* La région de l'Oriental marocain mettra en avant toutes les opportunités qu'offre cette région très prometteuse pour le Maroc. q Durant ce rendez-vous de France-Expo, ce sont toutes les composantes économiques de l'Oriental qui sont appelées à saisir cette occasion. * Explications avec Driss Houat, président de la CCIS d'Oujda. Finances News Hebdo : Quelles seraient les opportunités réelles qu'offrirait cette rencontre entre les décideurs français et leurs homologues marocains de l'Oriental ? Driss Houat : Il en existe plusieurs. La 1ère opportunité qu'offre cette rencontre est de vendre le savoir-faire des entreprises françaises, et donc à nous d'en profiter. La 2ème opportunité, c'est faire émerger des partenariats commerciaux et industriels entre les deux côtes. Le Maroc en général constitue un débouché presque naturel pour les produits français. En effet, en difficulté sur les marchés en forte croissance d'Asie, la France concentre ses efforts sur les zones des pays amis. Et le Maroc fait partie des «pays cibles» dans la politique du commerce extérieur du gouvernement français. Le concurrent le plus menaçant est sans doute l'Espagne, et, pour des produits à faible valeur ajoutée, les pays d'Asie, la Chine en tête. Comme autre opportunité, c'est vendre les potentialités de la région orientale, et c'est donc la mission des responsables et décideurs de l'Oriental ainsi que de la délégation d'opérateurs locaux présents à «France Expo». Un espace leur est dédié dans le hall Régions. Et étant donné que la France est le premier pourvoyeur de l'investissement étranger au Maroc, un euro sur deux investi par des promoteurs étrangers vient de France. Pourquoi ne pas en profiter pour la région orientale ? F. N. H. : La contrebande étant un phénomène difficile à éradiquer, pourrait-elle une fois encore constituer un frein aux investissements dans la région ? D. H. : Certes, la contrebande nuit à l'économie de la région orientale, je peux même qualifier nos relations économiques avec l'Algérie de «libre-échange informel», mais elle ne peut être ou devenir un frein permanent pour l'investissement. Tout d'abord, la contrebande constitue une concurrence déloyale pour quelques filières seulement. Et donc le champ est libre pour investir dans plusieurs domaines, à savoir le tourisme, les technologies de l'information, l'artisanat, l'industrie agroalimentaire, etc. Notons que la région orientale fait partie des quatre pôles phares de l'agroalimentaire retenu par le plan Emergence et qu'on peut largement se baser sur les 3 filières citées dans ce plan. On y trouve les maraîchages, les condiments, les herbes et épices et les petits fruits, la transformation des produits «bio», l'olive, l'huile d'olive et le jus d'orange. Ensuite, avec l'ouverture des frontières un jour ou l'autre, tout en précisant que la position géographique privilégiée d'Oujda, en tant que carrefour des échanges économiques, lui permettra d'être le Strasbourg de l'UMA, ce qui impose actuellement une mobilisation de tous les pouvoirs publics pour la réalisation des infrastructures nécessaires et adéquates dans le but d'affronter le flux des échanges économiques éventuels que va connaître l'Oriental (zone de logistique pour le transport international, des magasins généraux pour marchandises...), mais aussi avec en particulier l'abolition des droits de douane, il n'y aurait plus place pour la contrebande, et ce sont de nouveaux horizons qui s'ouvriront. Il s'agit de conquérir, à travers des partenariats conjoints, des marchés en Afrique et au Moyen-Orient et même des marchés traditionnels tels que l'Europe et l'Amérique du Nord. F. N. H. : L'approche du marché de l'Oriental ne pourrait se faire de manière adéquate sans un accompagnement des PME locales. Quels sont les efforts déployés par la CCIS d'Oujda dans ce sens ? D. H. : Conscients du rôle que doit jouer la Chambre de Commerce, d'Industrie et de Services d'Oujda en tant qu'animateur de l'économie locale, nous avons décidé de maintenir le cap sur l'action engagée pour aider les petites et moyennes entreprises à faire face à la concurrence accrue et relever les défis. La création d'entreprise est l'une des actions prioritaires de notre Chambre. Elle est fortement encouragée et appuyée. Nous ne cessons de sensibiliser à la nécessité d'entreprendre pour assurer le renouvellement du tissu économique local. Aussi, nous essayons de renforcer le dispositif d'aide au nouvel entrepreneur, en le suivant pas à pas, de l'idée à la création, jusqu'à l'accompagnement de sa jeune entreprise. De même, afin de débloquer le processus de croissance et de relancer l'industrialisation dans la région orientale, la Chambre uvre dans le sens d'amélioration et de renforcement des zones industrielles existantes et la création de nouvelles zones répondant aux exigences des