* L'inflation a été maîtrisée à 1% et le déficit à 2,2%, mais le compte courant de la balance des paiements a enregistré un déficit de 5% pour la deuxième année consécutive. * Les recettes ordinaires de l'Etat ont été revues à la baisse suite aux différents réaménagements fiscaux. * Le processus de réduction du ratio de la dette par rapport au PIB est toujours en ralentissement. Comme à l'accoutumée, Abdellatif Jouahri a présenté le rapport annuel de Bank Al-Maghrib à SM le Roi Mohammed VI. Le wali de la Banque centrale a donné un aperçu sur la situation économique, monétaire et financière du pays, les activités de la banque et ses états financiers. Il a souligné que «l'économie marocaine a pu, en 2009, réaliser des résultats satisfaisants en dépit des effets de la récession économique mondiale, et ce à la faveur de la résilience de la demande intérieure ainsi que du fonctionnement normal du marché du crédit, conjugués aux mesures prises par les pouvoirs publics». Pour ce qui est des indicateurs, le rapport de BAM met en exergue les réalisations conformes aux prévisions comme le maintien d'un rythme de croissance denviron 5% grâce à un comportement favorable de la campagne agricole, un niveau d'inflation limité à 1%, un taux de chômage inscrit dans des tendances baissières et un déficit public ne dépassant pas 2,2%. Par ailleurs, d'autres paramètres révélés par le rapport de BAM indiquent des contre-performances, notamment le compte courant de la balance des paiements qui a enregistré, pour la deuxième année consécutive, un déficit de 5% après cinq années de hausse entre 2002 et 2007. Cette situation a entraîné une contraction des réserves de change qui est passée de 11 mois d'importations à seulement 7. Jouahri a, à cet égard, affirmé que l'économie nationale a montré une certaine résistance à la crise internationale mais a par ailleurs révélé ses fragilités, notamment le déficit structurel de ses échanges commerciaux. Concernant les finances publiques, il faut souligner que l'exercice budgétaire 2009 s'est soldé par un déficit de 15,9 Mds de DH, soit 2,2% du PIB, au lieu d'un excédent de 0,4% du PIB en 2008 et 0,1% du PIB en 2007. Cette évolution est imputable à la baisse de près de 7% des recettes ordinaires consécutivement à celle des recettes fiscales, les dépenses globales ayant, quant à elles, progressé de 2,4%, tirées par l'expansion de 22,8% des dépenses d'équipement. Ces dernières ont été couvertes à hauteur de 80% par une épargne publique de plus de 38 Mds de DH ou 5,2% du PIB. Les recettes ordinaires de l'Etat ont été revues à la baisse suite aux différents réaménagements fiscaux, notamment la baisse des taux de l'IS et celle de l'IR. Après une croissance notoire des dernières années, les recettes ont connu un net repli pour descendre à 23% du PIB. Notamment en matière d'impôt sur les sociétés et d'impôt sur le revenu. En effet, les impôts directs, en régression de 12,5%, ont procuré 71,6 Mds de DH, représentant près de 42% du total des recettes fiscales, au lieu de 44% un an auparavant. En revanche, les dépenses globales du Trésor ont évolué dans une autre tendance. Elles ont atteint 206,5 Mds de DH, soit une hausse de 2,4%. Cette augmentation est attribuée à la progression des dépenses d'équipement plutôt qu'à celles de fonctionnement. Ces dernières ont atteint 121,8 Mds de DH, grimpant de 13,5%. Cet essor est lié consécutivement à la hausse de 7% de la masse salariale, qui a atteint près de 75,3 milliards ou 10,2% du PIB, suite aux revalorisations des salaires décidées dans le cadre du dialogue social et à la création nette de 10.000 nouveaux postes. De même, les dépenses au titre des autres biens et services, d'un montant de 46,6 Mds, se sont accrues de 25,7%. Les dépenses relatives à la compensation ont marqué un net repli cette année, aidé en cela par les apaisements sur les cours mondiaux des matières premières. Elles ont atteint 12,8 Mds de DH (7,9 milliards pour les produits pétroliers et 4,9 milliards pour les produits de base en 2009) contre 31,5 Mds de DH une année auparavant. Au niveau de l'endettement public, le rapport note que le processus de réduction du ratio de la dette par rapport au PIB est toujours en ralentissement, passant de 47,2% en 2008 à 46,9% en 2009. S'agissant des charges en intérêts de la dette, elles sont revenues à 17,5 milliards, en repli de 4,2%. Selon le rapport de BAM «cette situation a entraîné une baisse de 5% des intérêts sur la dette intérieure, en liaison avec le recul du coût moyen du financement du Trésor, et une quasi-stabilité des paiements au titre des intérêts sur la dette extérieure». L'année 2009 a été marquée par le retour au financement extérieur. Le Trésor a mobilisé des ressources de 14,9 Mds de DH sans compter un volume de dons de 2,8 Mds de DH provenant essentiellement de l'UE. 6,1 milliards ont servi au financement des réformes et 2,2 milliards ont été alloués aux projets sectoriels inscrits dans le budget. Le financement intérieur a connu lui aussi un certain regain, encouragé en cela par la baisse des taux. Il a atteint 7,3 Mds de DH, contre un désendettement net de 12,2 Mds de DH une année auparavant. Pour consolider la position de l'économie marocaine et la préserver des soubresauts des aléas de la conjoncture, Jouahri a mis l'accent sur « la nécessité d'accélérer les actions visant à renforcer la compétitivité des secteurs liés à la demande étrangère et à instaurer la cohérence globale des approches sectorielles tout en préservant les équilibres fondamentaux ». Le wali de Bank Al Maghrib a tenu à préciser que «la banque a veillé, durant cette année, à fournir aux banques l'ensemble des ressources financières pour permettre au secteur bancaire de financer l'économie dans les meilleures conditions». Il a précisé que «la Banque centrale a poursuivi ses actions destinées à développer la politique monétaire et à asseoir, sur une base saine et équilibrée, la relation entre les banques et leur clientèle tout en uvrant à accroître le taux d'accès aux services bancaires, notamment pour la classe moyenne et la population rurale».