* Les exportations marocaines ont enregistré une croissance de 112% vers le pays du Nil, au cours du premier semestre de lannée en cours. * Les structures économiques non complémentaires des pays signataires et les règles non tarifaires sont les principales contraintes qui empêchent de doper les échanges. Près de trois ans après son entrée en vigueur, lAccord dAgadir semble ne pas donner dimpulsion pour doper les échanges entre les Etats concernés. Cet accord, entré en vigueur en 2007 et qui regroupe le Maroc, lEgypte, la Tunisie et la Jordanie, peine à simposer. La forte ressemblance des structures économiques entre ces pays et les règles non tarifaires ont handicapé la fluidité des transactions. Ces Etats ont pratiquement les mêmes partenaires étrangers, que ce soit à lexport ou à limportation et au niveau des investissements directs étrangers. LUnion européenne vient en tête avec plus de 60% de parts, suivie des Etats-Unis et de la Chine. Les économies de ces pays sont plus concurrentielles que complémentaires, surtout dans trois secteurs-phares comme le tourisme, le textile et lagriculture. A part la Jordanie avec qui le solde des échanges commerciaux est positif, pour la Tunisie et lEgypte les exportations marocaines narrivent pas à se hisser au niveau des importations. Le solde dégage un déficit chronique. Mais encore faut-il reconnaître quavec lEgypte les échanges ont connu, au cours des années 2008 et 2009, un dynamisme hors pair. Entre 2005 et 2008, les importations de ce pays ont évolué en moyenne de 31,2% alors que les exportations ont progressé en moyenne de 19%. Mais le premier semestre de lannée 2009 va connaître une véritable percée des exportations marocaines qui vont atteindre plus de 401 MDH, contre près de 189 MDH au cours de la même période de lannée dernière, soit une progression record de 112,36%. En revanche les importations suivent un rythme contraire. Elles ont atteint à fin juin 2009 1,46 Md de DH contre 1,62 Md de DH une année auparavant, soit une contre-performance de 9,95%. Avec la Tunisie, les statistiques du ministère du Commerce extérieur confirment une véritable régression. Si la période 2005-2008 a connu une croissance de plus de 20% des importations provenant de ce pays, et de 22,3% des exportations, le premier semestre de lannée 2009 marque un net recul des échanges, surtout au niveau des exportations qui ont atteint 290 MDH, contre 369 MDH une année auparavant, soit une baisse de 21,49%. Les importations à fin juin 2009 ont frôlé 1 Md de DH contre 1,098 Md de DH au cours de la même période de lannée dernière, affichant une baisse de 8,96%. Avec la Jordanie, les choses évoluent différemment. Au cours de la période 2005-2008, les importations de ce pays ont augmenté de 43% alors que les exportations ont crû de 29,67%. Au cours du premier semestre de lannée en cours, les importations nont atteint que 34,61 MDH, soit un recul de 40,39% par rapport au premier semestre de lannée 2008. Par contre, les exportations marocaines ont atteint près de 190 MDH affichant une hausse de 18,99%. «Cest difficile de booster les échanges entre les pays signataires de lAccord dAgadir, surtout dans le court et le moyen termes. Ils sont pratiquement exportateurs des mêmes produits et ont les mêmes clients », a affirmé Hassan Misk, professeur déconomie à la Faculté de Casablanca. Misk a déploré que ces pays ne soient pas assez visés par la promotion commerciale des produits marocains à travers la participation dans les salons et lorganisation de campagnes de communication. Les organismes dédiés, comme Maroc Export, sont plus focalisés sur les marchés classiques du Maroc à savoir les pays européens ». Autre fait majeur pénalisant la progression des échanges du Maroc avec les pays Quadra : le manque de diversification des produits. Les dix produits marocains les plus exportés ne sont que des produits transformés à faible valorisation et qui pèsent plus de 45% dans les exportations. Pour les phosphates et les produits de la mer, des secteurs pour lesquels le Maroc a un fort potentiel à lexport, il sest avéré que les pays Quadra sont également producteurs et exportateurs de phosphates. Alors que leur mode de consommation nest pas adepte des produits halieutiques transformés. Lun des exemples typique des limites de lAccord dAgadir concerne la Logan. Malgré le rapport qualité/prix très compétitif de cette voiture, malgré ses prouesses techniques qui lui ont permis de faire une percée dans plusieurs marchés, notamment européens, la Logan narrive pas encore à simposer dans les pays Quadra, surtout lEgypte et la Tunisie. Le premier lot de 300 voitures est déjà entré dan le pays du Nil. Les prévisions tablent sur 6.000 voitures en 2010 avant de passer à 10.000 en 2012. Mais daprès Larbi Belarbi, président de lAMICA, «il y a un fort lobby en Egypte qui soppose à limportation de la Logan. Pour simposer, cette voiture a besoin de temps, surtout que le produit présente un rapport qualité/prix très compétitif vis-à-vis de ses concurrents et que le marché égyptien est un adepte du low-cost», a-t-il souligné. Pour faciliter la percée de la Logan dans ce pays, les Egyptiens proposent, en contre-partie, leur Hyunday fabriquée localement et qui représente 45% dintégration et être de ce fait éligible à lexportation vers le Maroc. Il est à signaler que lEgypte exporte déjà vers le Royaume lautobus turc Temsa, assemblé localement. Avec la Tunisie, ce sont les normes non tarifaires qui font barrière à lentrée de la Logan. Le centre dhomologation et la douane tunisiens jugent que la motorisation de la voiture nest pas économique et, de ce fait, ne devrait pas bénéficier des dérogations fiscales et tarifaires dédiées.