scénario d'un "confinement total". Au terme d'un premier weekend de confinement, le conseil scientifique créé sur le Covid-19 doit se prononcer lundi sur ce sujet. Le gouvernement prendra alors sa décision mais un allongement paraît déjà "probable", a déclaré sa porte-parole Sibeth Ndiaye dimanche sur LCI. Autre signe indiquant cette direction: Emmanuel Macron réunira lundi à 10h00 par audioconférence "les autorités morales et religieuses" pour échanger sur "la cohésion morale du pays face à la crise", en comprenant les représentants des cultes, des francs-maçons et d'associations laïques, a indiqué l'Elysée. "Cet échange portera sur la manière dont les Français peuvent faire face et résister à cette crise qui ne fait que commencer", a expliqué l'Elysée, alors que tout laisse prévoir une forte augmentation du nombre de décès dans les jours qui viennent. Entre samedi et dimanche, 112 décès supplémentaires ont été enregistrés dans les hôpitaux, sachant que d'autres décès ont probablement eu lieu en ville ou dans les Ehpad, a annoncé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS). Le nombre de patients hospitalisés a atteint 7.240, dont 1.746 le sont en réanimation (avec environ un tiers de ces cas graves âgés entre 40 et 65 ans). "La situation va continuer de s'aggraver ces prochains jours avant que les effets d'un confinement strict ne fasse ralentir l'épidémie", a lancé le DGS, en écho aux propos du président Macron dans le Journal du dimanche: "La vague est là".
* France/Coronavirus : Renforcement des contrôles dans les gares, les départs en week-end interdits Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer n'envisage pas pour sa part un retour des élèves en classe avant le 4 mai, selon "l'évolution de l'épidémie". Le gouvernement, dont un troisième membre (Emmanuelle Wargon) a été "diagnostiquée" positive, a par ailleurs été enjoint dimanche par le Conseil d'Etat de revoir d'ici 48 heures certaines dérogations de déplacements, notamment pour motifs de santé ou pour une pratique sportive. La surveillance du confinement a donné lieu à près de 1,8 million de contrôles par les forces de police. Sur ce chiffre, un total de 91.824 infractions pour non-respect des restrictions ont été relevées depuis leur mise en place mardi, selon Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises. Conséquence de ce respect aléatoire: les sanctions ont été durcies: les 135 euros d'amende forfaitaire passeront ainsi à 1.500 euros en cas de récidive "dans les 15 jours" et "quatre violations dans les trente jours" pourront valoir "3.700 euros d'amende et six mois de prison au maximum". Sur le terrain, les couvre-feux s'étendent, de Mulhouse (Haut Rhin) à Charleville-Mézières (Ardennes) et tout le littoral des Alpes-Maritimes, en passant par Perpignan (Pyrénées-Orientales).
* Coronavirus: la Chine envoie un million de masques à la France Dans les hôpitaux, le décès du premier médecin a renforcé l'inquiétude des soignants sur la pénurie de matériel de protection. Et ce malgré l'annonce ce weekend de commandes pour plus de 250 millions de masques. Le stock actuel est de l'ordre de 86 millions d'unités, alors que les besoins sont estimés par M. Véran à "24 millions de masques par semaine". Priorité va être donnée pour la distribution de ces masques aux personnels de santé, en ville comme à l'hôpital, et aux personnes intervenant auprès des personnes âgées, selon M. Véran. Concernant l'utilisation de tests, réservés à certaines catégories de populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), le gouvernement infléchit peu à peu sa doctrine et entend pouvoir "multiplier" les tests, mais seulement au moment de "la levée du confinement". Pas de dépistage massif immédiat, comme l'a par exemple pratiqué avec un succès apparent la Corée du Sud. Car il n'y en a tout simplement pas assez de tests en France, selon le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Dans les structures hospitalières, la saturation gagne certaines régions très affectées, comme en Alsace d'où l'armée a évacué une douzaine de patients vers d'autres régions et installe à Mulhouse un hôpital de campagne, qui devrait être opérationnel en début de semaine. Quelques patients ont aussi été évacués vers l'Allemagne et la Suisse. Les médecins et personnels soignants supplient les Français de respecter les mesures de confinement. "Rester chez soi est la seule façon de fermer le robinet, en empêchant ainsi que les gens se contaminent entre eux", implorent 573 d'entre eux dans une lettre au président Emmanuel Macron dévoilée lundi par Le Parisien, demandant aussi "une communication plus explicite". Du côté des traitements, un essai clinique a été lancé dimanche dans au moins sept pays européens pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus. Il va inclure en tout 3.200 patients, dont 800 Français. Après quatre jours de débats intenses, le Parlement a adopté définitivement dimanche le projet de loi permettant l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire" de deux mois face à l'épidémie, qui encadre la restriction des libertés publiques (confinement, réquisitions...) Pour l'heure, 43% des Français seulement se déclarent confiants en ce qui concerne la façon dont le gouvernement gère la crise, selon le baromètre quotidien BVA pour Orange et Europe 1, soit 12 points de moins que lors de la première mesure, entre mercredi et jeudi. Et huit sur dix pensent que le pire est à venir.