* La Formation Brute du Capital Fixe saccroîtrait de 13% en 2009 et sa part dans le PIB serait de 34,4% au lieu de 32,9% en 2008. * Le Taux dUtilisation des Capacités (TUC) de production atteignait à peine 72% en avril dernier. Cherchant à limiter la forte fluctuation du PIB tout en assurant un taux de croissance élevé, lobjectif principal des nouvelles politiques économiques est laugmentation de la productivité industrielle accompagnée par une neutralisation des risques engendrant la baisse de la productivité de lagriculture. Ce choix se manifeste dune manière plus concrète à travers laccélération fulgurante des investissements. Selon le dernier rapport de Bank Al-Maghrib (BAM) «en 2008, la formation brute de capital fixe (FBCF) progresserait de 12,8%, portant ainsi le taux dinvestissement brut à 33,8% du PIB». Cela sest reflété considérablement sur les importations des produits finis déquipement qui ont enregistré une croissance à deux chiffres, soit 15% de plus en atteignant 27 Mds de DH pendant les cinq premiers mois de lannée 2008. Toujours dans le même sillage, la note de lOffice des Changes stipule que les achats de matériel à broyer et à agglomérer, les voitures industrielles et les appareils divers ont connu une hausse respective de 27,5%, 18,4% et 15%. Le secteur financier a joué un rôle crucial en terme de financement des acquisitions dans la mesure où les crédits à léquipement se sont accrus, en glissement annuel au cours de cette période, de 35,7%. Force est de constater, que cette vague dévolution de la FBCF est favorisée, en grande partie, par lévolution des recettes dinvestissement. Doù vient cette effervescence ? Vu la conjoncture économique internationale défavorable, le gouvernement table, de plus en plus, sur le bon comportement du marché interne dans lequel lEtat nest plus un simple catalyseur. «Léconomie nationale bénéficierait de la vigueur de la demande intérieure notamment lexpansion de linvestissement, aussi bien public que privé, de la consommation des Administrations publiques et de la consommation des ménages résidents, profitant des valorisations des salaires et de la baisse de limpôt sur les revenus», stipule la dernière note dinformation sur la situation économique nationale publiée par le Haut Commissariat au Plan. Dans cette perspective, la consommation interne saccroîtrait de 8,5%. À cet égard, BAM prévoit un redressement de la croissance pendant le deuxième trimestre de sorte que loutput gap global sera positif à partir du deuxième trimestre 2008. Si le bilan de la branche agricole, la pierre angulaire de léconomie nationale, reste très moyen en 2008, le gouvernement cherche à donner une nouvelle impulsion aux secteurs participant à la formation du PIB non agricole. Agissant dans ce sens, lEtat joue un rôle primordial à travers le lancement de travaux structurants sur tout le territoire national. En effet, outre les investissements liés au développement de linfrastructure (autoroutes, chemins de fer, ports ), lEtat a mis en place plusieurs plates-formes dédiées principalement à lactivité industrielle. À titre indicatif, les zones aménagées sous forme de parcs industriels et de zones franches, durant les deux dernières années, totalisent plus de 2.000 Ha. Cette dynamique fera-t-elle long feu ? Au-delà des incitations directes, la baisse de la pression fiscale a constitué une bouffée doxygène pour les industriels. Outre la déductibilité fiscale sur investissement qui est à 100%, lExécutif a baissé le taux de limpôt sur les sociétés (IS) de 35% à 30% pour les grandes entreprises, et à 25% pour les PME. Cela aura un impact direct sur laccumulation du capital puisque la majorité des pays qui ont eu recours à une baisse de lIS ont connu un déplacement favorable de la courbe des investissements. Ces facteurs, entre autres, ont apporté un nouveau souffle aux milieux des affaires nationaux, de telle sorte que 66% des industriels ont réalisé, cette année, des dépenses dinvestissement. Le HCP prévoit la pousuite de ce climat favorable en constatant que «la Formation Brute du Capital Fixe saccroîtrait de 13% en 2009 et sa part dans le PIB serait de 34,4% au lieu de 32,9% en 2008». Mais tout nest pas rose. Après la hausse soutenue du taux dutilisation des capacités (TUC) de production, soit presque 80% à la fin de lannée 2007, ce taux a atteint à peine 72% en avril dernier. La baisse globale de lactivité résulte dune baisse de la production, notamment du secteur du raffinage. Lindustrie chimique et parachimique ne fait pas mieux. En enregistrant une baisse du TUC de 7 points pour se situer à 73%. Et si lindustrie du textile connaît un TUC élevé, soit 78%, il ne faut pas nier que la majorité des professionnels de ce secteur ont fait le plein en terme de demandes pour le premier semestre de lannée 2008, avant la suppression des quotas par lUnion européenne. Dorénavant, cette industrie doit faire face à une concurrence rude provenant des pays dAsie, généralement, et du bassin méditerranéen (Tunisie, Turquie ), en particulier. De plus, si le Maroc a fait ces dernières années du secteur du bâtiments et travaux publics son nouveau cheval de bataille, avec une part de 8% du PIB et un taux de croissance de 11%, cette branche est appelée à entrer dans une nouvelle phase de stagnation suite à la flambée débridée des prix de limmobilier. La même complainte émane de lindustrie de transformation: «le ralentissement de la croissance dans les pays partenaires associé à une flambée des prix à la production pourraient limiter leur rythme de croissance durant lannée 2008», expliquent les analystes du HCP. À tout cela sajoutent les pressions inflationnistes liées à la hausse des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires de base comme une épée de Damoclès sur le Budget de compensation au détriment de celui de linvestissement. Au moment où certains analystes crient au loup suite à lalourdissement du Budget de compensation, le gouvernement considère que ce choix est une condition primordiale pour créer un climat propice au développement de la demande interne. La note du HCP affirme dans ce sens que «cette croissance (du PIB) serait accompagnée par la maîtrise de la hausse des prix intérieurs, grâce à lexpansion des dépenses de compensation qui dépasseront 40 milliards de dirhams à fin 2008 au lieu de 15 milliards retenus initialement dans la Loi de Finances ». Elle ajoute :«Ainsi, le taux dinflation, mesuré par le prix implicite du PIB, serait de 3,1% au lieu de 3,8% en 2007». Finalement, laugmentation de la FBCF est un facteur déterminant de développement, mais en parallèle, la recherche de débouchés soit au niveau interne ou externe, est une condition préalable. Cela explique le choix de la protection du pouvoir dachat vu la conjoncture internationale défavorable. B.A.