* Les mesures daccompagnement de la réforme de la Loi organique ne concernent que quelques départements ministériels. * À ce jour, aucun projet de réforme de la loi organique na été présenté au Parlement. * Toute réforme doit soutenir le droit du contrôle parlementaire. * Actuellement, lexamen de la loi de règlement ne seffectue quaprès 3 ou 4 années budgétaires en moyenne, ce qui ne permet pas den juger la fiabilité. * Pour le Dr. Abdelatif Berroho, député parlementaire, évoquant lexpérience de la Cour des Comptes, cette dernière a imposé son pouvoir moral et son efficacité, même si elle accentue son contrôle sur la gestion et non pas sur le contrôle lui-même. - Finances News Hebdo : Si, dun côté, les différents départements ministériels et administrations publiques ont entrepris une série de mesures pour préparer larrivée de cette nouvelle loi, peut-on en dire autant pour le Parlement qui est appelé à jouer pleinement son rôle de contrôleur ? - Abdelatif Berroho : Dun côté, les mesures prises par le ministère des Finances ne concernent que quelques départements ministériels. Cela veut dire que la préparation na pas envisagé lentrée en vigueur de la réforme dans les deux gestions qui viennent. Le ministre des Finances a exprimé, depuis longtemps, la volonté du gouvernement de procéder à une réforme de la loi organique des finances. Mais jusqu'à ce jour, aucun projet na pu être présenté au Parlement. Dun autre coté, le Parlement peut jouer son rôle attendu, et il en a toutes les capacités. La Loi organique actuelle ne permet pas aux groupes parlementaires de travailler de façon efficace sur les projets des lois de Finances ; de ce fait, toute réforme doit impérativement soutenir le droit du contrôle parlementaire lors des discussions de la Loi de Finances ainsi quau niveau du suivi de son exécution. - F. N. H. : Quel genre dobstacles rencontrent les parlementaires pour effectuer le contrôle a posteriori ? - A. B. : On peut dire quun vrai contrôle a posteriori nexiste pa, lexamen de la Loi de règlement (résultat de lexécution de la Loi de Finances) ne seffectue quaprès 3 ou 4 années budgétaires en moyenne, ce qui ne permet pas de juger la fiabilité et lopportunité des programmes ou projets réalisés, ou même des dépenses exécutées. En plus, la Loi organique actuelle ne lie pas lélaboration des Lois de Finances avec les résultats économiques et financiers des lois précédemment exécutées, et noblige pas le gouvernement délaborer et de présenter au Parlement un rapport de performance des finances publiques pour les gestions précédentes. Dans cette situation, le parlementaire ne peut discuter que les chiffres présentés sans être capable de discuter les politiques publiques choisies et les mesures prises par le biais de la Loi de Finances en question. - F. N. H. : Lexpérience récente de la publication des rapports de la Cour des Comptes a démontré que ce sont souvent les directeurs des organismes publics contrôlés qui sont pointés du doigt. Quest-ce qui explique cette situation, sachant que dans lengagement de la dépense, plusieurs maillons de la chaîne entrent en jeu (ordonnateur, trésorier, ministre de tutelle ) - A. B. : Je veux citer en ce sens que la Cour des Comptes a vraiment imposé son pouvoir moral et son efficacité ces dernières années. Les rapports publiés ont un effet très positif dans le contexte de la moralisation de la gestion des finances publiques. Les rapports ont mis laccent sur la mauvaise gestion de plusieurs hauts responsables des administrations et des établissements publics; et il faut préciser ici que ces responsables sont les gestionnaires des fonds publics, et les comptables ne se chargent que deffectuer un contrôle formel sur les pièces et les procédures, alors que les ordonnateurs ont tout le droit dengager les dépenses, de passer les marchés publics, de les exécuter, de réaliser les projets Et cest normal de concentrer le contrôle sur les gestionnaires et non pas sur autrui. Les établissements et entreprises publics disposent dune masse énorme de fonds versés par lEtat pour réaliser de grands projets, alors que les contrôleurs financiers nont pas le droit de vérifier la matérialité de la dépense et lexécution réelle de ces projets. De ce fait, la Cour des Comptes accentue son contrôle sur la gestion et non pas sur le contrôle lui-même.