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Abellatif Jouahri : El Gobernador
Publié dans Finances news le 18 - 12 - 2008

* Il est à la tête de la Banque centrale depuis mars 2003.
* Fin financier, il mène avec poigne la conduite de la politique monétaire.
L’homme se résume en seul mot : un financier aguerri, rompu aux rouages du métier. Il l’a prouvé depuis qu’il est à la tête de Bank Al-Maghrib, non sans avoir auparavant fait ses preuves à la CIMR, mais aussi en tant que ministre des Finances au milieu des années 80.
Jouahri est un homme de consensus. Et de poigne. De cette poigne qui a le pouvoir d’irriter certains banquiers «rebelles» et ne tolère guère l’anarchie dans le rang de ses «ouailles».
Il force surtout le respect à cause de son franc-parler. Et assume pleinement ce qu’il dit, au risque de heurter certaines sensibilités. Cette franchise et la transparence qu’il cultive depuis qu’il est arrivé à la tête de l’établissement, il les décline à travers la conduite de la politique monétaire. Avec un seul leitmotiv : la stabilité des prix et la lutte contre l’inflation. En cela, il a su se distinguer «courageusement» en relevant d’un quart de point son taux directeur à 3,5%. Une première dans les annales de l’économie marocaine, puisque jamais gouverneur de Bank Al-Maghrib n’a eu le courage de prendre une telle décision. Et ce depuis l’indépendance du Royaume !
Bien entendu, on n’a pas tardé à entendre les cris d’orfraie. D’aucuns laissant entendre que le relèvement du taux directeur de 25 points de base va faire beaucoup plus de mal à l’économie que de bien et qu’il s’inscrit en porte-à-faux avec les intérêts du gouvernement qui table sur des taux de croissance assez ambitieux pour les années à venir. Mais Jouahri reste impassible. Et ne s’émeut guère de ces appréciations, continuant à plaider pour une cohérence et une convergence entre la politique monétaire, la politique budgétaire et le régime des changes.
Par ailleurs, sous sa houlette, l’Institut d’émission peut, aujourd’hui, se prévaloir d’être indépendant. Une indépendance qui se ressent d’ores et déjà au niveau du Conseil de la banque au sein duquel ne siègent plus de représentants publics, hormis le directeur du Trésor. Et sa présence se justifie uniquement par le souci de maintenir le dialogue et la concertation, d’autant plus qu’il ne dispose pas d’un droit de vote en ce qui concerne notamment la conduite de la politique monétaire.
Aujourd’hui, après un peu plus de cinq ans à la tête de la Banque Centrale, El gobernador fait manifestement l’unanimité. Digne épigone de M’hamed Seqat, il a entrepris de poursuivre le processus d’assainissement et de modernisation du système bancaire, sur les traces des réformes financières initiées dès 1993.
Son successeur aura, vraisemblablement, du pain sur la planche.


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