Un débat national pour parler des médias. C'est la trouvaille de six partis de la sphère politique. Si, dans la forme, l'on peut saluer une telle démarche, dans le fond, l'on se doute qu'un débat de circonstance puisse changer quelque chose dans la situation actuelle de la presse. De ce débat d'ailleurs, auquel s'est invité le ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, l'on ne retiendra qu'une chose, hormis bien entendu les déclarations d'intention. Ce sont les propos du ministre, lequel appelle «à une intransigeance face à toutes sortes de dérapages qui se produisent au nom de la liberté de la presse». C'est bien là où le bât blesse. Car au moment où les différents intervenants se soucient du devenir des médias, avec pour soubassement la mise à niveau et un meilleur accompagnement afin de soutenir le processus de modernisation du Royaume tracé par le Souverain, Naciri, lui, se focalise sur une seule chose : les sanctions à infliger à la presse face aux dérives éventuelles. Certes, liberté de presse ne s'apparente guère à libertinage, mais toujours est-il que confiner ses propos à une «intransigeance» vis-à-vis des médias, est une démarche assez réductrice qui semble être à contre-courant même du sens qu'ont voulu donner les initiateurs de cette rencontre à ce débat. Mais, et il ne faut guère s'y tromper, sa lecture est à l'image de la situation délicate que traverse la presse actuellement. Entre embastillement, amendes records, intimidations tout est fait pour museler cette presse rebelle. Celle qui ose se soustraire du mouvement des béni oui-oui. Celle qui, dans un cadre éthique et déontologique, joue convenablement son rôle d'informer vrai. Celle qui ne sert de caudataire à personne. Celle qui, simplement, participe d'une manière professionnelle au processus démocratique du Maroc moderne. Mais encore faut-il préciser, et il semble utile de le rappeler de temps à autre, que l'érection d'une société démocratique ne peut se faire sans le respect des courants d'opinion plurielle.