* En dehors des exportations, le Maroc est appelé à conquérir les investisseurs chinois qui sont très compétitifs sur le plan infrastructures et industrie. * Parmi les forces de l'Empire du Milieu, on retient une grande productivité et une discipline de travail. * La Chine terminera l'année en cours avec un taux de croissance avoisinant les 10%. * J. Kerdoudi, président de l'IMRI, fait le tour de la question à l'occasion du voyage d'une délégation économique marocaine en Chine. - Finances News Hebdo : L'Institut Marocain des Relations Internationales a organisé en septembre dernier le voyage d'une délégation économique marocaine en Chine. Pouvez-vous nous rappeler dans quel cadre s'inscrit le voyage de cette délégation à Shanghaï ? - Jawad Kerdoudi : L'IMRI, outre ses études, conférences et publications, a l'ambition de contribuer à renforcer les relations économiques du Maroc avec l'étranger, et notamment les pays émergents. C'est dans ce cadre qu'il a organisé en septembre 2010 une délégation économique marocaine à l'occasion de l'Exposition universelle de Shanghai. - FNH : Aujourd'hui, la Chine est l'une des premières puissances mondiales et se classe également parmi les pays qui ont le mieux résisté à la crise. Peut-on savoir quels sont les atouts, ou les forces, qui ont permis à l'Empire du Milieu de se prémunir contre les contagions directes de la crise internationale ? - J. K. : En effet, la Chine a été classée premier exportateur mondial en 2009, et deuxième puissance économique au premier semestre 2010 après les Etats-Unis et devant le Japon. A mon avis, les atouts de la Chine sont : une population de 1,3 milliard d'habitants, une grande productivité et discipline dans le travail, le sens de l'innovation et, enfin, les bas salaires (le salaire minimum moyen en Chine est de 120 $ par mois). A cela s'ajoute une monnaie volontairement dépréciée (le Yuan), qui permet à la Chine de développer considérablement ses exportations. Ce sont ces atouts qui lui ont permis de résister superbement à la crise économique mondiale de 2008 - 2009, plus un plan de relance pour stimuler la demande de plusieurs milliards de $. La croissance de l'économie chinoise pour l'année 2010 avoisine les 10%. - FNH : Est-ce que le déplacement de la délégation marocaine à Shanghaï s'est concrétisé par des opérations concrètes ? Si oui, lesquelles ? - J. K. : Le but de la délégation marocaine était de prendre contact avec les milieux d'affaires chinois. C'est ce qui a été concrétisé lors de la séance de travail tenue le 27 septembre 2010 avec la Chambre de Commerce et d'Industrie de Shanghai. - F.N.H. : Lors des rencontres B to B, quels sont les secteurs qui ont le plus suscité l'intérêt des opérateurs marocains et qui seront d'une grande valeur ajoutée pour l'économie marocaine ? - J. K. : Les secteurs économiques marocains qui étaient représentés par la délégation marocaine, étaient : les ouvrages métalliques, pièces détachées automobiles, matériel électrique, promotion immobilière, nouvelles technologies de l'information et produits pharmaceutiques. Des contacts ont été pris par les hommes d'affaires marocains avec leurs homologues chinois, afin de concrétiser des opérations commerciales dans l'avenir. - F.N.H. : Quelles sont les spécificités du marché chinois et qui méritent d'être prises en considération par les opérateurs marocains en vue d'augmenter le volume des exportations et, partant, contribuer à réduire le déficit chronique de notre balance commerciale ? - J. K. : Il faut dire que le marché chinois est quasiment autosuffisant pour tout ce qui concerne les produits manufacturés. La Chine est devenue «l'Atelier du monde » et propose sur le marché international des biens avec le meilleur rapport qualité-prix. Les opportunités d'exportation existent cependant pour le Maroc dans les produits miniers (fer, manganèse, zinc, cuivre), ainsi que les produits agricoles (huile d'olive, agrumes) et les argiles. Mais ce que doit rechercher surtout le Maroc, ce sont les investissements chinois qui sont très compétitifs dans les infrastructures et l'industrie, ainsi que les touristes chinois qui représentent un immense réservoir de clients pour le Maroc.