l Les décisions importantes de la nouvelle fédération seront prises à l'unanimité l Le point avec Ahmed Ouayach, nouveau président de la FIAC - Finances News Hebdo : La filière céréalière est la plus importante du secteur agricole ; pourquoi une fédération dédiée a-t-elle mis tout ce temps pour se concrétiser ? - Ahmed Ouayach : En effet, l'idée de la création de cette organisation a commencé à germer depuis une quinzaine d'années. Les secousses qu'a connues la filière au milieu des années 90, à la suite de la décision de pouvoirs publics d'ouvrir nos frontières aux importations massives des céréales, ont créé un malaise profond au sein des producteurs, un sentiment de frustration et d'abandon et, par conséquent, une méfiance envers les autres composantes de la filière céréalière. Cependant, durant les étapes de la préparation de l'ALE avec les Etats-Unis et le projet de l'Accord d'association récemment signé avec l'UE, les différents opérateurs de la filière ont fait preuve d'une grande responsabilité, ont appris à se connaître et s'apprécier et c'est de là qu'est née la mise en place d'un collectif qui a accompagné le ministère de l'Agriculture durant la préparation du Plan Maroc Vert (PMV), couronné par la signature du contrat-programme avec le gouvernement le 21 avril 2009. Il est à souligner que les différentes composantes de la filière céréalière ont participé activement à la création de la Comader. Cette confédération a, à son tour, offert un espace de concertation qui a permis de rapprocher les points de vue des opérateurs qui étaient, au départ, opposés. - F.N.H. : La FIAC regroupe des associations ou des fédérations qui ont parfois des intérêts divergents ; comment allez-vous procéder pour arriver au consensus ? - A.O. : L'adhésion spontanée de toutes les composantes de la filière au projet FIAC est, non seulement un choix, mais surtout une obligation. En effet, la création de la FIAC intervient dans le cadre du PMV. Elle est censée piloter conjointement, avec le gouvernement, le contrat-programme spécifique à la filière. Les membres de la FIAC ont compris les enjeux, et la nécessité d'uvrer collectivement pour relever le défi à savoir réhabiliter cette filière, la rendre plus rentable et compétitive. Effectivement, les intérêts sont parfois divergents, voire opposés. La période de transition qui a précédé la création de la FIAC a été bénéfique puisqu'elle a permis aux différents membres de mieux se connaître et de diagnostiquer les segments de la chaîne de valeur de la filière : semences, production, transformation, commercialisation, stockage, boulangerie, etc. Il a été convenu d'élaborer collectivement un mémorandum à présenter aux pouvoirs publics. S'agissant d'un secteur très sensible il a été également convenu que les importantes décisions seront prises à l'unanimité. Le consensus a été retenu comme mode de gestion. - F.N.H. : Quel est votre programme et quelles sont vos priorités ? - A.O. : Notre programme est la concrétisation des objectifs du contrat-programme signé avec le gouvernement. Ce programme que nous approuvons et à l'élaboration duquel nous avons activement participé, répond parfaitement à nos attentes. Le programme s'inscrit dans la durée puisqu'il s'étale sur dix ans (il prend fin en 2020 ). La restructuration profonde de la filière est un objectif partagé avec les pouvoirs publics : refonte du système actuel de gestion, notamment la farine nationale de blé tendre (FNBT), réforme graduelle des mécanismes de régulation et d'encadrement de la filière, du système actuel de compensation, de soutien au magasinage, et modalités de constitution d'un stock de sécurité stratégique et promotion des normes de qualité. Parallèlement, les producteurs sont appelés à revoir leur système de production pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs de plus en plus exigeants. Nous considérons que l'organisation des producteurs au niveau des régions et le renforcement de la filière recherche-développement sont deux axes prioritaires. Le dossier de commercialisation de la production 2010 revêt un caractère urgent.