* Dans ce contexte de crise, les chefs dentreprises jugent insuffisantes les mesures prises par les pouvoirs publics pour contrecarrer limpact de la crise internationale. * Le patronat et le ministre des Finances ne voient pas du même il les perspectives de croissance et encore moins leffet de la crise sur lactivité nationale. Les propos sans cesse rassurants de S. Mezouar sur limpact limité de la crise internationale sur le tissu productif ne semblent pas tenir pour longtemps. Dans le sillage du suivi régulier de lactivité économique, le Centre Marocain de Conjoncture a réalisé une seconde enquête auprès du patronat en vue de tirer au clair les attitudes des opérateurs économiques face à la turbulence internationale et ses conséquences sur le tissu national. Cette enquête a également pour leitmotiv de recueillir les opinions des opérateurs quant à la pertinence des stratégies adoptées et aux mesures prises par les pouvoirs publics pour atténuer les effets de la crise. Les conjoncturistes partent du principe selon lequel léconomie nationale ne pourra pas échapper au tassement de la conjoncture. Les entreprises marocaines, en particulier celles tournées exclusivement vers les exportations, souffriront sans aucun doute du recul des commandes, du resserrement concomitant de la production et donc de la baisse de la croissance quelle engendre. Comment cette crise est-elle ressentie et quelle appréciation portent-ils sur son évolution dans les mois à venir et comment comptent-ils y faire face ? En effet, suivant la démarche dinvestigation et de recherche de linformation directement auprès des opérateurs, le Centre Marocain de Conjoncture avait effectué une première enquête sur les effets de la crise au début de lannée qui a déjà révélé lexistence dune menace certaine pour certains secteurs dactivité comme le textile, lautomobile et les industries connexes. Même si le profil de croissance en 2009 devrait se maintenir à un rythme global assez soutenu grâce aux performances exceptionnelles du secteur primaire, de sérieuses inquiétudes persistent quant à lévolution dans les mois à venir de la plupart des activités industrielles, commerciales et de services. Cest dans ce contexte empreint dincertitudes quun dispositif de veille a été mis en place par les pouvoirs publics pour évaluer les répercussions de la crise sur les secteurs potentiellement les plus exposés et prendre les mesures appropriées pour amortir ses effets. Laccès au crédit pointé du doigt Selon les analystes du Centre Marocain de Conjoncture, le premier enseignement qui ressort de cette investigation statistique est que les effets de la crise se sont amplifiés depuis le début de lannée avec la détérioration des activités dans les principaux secteurs de production. Plus du quart des opérateurs enquêtés estime que leur niveau de production sest réduit dau moins 20 % depuis le déclenchement de la crise, contre 19 % qui déclarent une perte de production se situant entre 10 et 20 % durant la même période. La grande majorité des opérateurs interrogés (plus de 80 %) attribue la grande détérioration de la situation de leurs entreprises à la crise de léconomie mondiale. La baisse de la demande adressée aux entreprises constitue pour 57 % des opinions recueillies, la principale cause de la dégradation de la conjoncture économique. Des facteurs comme la baisse des prix des produits, lassèchement de la trésorerie des entreprises et les difficultés daccès au crédit sont aussi cités comme éléments ayant contribué à amplifier les répercussions de la crise. Pour contrecarrer les effets, les entreprises ont eu recours à plusieurs méthodes. 35 % des entreprises interrogées ont privilégié la réduction des coûts de production, 25 % ont opté pour les facilités de crédit pour la clientèle et 14 % ont préféré lancer de nouveaux produits pour faire face au tassement de la demande. Elles estiment, dans leur grande majorité, que la crise nest pas passagère et quelle risque de durer au-delà de 2010. Sagissant des prévisions pour la fin de lexercice en cours, les activités de production seront en nette baisse pour près de 42 % des opérateurs interrogés contre 36 % qui sattendent à une faible amélioration. Les pronostics de croissance pour léconomie nationale sont aussi assez contrastés. Les chefs dentreprise estiment, dans une proportion avoisinant 30 %, que le rythme de croissance baisserait en 2009 contre 54 % pour une faible augmentation. Lannée 2010 devrait observer, pour près de 40 % des opérateurs interrogés, la même tendance quen 2009 avec la persistance des difficultés au plan de la demande externe. Les facteurs dinquiétude les plus évoqués à ce propos sont, pour 50% des réponses, la morosité de la conjoncture internationale, pour 19 % de réponses le faible soutien de lEtat dans ce contexte difficile, et pour 7 % les difficultés daccès au crédit. On remarque in fine que les mesures mises en place dans le cadre du plan durgence ne semblent pas pour autant satisfaire les chefs dentreprises.