* Dans la région de Dakhla, le foncier nest pas une contrainte à linvestissement. * Létat de sous-développement légué par lex-puissance coloniale et la situation sociale des populations rendaient indispensable lintervention des pouvoirs publics pour assurer des conditions de vie dignes aux citoyens de lensemble des provinces du Sud. * La Fédération internationale de kite surf a déclaré officiellement Dakhla comme étape pour lorganisation de ce championnat. * Point de vue de Hamid Chabar, wali de la Région dOued Eddahab-Lagouira, gouverneur de la province dOued Eddahab. - Finances News Hebdo : Il y a à peine un an et demi que vous avez été nommé wali de la région Oued Eddahab-Lagouira. Peut-on savoir quels sont les chantiers que vous avez jugés prioritaires et auxquels vous vous êtes attelés pour une région en retrait telle que celle de Dakhla ? - Hamid Chabar : Tout dabord, il y a lieu de souligner que laction menée actuellement sinscrit dans le cadre de la consolidation de ce qui a été accompli par les pouvoirs publics depuis le retour de cette région à la Mère Patrie. Cest le cas pour lensemble des provinces du sud. Les réalisations sont colossales et on peut affirmer aujourdhui, preuve à lappui, que les provinces du sud se sont développées dix fois plus vite en dix fois moins de temps. Il faut communiquer sur cela, car on ne le fait pas suffisamment. Concernant les chantiers jugés prioritaires et auxquels cette wilaya sest attelée, il y a lieu de souligner quil a dabord été procédé, en la matière, à lidentification des principales contraintes qui handicapent le développement de la ville de Dakhla qui, comme vous le savez, est une ville/région, en ce sens quelle abrite 90% de la population de la région dOued Eddahab Lagouira. Il sagit là dun constat important qui a été pris en considération dans lélaboration dune étude portant sur la mise à niveau urbaine de cette ville. Pourquoi une mise à niveau urbaine ? Parce quune ville nest pas seulement un chapelet de quartiers ponctués, ici et là, par certains équipements socio-éducatifs et quelques administrations, mais également un espace convivial. Il importe de développer lattractivité de nos villes par un agencement plus esthétique, articulé sur la création despaces de détente et danimation. Laccent a été donc mis, dans létude en question, sur un certain nombre dactions précises : créer des centralités, ouvrir la ville sur ses deux façades maritimes, réaménager les quartiers sous-équipés en permettant à la population davoir accès aux services de base, aménager des sens giratoires pour rendre la circulation plus fluide et revoir lensemble de la voirie. En un mot, la finalité étant dagencer, en lharmonisant, lensemble de lespace urbain. Ce plan, du reste ambitieux, ne pouvait sopérer quen débarrassant la ville dun grand bidonville dénommé Lahrayt, cest chose faite depuis deux mois, et de transférer une décharge, occupant 22 hectares, à lextérieur de la péninsule, cest une opération qui démarrera incessamment. Lon rappellera, à ce sujet, que la ville de Dakhla nétait, à sa récupération, en 1979, quun ensemble de casernes autour desquelles sont venus se greffer des quartiers insalubres. La ville tournait le dos à sa baie qui est sa principale richesse. Cest vous dire que lon est parti de rien. Lobjectif de lactuel plan de développement urbain (PDU) est de permettre à la population de Dakhla de sapproprier sa ville, non seulement à travers un agencement judicieux et fonctionnel du tissu urbain, mais aussi en y développant des espaces danimation qui, partant, ne manqueront pas de consacrer son attractivité. Toujours dans le cadre de ce diagnostic, il importe de rappeler que Dakhla est une ville lointaine et quil fallait, dans un premier temps, la faire connaître à la fois auprès de nos concitoyens et des étrangers. - F. N. H. : Et quavez-vous prévu dans cette perspective ? - H. Ch. : Pour ce faire, Dakhla a son propre festival qui connaît, désormais, un rayonnement international et dont la 4ème édition a eu lieu fin février 2010. Dautres activités y ont été organisées en 2009. Je citerais, à titre dexemple, le championnat international de kit-surf, organisé en septembre 2009 et qui a eu pour cadre la baie de Dakhla, qui est considérée comme le 2ème sport international des sports de glisse. Il est à préciser que cest la première fois quune étape dun tel championnat est organisée dans la région. La Fédération internationale de kite surf a déclaré officiellement Dakhla comme étape pour lorganisation dun tel championnat. Il sagit là dun acquis considérable qui va contribuer fortement à la promotion de cette région. Dautres manifestations, telles la rencontre internationale cinématographique et le semi-marathon de Dakhla sont désormais des rendez-vous annuels qui drainent de plus en plus dintérêt vers cette jeune région. Il ne suffit pas de faire connaître cette région, encore faut-il la doter de moyens de communication et de connexion avec le reste des villes