* Par rapport à lIDE mondial, la part du Maghreb na pas connu une modification notable. * Le commerce intramaghrébin demeure faible par rapport aux échanges des pays de lUMA avec lUnion européenne. * La réussite du prochain forum à Alger serait dun grand apport pour la région dans ce contexte de crise. Le premier forum des hommes daffaires maghrébins se tiendra à Alger, les 11 et 12 mai prochain. 700 hommes daffaires des cinq pays de la région sont attendus à cette rencontre. Ce forum se veut un moment fort pour promouvoir lintégration économique dans la région et les relations de partenariat entre les opérateurs économiques. Le vice-président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), R. Arezki, a fait savoir lors dun point de presse organisé le 7 avril par la CGEM, que ce forum ne manquera pas dactiver les échanges, les investissements et les instruments de coopération entre les pays du Maghreb. Cette rencontre sera également une opportunité pour les hommes daffaires de procéder à un échange dexpériences. «Il faut multiplier les rendez-vous de ce genre car il y a du travail à faire», renchérit pour sa part le président de la CGEM, My Hafid Elalamy. «On se doit dassocier les forces et les potentialités et dexploiter avec efficience les complémentarités pour renforcer la région», a-t-il soutenu, ajoutant que «le Maghreb est devenu actuellement plus quun choix, une nécessité». Nécessité est le moins que lon puisse dire dans un contexte morose marqué par une crise sévère et qui a mis a nu plusieurs économies du monde. Des potentialités inexploitées En effet, les potentialités dont dispose la région sont grandes alors que les échanges intermaghrébins restent très faibles (2,9% de lensemble). Comparativement aux autres regroupements régionaux, les échanges intra maghrébins ne sont pas suffisamment développés et demeurent encore marginaux. En 2006, le commerce intra maghrébin demeurait faible par rapport aux échanges des pays de lUMA avec lUnion européenne. Et en moyenne, les pays de la région exportaient près de 51 fois plus vers lUnion européenne que vers le Maghreb. «En 2007, les échanges commerciaux entre le Maroc et les quatre pays de lUMA ont totalisé un montant de 8,9 Mds de DH», apprend-on dans une étude publiée récemment par la DEPF. La structure sectorielle des échanges entre les pays maghrébins est essentiellement dominée par les produits énergétiques dont la part sest accrue de 31,9% en 1990 à 45,5% en 2006. Toutefois, la part des secteurs dactivité (matériaux de construction, produits mécaniques-électriques, textile ) pour lesquels le Maroc et la Tunisie disposent traditionnellement dun avantage comparatif certain, a tendance à se replier. Tout ceci laisse prédire que les potentialités de la région seraient importantes. A noter également que lexamen de la structure sectorielle des échanges maghrébins indique quils sont essentiellement unilatéraux. Cette situation laisse penser que les pays maghrébins pourraient développer leurs échanges directs qui sont en partie complémentaires. Daprès la même étude, les flux dIDE à destination des pays du Maghreb ont fortement progressé durant la dernière décennie, passant de 1,9 milliard de dollars en 2000 à 9,7 milliards de dollars en 2006. Cette évolution est liée, en grande partie, au niveau record de 3,3 milliards de dollars quont atteint les IDE en Tunisie, suivie du Maroc avec 2,9 milliards de dollars et lAlgérie avec 1,7 milliard de dollars durant lannée 2006. Toutefois, par rapport à lIDE mondial, la part du Maghreb na pas connu une modification notable. Elle est passée de 0,3% à 1,6% seulement durant la même période. La distribution des IDE reçus par les pays du Maghreb durant la période 2000-2006 montre la prédominance des flux dIDE au Maroc, en raison de lessor important du processus de privatisation et de la conversion de la dette extérieure en investissements. En revanche, le retard pris dans le processus de privatisation, conjugué à la lenteur des réformes économiques et institutionnelles, expliquent la faiblesse des investissements étrangers en Mauritanie et en Libye. Hormis le Maroc et, dans une moindre mesure, la Tunisie, les facteurs qui handicapent lattractivité des IDE des pays maghrébins peuvent être regroupés en trois grandes composantes. La première est dordre institutionnel et a trait à lenvironnement des affaires, généralement caractérisé par la lourdeur administrative et par la déficience des institutions nationales, en particulier, de lappareil légal et judiciaire et le faible niveau de développement des infrastructures. La seconde contrainte est dordre économique et financier : telle que la croissance économique, qui est globalement en dessous des performances moyennes de lensemble des pays en voie de développement en raison, principalement, de la sécheresse endémique et de linstabilité politique et sociale affectant certains pays de la région. De plus, la petite taille des marchés maghrébins, ainsi que labsence dune intégration régionale entre ces pays, pèsent également sur lattractivité des IDE. Ces évolutions témoignent dune sous-exploitation du potentiel de développement des échanges au niveau de la région maghrébine. Or, dans une perspective dynamique douverture des marchés et de développement des infrastructures, des spécialisations plus fines apparaîtront et permettront des rendements croissants et le développement déchanges de produits différenciés. En effet, la confrontation de structures productives semblables pousse à une dynamique concurrentielle fondée sur la modification des structures de marché, la mise en uvre de rendements croissants et de spécialisations moins massives fondées sur la qualité et linnovation technologique. Les chiffres dévoilés ci-dessus mettent en exergue la fragilité de la région qui na que trop duré à un moment où les blocs régionaux se développent. La crise qui règne aujourdhui sur le plan international se veut un signal pour les pays du Maghreb duvrer ensemble, dexploiter les complémentarités en vue de construire un bloc régional unifié à même de relever les défis et de pouvoir sortir des sentiers battus.