* La crise qui sévit actuellement rend difficile la réalisation des projets prévus par lUnion pour la Méditérrannée. - Finances News Hebdo : Lancée le 13 juillet 2008, lUnion pour la Méditerranée a cristallisé les attentes. Quels progrès ont été réalisés depuis juillet 2008 ? - Jawad Kerdoudi : Le lancement de lUnion pour la Méditerranée (UPM) le 13 juillet 2008 a fait naître beaucoup despoirs. Cette Union na pas été réalisée sans difficultés, du fait des réticences de lAllemagne et du peu dempressement de certains pays du sud de la Méditerranée. Constituée de 43 pays, cette construction se veut être une Union de projets : dépollution de la Méditerranée, autoroutes maritimes et terrestres, protection civile, plan solaire, université méditerranéenne. Malheureusement, à ce jour, aucun projet na été concrétisé du fait du gel de lUnion depuis lagression israélienne sur Gaza en décembre 2008 et janvier 2009. La Conférence euro-méditerranéenne des 3 et 4 novembre 2008 à Marseille a, certes, fixé le siège de lUnion à Barcelone, mais le Secrétaire Général de lUnion nest pas encore désigné à ce jour. - F.N.H. : La survenance de la crise économique et financière ne risque-t-elle pas den retarder le bilan et ce un an après son institution ? - J. K. : Outre les problèmes administratifs et politiques dont jai déjà parlé, la crise financière et économique actuelle rend encore plus difficile la réalisation des projets prévus par lUnion pour la Méditerranée, car la priorité pour les pays du Nord de la Méditerranée est avant tout de relancer léconomie dans leur propre pays. Quant aux bailleurs de fonds internationaux, ils ne peuvent se manifester que pour financer des projets précis, bien étudiés, et dont la rentabilité est effective, ce qui nest pas le cas actuellement. - F.N.H. : La reprise du conflit israélo-palestinien a alimenté le scepticisme de nombreux observateurs. Quen pensez-vous ? - J. K. : En effet, le conflit israélo-palestinien paralyse lUPM, surtout avec le nouveau gouvernement israélien dirigé par Netanyahou, qui refuse toute concession pour la création effective dun Etat palestinien. En effet, lors de son discours du 14 juin 2009, Netanyahou a exigé un Etat palestinien démilitarisé, sans aucune possibilité de retour des réfugiés palestiniens, la poursuite des colonisations israéliennes et lindivisibilité de Jérusalem. - F.N.H. : Quelles sont les prochaines étapes ? - J. K. : Je ne vous cache pas que je suis sceptique pour les prochaines étapes. Le seul espoir est que le Président Obama exerce une pression vigoureuse sur Israël pour lamener à la table des négociations avec les Palestiniens sur des positions moins rigides. Si des progrès tangibles ne sont pas réalisés dans la résolution du conflit israélo-arabe, je ne vois pas comment Arabes et Israéliens pourraient travailler ensemble pour la réalisation des projets convenus. - F.N.H. : Quelle est la position du Maroc vis-à-vis de lUnion pour la Méditerranée ? - J. K. : Le Maroc a soutenu la création de lUPM depuis lorigine. Cest à Tanger en effet, le 23 octobre 2007, que le Président Sarkozy avait défini les grandes lignes de lUPM. Sur le plan concret, le Maroc a obtenu la création dune filiale de lUniversité euro-méditerranéenne à Fès. Notre pays se trouve, dautre part, dans une situation confortable. Nous avons obtenu de la part de lUnion européenne le «Statut Avancé» qui nous permet de développer, sur le plan bilatéral, nos relations avec lUnion européenne en attendant que les grands projets de lUPM voient le jour.