* Lassurance crédit immobilier est le plus souvent truffée de pièges. * Depuis quelques années, lassuré nest plus autorisé à choisir la compagnie qui assurera son prêt parce que la demande est souvent refusée par létablissement prêteur. * En signant le contrat dassurance, le client ne prend pas connaissance des clauses quil contient. * En cas de survenance de sinistre, la compagnie dassurance peut refuser de rembourser tout en présentant un argumentaire solide. La signature dun crédit immobilier saccompagne généralement dune assurance décès-invalidité-incapacité de travail. Cette assurance a pour objectif de pallier les coups durs de la vie et de protéger et lassuré et sa famille. En cas de pépin, la compagnie dassurance est censée prendre en charge la quasi-totalité des remboursements du crédit immobilier à la banque. Lassurance crédit immobilier nest pas obligatoire légalement, mais cela nempêche pas les banques de refuser systématiquement un prêt au moment où lemprunteur ne souscrit pas à une assurance prêt. Cette dernière, comme son nom lindique, couvre trois cas : le décès, linvalidité permanente et absolue et lincapacité temporaire de travail. Depuis quelques années, lassuré nest plus autorisé à choisir la compagnie qui assurera son prêt parce que la demande est souvent refusée par létablissement prêteur. Pourquoi ? Tout simplement parce quun contrat souscrit ailleurs est difficilement gérable et vérifiable, et surtout parce que la banque prêteuse ne touche pas sa commission, si la compagnie est choisie par lassuré. Bien que les banques ne veuillent pas lavouer, cette tendance ne fait que se renforcer avec la nouvelle configuration du microcosme financier marqué par la valse des fusions-acquisitions. Selon une source bancaire, «lemprunteur est informé que le crédit immobilier est automatiquement adossé à une assurance Vie et quil est libre de la payer ou de lassocier au montant du crédit. Et quant cest notre établissement qui finance lassurance Vie, la prime augmente parce quelle englobe les commissions de la banque et de la compagnie. Par contre, si cette prime est prélevée directement sur le compte du client, la prime revient moins cher». Aussi, les critères de suivi médical varient dun établissement à lautre. «Au-delà de 600.000 DH, lemprunteur est assujetti à la visite médicale chez un médecin accrédité par lassureur. En général, cest un cardiologue qui évalue son état de santé. Les résultats de la visite médicale avec les remarques du praticien son envoyés à lassureur qui fixera la prime», explique la même source bancaire. Par contre, pour les prêts immobiliers dun seuil de moins de 600. 000 DH, lemprunteur est soumis à un questionnaire au terme duquel lassureur évalue le pourcentage de la prime. Toutefois, il est à signaler que la détermination du seuil reste de lapanage du chef dagence. Hormis le montant du prêt, lâge constitue également un point très important dans la détermination de la prime parce quà moins de 40 ans, la consultation est quelque peu générique. Mais au-delà, lemprunteur est soumis au test de leffort physique et à une batterie danalyses. Ainsi, les coûts dassurance varient dune compagnie à lautre. Les vices cachés du contrat Le problème est que dans la majorité des cas et au moment de la survenance dun sinistre, lassureur refuse de payer pour des raisons qui, il faut lavouer, sont souvent valables. Et dans de pareils cas, le contrat dassurance censé protéger lassuré en cas dincapacité de travail ou ses héritiers en cas de décès, ne sert absolument à rien. Selon les professionnels, ce type dassurance est celui qui rencontre le plus de litiges et pour de multiples raisons. A titre dexemple, la définition de lincapacité de travail est très souvent imprécise et variable dun contrat à lautre. Aussi, le plus souvent, lassuré ne lit pas le contrat et par conséquent se trouve dans lincapacité de se défendre. Il na pas connaissance des différentes clauses du contrat. Il existe des maladies qui ne sont pas couvertes, telles que les lombagies, la sciatique... mais qui demeurent ignorées par le client. Se situant dans une position de force, létablissement de crédit fait signer au client les documents quil souhaite, ce dernier ne se souciant que de pouvoir bénéficier du crédit et sacheter la maison de ses rêves. Et la banque, en tant que détaillant de largent, na quune seule visée : loctroi du crédit. Pis encore, le client répond au questionnaire médicale qui lui est soumis sans aucun contrôle parce que, selon les dires de son banquier, ce sont là juste des formalités. Mais en cas de sinistre, ces réponses se retournent contre lui. Interrogée à cet égard, notre source bancaire estime que le client est appelé à répondre correctement aux questions parce que le médecin accrédité ne peut savoir si, par exemple, son père avait le diabète ou pas. Toutefois, en cas de malheur, la compagnie dassurance déploie toutes ses armes pour vérifier la moindre information et, par ricochet, pour refuser tout remboursement. «Il est important que le client garde bien les originaux de son contrat pour que ses héritiers puissent constituer un dossier fiable et que la banque, en tant que seul interlocuteur du client, envoie avec le certificat de décès à lemprunteur». «Mais si le client ne déclare pas les maladies héréditaires, ce dernier se fait avoir parce que là nous sommes en face dune fausse déclaration et donc la compagnie dassurance ne paie pas». Dans ce cas de figure, le client nest pas un «roi», mais tout bonnement une victime. Il se trouve démuni de moyens face à dimportants établissements. Espérons que la situation changera avec lentrée en vigueur de la loi sur la protection du consommateur qui est, certes, toujours au stade de projet. Mais il ne faut pas oublier que le Souverain, dans son discours de la Révolution du Roi et du Peuple, avait insisté sur le caractère urgent de ce texte de loi, venant remplir un vide juridique en la matière.