Cette semaine encore (une fois nest pas coutume), petite digression dans le monde de la Bourse. Au risque même de paraître itératif. Vous excuserez donc mon obstination, mais vous vous doutez certainement que ma plume braillarde ne fait que se laisser guider par lactualité du moment. Celle à lorigine de laquelle on trouve un homme de stature : largentier du Royaume. Le «grand» Mezouar vient, en effet, dinitier un «grand» plan de relance du marché boursier. Auquel ont souscrit les observateurs avertis et qui a suscité lintérêt de la communauté financière. Un plan qui a également titillé mes neurones en ébullition depuis lentame de cette affaire de flux dinformations (dé)voilés (et qui ne devaient pas lêtre) qui a eu pour corollaire (logique, selon le Conseil dAdministration du CDVM) léviction de tout un Directoire. Dont les trois membres, auxquels on a imputé la paternité de cette rocambolesque histoire, ont été balancés sur le marché de lemploi avec une décote pour le moins impressionnante. Mes frères subsahariens ont une expression consacrée, à cet effet : «on les a vendus moins cher». Pendant que ceux qui étaient chargés d«épier» leurs faits et gestes ont été les impétrants dune immunité à faire pâlir denvie les diplomates les plus chevronnés. Néanmoins, je me sens pour le moins obligé de le confesser, le «grand» Mezouar a eu du courage. Le courage de bien secouer cette ruche des abeilles butineuses, histoire de mettre de lordre dans le rang de ces «ouvriers» assez singuliers. Sauf que la reine ne sen est guère émue. Ou, du moins, sest-elle un peu braquée contre cette intrusion pourtant attendue et inévitable : la Bourse sest ainsi davantage enfoncée dans le rouge, les deux principaux indices, le Masi et le Madex, perdant respectivement 0,48 et 0,54% à la séance du 5 décembre. Reste donc à savoir si la ruche de Mezouar produira du miel. Du bon surtout. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Jai pourtant envie dy croire. Mais ma concupiscence bute sur lépais rideau de lhistoire du marché boursier fait dannonces chocs et de réformes cosmétiques dont seuls ont tiré profit les gens chics. Elle bute aussi sur nombre de réflexions suscitées par les mesures du chef dorchestre de la réforme. Trois dentre elles ont crispé mes méninges : - Dabord, la transformation statutaire de la Bourse de Casablanca, avec notamment une Direction générale et un Conseil dAdministration : cela suffira-t-il à instaurer la bonne gouvernance au sein de la tour de verre ? On lespère. Même si, malgré une mémoire qui suse avec le temps, on ne peut enterrer dans la trappe de lhistoire financière du Maroc les Conseils dAdministration bâtards qui ont cautionné, par leur laxisme, les débâcles (financières) de certains établissements publics il y a quelques années de cela. Cest dire, quà ce niveau, lapproche ne doit guère être partielle : il faudra un CA composite au sein duquel siègeront des administrateurs compétents et actifs qui ne seront pas mus par lappât des jetons de présence. - Ensuite, le renforcement de lindépendance du CDVM dans ses prérogatives en matière de contrôle du marché des capitaux : cest dit; le Sherlock Holmes du marché financier nétait pas suffisamment indépendant pour fouiner dans la corbeille. Quand bien même il le devient entièrement, ne sera-t-il pas privé de sa loupe dès lors que sa mission de contrôle concernera ces «établissements dinfluence», dirigés par des «hommes dinfluence», qui opèrent sur le marché ? Cest à voir. - Enfin, ladoption dune vision globale et cohérente pour développer lépargne longue : voilà «la mobilisation et le développement de lépargne» sortis de leur sarcophage pour la circonstance. Cela pour dire que cest du déjà entendu. Depuis très longtemps dailleurs. Peut-être que, cette fois-ci, ce sera mieux quune clause de style. Le temps est meilleur juge. Attendons ! Voilà donc un extrait de la «potion magique» distillée par le grand Mezouar pour combler la vacuité réglementaire et organisationnelle dune Bourse dont se réjouissaient fort bien les délinquants financiers. Il reste à espérer que ce ne sera point un nouvel attrape-nigaud tragi-comique. Le débat est, pour ainsi dire, loin dêtre tranché.