du Royaume et, pourquoi pas, avec létranger. Dans ce cadre, nous avons établi une ligne aérienne avec Las Palmas et nous avons renforcé la connexion avec la ville de Casablanca. Nous sommes passés de deux à cinq vols par semaine par Boieng 737-800 et tous nos vols sont pratiquement pleins aujourdhui. Le gros des visiteurs vient de létranger à Dakhla pour pratiquer le sport de glisse. - F. N. H. : Lors de votre intervention, vous avez insisté sur limplication de lélément humain. Vous avez laissé entendre que sans cette implication tout développement économique est voué à léchec. Quels sont les moyens que vous avez mis ou que vous comptez mettre en place pour remédier à cette carence ? - H. Ch. : Il sagit dun processus culturel long et qui ne se réalise pas suite à une décision administrative. Jai parlé tout à lheure de la nécessité dimpliquer la population parce que je pars du constat que, sans son implication, toute action de développement est vouée à léchec. Je dirais que lélément culturel pourrait se révéler parfois un frein. Le développement économique a besoin des mentalités qui laccompagnent. Je dirais que la particularité des provinces du Sud cest quelles évoluent dans un cadre où lEtat intervient massivement sur le plan social. Ceci a été amplement justifié lors de la récupération de cette région. Létat de sous-développement légué par lex-puissance coloniale et la situation sociale des populations rendaient indispensable lintervention des pouvoirs publics pour assurer les conditions de vie dignes aux citoyens de lensemble des provinces du Sud. - F. N. H. : Avez-vous une idée sur le timing du désengagement étatique ? - H. Ch. : Je dirais que nous devrions poursuivre cette action pour que lensemble des citoyens simplique dans la dynamique de développement engagée actuellement. LEtat a fait beaucoup pour cette région. Comme je lai dit précédemment, la région est partie de zéro. Nous avons aujourdhui lun des aéroports flambant neuf du pays avec une aérogare dernier cri. Nous avons un port important qui contribue dune manière fondamentale à léconomie locale. Nous avons un réseau routier très important. Je vous rappelle que la colonisation espagnole na pratiquement rien laissé. Il sagit donc dun effort colossal qui a été entrepris par les pouvoirs publics. Outre cet effort, il y a lintervention de lEtat sur le plan social par de multiples mécanismes. Tout cela se traduit par un effort financier important. Le taux de pauvreté dans cette région est le plus bas au niveau national, pratiquement 2%. La pauvreté nexiste pratiquement pas. Laction de lINDH a permis de corriger cet aspect social et ce par le biais de multiples projets. LEtat ne va pas se désengager de ses obligations sociales. La logique voudrait, à ce stade de développement des provinces de Sud, que lintervention de celui-ci soit désormais ciblée et judicieusement orientée. - F. N. H. : Leau est une véritable problématique au sein de la région. Est-ce que vous ne craignez pas que ce problème impacte fortement des secteurs stratégiques sur lesquels compte Dakhla mais qui sont fortement consommateurs deau, en loccurrence le tourisme, lagriculture et lélevage ? - H. Ch. : Oui et non. Parce quon ne connaît pas encore les résultats et les conclusions de létude qui est en cours de finalisation pour pouvoir statuer dune manière définitive sur la nature de la nappe souterraine et son importance. Je précise que la ville de Dakhla est la seule ville du sud du Royaume qui est alimentée par des forages connectés à une station de traitement. Maintenant, avant de nous engager davantage dans lagriculture qui consomme beaucoup deau, il faudrait peut-être attendre les conclusions de létude pour pouvoir statuer sur la nature de la nappe. Ceci est important, je pense que la priorité devrait être donnée à lalimentation en eau potable de la population avant de songer à lagriculture. - F. N. H. : Dans le même sillage des subventions, la région bénéficie dimportantes incitations fiscales. Mais cela ne lui a pas permis pour autant de se hisser au rang de développement de certaines régions fortement imposées ? - H. Ch. : Vous savez, nous sommes au début dun processus. La région draine beaucoup dintérêts et commence à attirer beaucoup dinvestisseurs. Evidemment, avec le CRI, nous sommes en train dévaluer ces « manifestations dintérêt» et ne retenir que les projets sérieux. Parce quil y a des gens qui viennent sonder un peu sans manifester dengagement résolu. Notre système est incitatif et, en plus, nous navons pas de problème de foncier dans la mesure où le foncier relève du domaine privé de lEtat. Ceci est un avantage considérable. Il y a des projets denvergure qui vont démarrer, notamment dans le domaine du tourisme. Donc, le foncier nest pas une contrainte à linvestissement. Les gens sont conscients quil y a dabord la beauté, lattrait de la région, laccompagnement de lEtat. Donc, je pense que linvestisseur sérieux ne lésine pas quand il est déterminé à investir.