* Depuis la première baisse de la réserve monétaire, la Banque centrale a injecté plus de 20 Mds de DH de liquidités dans le marché bancaire. * Le gouverneur de BAM insiste sur laccélération des réformes en cours afin dêtre prêt pour la reprise économique. - Finances News Hebdo : Dans un contexte de crise, y a-t-il une aggravation des créances en souffrance dans le secteur bancaire ? - Abdellatif Jouahri : Il ny a pas daggravation des créances en souffrance dans le secteur bancaire. Avec limpact de la crise sur certains secteurs de léconomie nationale, on aurait pu imaginer quil y aurait une aggravation mais, globalement non. Il y a certes certains secteurs où nous avons ressenti une augmentation des impayés, mais il y en a aussi dautres où la situation est nettement meilleure. De ce côté-là, je suis tranquille, mais je reste tout de même prudent jusquà la fin de lannée. Cela dit, cet indice reste très révélateur parce que les créances en souffrance donnent une idée sur limpact de la crise sur les crédits bancaires. Cette crise aura certainement un impact sur les avoirs extérieurs du Maroc. Là aussi nous avons bénéficié des mesures de soutien établies sur le plan international. Le Fonds monétaire a accordé une allocation de DTS générale et spéciale et le Maroc en a, bien sûr, profité en recevant 600 millions de DTS en septembre et qui sont venus renforcer la situation des avoirs extérieurs de la Banque centrale. Cependant, cest le moment où jamais daccélérer les réformes de structure, sur le plan de la productivité des entreprises, particulièrement celles tournées vers lexportation et le tourisme. Cest aussi le moment daccélérer les mesures au niveau des MRE. Dailleurs, nous en avons parlé lors du rapport de BAM présenté à Sa Majesté. Il est vrai que le gouvernement a fait beaucoup defforts. Avec létablissement notamment de feuilles de route, nous avons eu droit à une évaluation des réformes de léducation nationale. Et il y a eu Emergence 2 pour améliorer la productivité des entreprises Mais il faut accélérer tout cela, car on commence à parler dune reprise en 2010 ou 2011, ce qui ne nous laisse pas suffisamment de temps. Cest pourquoi jinsiste sur laccélération de lapplication des réformes. - F.N.H. : Comment commentez-vous cette nouvelle baisse du taux de la réserve monétaire ? - A. J. : Comme vous le savez, la situation de liquidité dans le secteur bancaire est négative depuis un bon moment. Dans ce sens, Bank Al-Maghrib sengage à injecter autant de liquidité nécessaire aux banques; dailleurs, nous sommes passés dune moyenne de 13 Mds de DH par semaine à plus de 22 Mds de DH. Mais ces interventions se devaient dêtre accompagnées dune baisse du taux de la réserve monétaire afin de reverser aux banques leurs réserves disponibles chez la Banque centrale pour quelles puissent participer à lamélioration de la situation de liquidité actuelle. Tout ceci est fait pour que le secteur continue à répondre aux besoins des entreprises et de léconomie marocaine en général. - F.N.H. : Pensez-vous quavec un taux de 8%, la réserve monétaire remplit toujours son rôle de couverture de lépargne de la clientèle ? - A. J. : Non, au contraire ! La réserve monétaire nest pas une couverture de lépargne. Quand le Maroc est passé aux instruments de marché dans les années 90, cétait un instrument administratif dont le taux était jugé exorbitant par les organisations internationales. Cest aussi un outil de politique monétaire puisquelle permet de pomper la liquidité à travers les réserves obligatoires. Cest dailleurs ce quon a fait à un moment donné quand le taux était de 16,5%. Maintenant que nous avons un déficit structurel de liquidité bancaire, nous avons dégagé cet instrument à trois reprises, le faisant passer de 15 à 8%. Ce qui nous a permis daccorder aux banques entre 18 et 20 Mds de DH.