* La culture de la transmission dentreprises reste marginalisée, surtout chez les dirigeants dentreprises familiales. * Des freins administratifs, juridiques et fiscaux sont une entrave à la banalisation de la transmission chez les PME. Construire lavenir sans dilater les acquis du passé», cest ainsi qua entamé Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, la présentation du premier baromètre de la transmission des entreprises au Maroc qui vient enfin dêtre rendu public. Effectivement, cet outil dont la conception a débuté fin 2008 sous légide des cabinets BDO Jiwar et C&O Marketing, en partenariat avec lANPME, se devait, dun côté, dapporter un éclairage sur la transmission des entreprises au Maroc, et dun autre, constituer une réflexion pour la mise en place de mesures facilitant son processus. Il sagissait en fait de déduire les principales difficultés rencontrées et les facteurs-clés de réussite de la transmission des PME, ainsi que les programmes d'accompagnement adéquats à mettre en place. Il témoigne donc de la prise de conscience par les officiels de la nécessité de banaliser la transmission dentreprises dans notre économie. En effet, si le tissu économique national est constitué à 90% de PME, le profil de leurs dirigeants impose moult réflexions, surtout quand on sait que la majorité dentre eux arrive à un âge où la nécessité de transmettre leurs affaires devient une question de viabilité de lentreprise. Ce baromètre a donc apporté une vue densemble sur la transmission des PME marocaines, et ce à travers une étude menée auprès dun échantillon de 120 entreprises, dont 50 familiales. Le sondage a permis de relever quil fallait, dabord, développer la communication et la sensibilisation au sujet de la transmission. En effet, 61% des dirigeants actuels des PME familiales ne pensent même pas à la reprise de leur entreprise par des tiers. Ce qui constitue un réel frein à léconomie nationale, puisque «la transmission est un instrument pour relever la compétitivité des entreprises marocaines», confie A.R. Chami. Et pourtant, ce ne sont pas les repreneurs potentiels qui manquent, puisque 31% des chefs dentreprise sondés avouent quils ont été approchés pour le rachat de leurs affaires. Mais la quasi majorité de ces derniers préfère, au cas où ils devaient céder leurs sociétés, le faire dans le cadre dune transmission familiale afin «dassurer lavenir de leur progéniture». Cependant, labsence dune culture de transmission de lentreprise chez les dirigeants nest pas le seul problème qui menace la viabilité des PME. En effet, selon le sondage, la principale difficulté que citent les dirigeants actuels des PME réside dans la lourdeur des démarches juridiques et administratives. «6 dirigeants sur 10 citent ce volet spontanément et 50% en font leur principale préoccupation», mentionne le rapport du baromètre. Même le Benchmark réalisée sur des pays de la Méditerranée, et le sondage auprès dexperts internationaux font ressortir le même constat, et ce bien que le Maroc dispose dun fort marché potentiel dentreprises transmissibles. Dans ce sens, lANPME annonce mettre à disposition du législateur ses recommandations afin de mettre en place des textes de loi spécialement dédiés à la transmission des entreprises dans le but de simplifier les procédures et moderniser le cadre législatif. Par ailleurs, la fiscalité appliquée actuellement nest pas non plus indifférente à la situation actuelle. Effectivement, dans la plupart des pays sondés, lon retrouve des mesures fiscales favorables, alors quau Maroc cest loin dêtre le cas, dautant plus que le nouveau projet de Loi de Finances 2010 ne fait que compliquer la donne, avec notamment une taxation sévère des plus-values sur cession. Mais en réponse à cette problématique, le ministre de lIndustrie et du Commerce indique que son rôle se limite «à faire des recommandations dans ce sens au ministère des Finances afin dy remédier, sans pour autant omettre que lélan souhaité à la transmission des entreprises dépasse une démarche court-termiste». En dautres termes, il ne faut pas trop sattendre à une amélioration des conditions fiscales dans la prochaine Loi de Finances. Néanmoins, limplication du ministère des Finances dans lélaboration du baromètre sur la transmission des entreprises au Maroc pourrait y contribuer dans lavenir. Cest du moins ce quespèrent les professionnels. En attendant, létude de lANPME propose dopter pour que les charges dintérêts sur le financement de la reprise soient déductibles de limpôt sur le revenu de lacquéreur. Aussi, il serait utile doctroyer un dégrèvement fiscal sur les transactions de transmission dentreprises à hauteur de 10% du montant de la transaction, et de reconduire lexonération fiscale sur lIS dans le cas des cessions par introduction en Bourse.