investisseurs potentiels au même titre que la création de pépinières d'entreprises dans les provinces non bénéficiaires telles que Berkane, Nador, Figuig qui font partie de la circonscription de la Chambre. On peut citer aussi l'encouragement du secteur privé à participer à la création et à l'aménagement de parcs et zones industriels à l'instar de ce qui a été réalisé à Jorf Lasfar, l'aéroport de Nouacer et la zone franche de Tanger. Dans le même ordre d'idées, nous continuons toujours de revendiquer l'octroi à la région orientale des avantages fiscaux préférentiels encourageants, tout en tenant compte des spécificités de l'Oriental en tant que région frontalière. Nous prendrons des mesures urgentes pour faire face à la concurrence illicite (la contrebande) des produits algériens et espagnols, l'un des obstacles majeurs qui handicapent le progrès de l'Oriental et pousse la majorité des opérateurs à investir dans les autres régions du Royaume et notamment dans l'axe Casablanca-Kénitra. Parmi ces mesures: l'orientation des grands projets vers la région orientale, la création de sociétés mixtes maroco-espagnoles etc... Je tiens aussi à préciser que la CCIS d'Oujda renforce de plus en plus son appui aux entreprises désireuses d'exporter. Ainsi, elle ne cesse de revendiquer de doter le port de Béni-Nsar d'infrastructures suffisantes pour satisfaire les besoins des exportateurs et créer un guichet régional du Centre Marocain de Promotion d'Exportations (CMPE) pour mieux servir les opérateurs économiques. D'autant que la Chambre joue un rôle important dans la promotion des investissements étrangers directs et le renforcement des relations de coopération avec d'autres organismes. La CCIS d'Oujda doit continuellement adapter son offre aux services qu'attendent les entreprises de la région qui sont ses clients. Ainsi, elle s'engage à renforcer les actions information-communication-formation par l'édition d'un bulletin d'information périodique régional spécialisé dans les infos économiques, juridiques et sociales, l'organisation de séminaires et la réalisation d'études. Enfin, notons qu'au sein de notre institution, les promoteurs économiques trouvent en plus des divers services que nous offrons, un lieu de confort permettant un échange d'expériences et d'idées pour une meilleure valorisation des potentialités humaines existant dans notre région. La Chambre est le club de tous les promoteurs. F. N. H. : Quels sont les nouveaux chantiers ouverts ou attendus pour la région ? D. H. : Les multiples visites de Sa Majesté le Roi dans l'Oriental et le discours Royal historique du 18 mars 2003 expriment le grand intérêt qu'accorde Sa Majesté à l'Oriental qui a poussé à l'ouverture de grands chantiers dans cette région. Sur le plan industriel, ce sont les provinces d'Oujda et Nador qui sont les locomotives. Actuellement, un pôle de développement industriel est en cours d'étude. Il englobe notamment une zone franche logistique dans le port de Béni N'sar (intraportuaire). Devenir l'aile maritime droite du Maroc est notre objectif : il y a Tanger-Med mais aussi Med-Est ; et une zone industrielle d'exportation extra-portuaire à Béni N'sar II sur 56 hectares. N'oublions pas que l'activité agroalimentaire de Berkane et Taourirt constitue un atout pour la région orientale, surtout avec le soutien du plan Emergence. De plus, nous avons des projets de création de sept zones industrielles dans les villes de l'Oriental dans une optique de complémentarité. Sur le plan du tourisme, la province de Berkane, notamment Saïdia et la province de Figuig, formeront le pôle touristique. Un tourisme écologique dans la province de Figuig. Un aéroport sera construit à Bouarfa car la ville de Figuig constitue l'Oasis la plus proche de l'Europe. Une station touristique et balnéaire à Saïdia (sur 713 hectares) dont les travaux ont débuté en 2004 pour se terminer en 2009 avec une capacité de 15.742 lits et 110.808 lits de résidences. Sur le plan de la formation, la valorisation des ressources humaines est notre objectif. Il s'agit de préparer une main-d'uvre qualifiée et des cadres spécialisés et, dans ce cadre, nous envisageons la réalisation d'une Faculté de médecine et d'un Centre hospitalier universitaire à Oujda. Enfin, sur le plan des équipements de base, il y a divers chantiers qui sont ouverts : le projet de l'autoroute Oujda-Fès (320 km) dont les études techniques sont en cours. Le lancement des travaux sera effectif début 2007 ; le doublement de l'axe routier Oujda Nador (120 km) en cours de réalisation en tronçons jusqu'à 2008 ; la voie ferroviaire Taourirt-Nador (117 km) dont la fin des travaux est prévue pour 2007 ; et le projet d'approvisionnement des villes d'Oujda, Taourirt et Laâyoune en eau potable à partir du barrage de Mechraâ Hammadi qui sera opérationnel au cours de cette année 2006.