* LEuro devrait être corrigé à la baisse car léconomie européenne finira par être affectée par lappréciation significative et durable de sa devise. * En dépit de la crise des subprimes, léconomie américaine demeure vivace dans la mesure où la consommation bat toujours son plein. * Les réserves pétrolières demeurent considérables, laugmentation de loffre ne devrait pas poser de problèmes à condition que les investissements requis soient concrétisés. «Le Maroc dans la tourmente financière internationale», tel a été le thème débattu la semaine dernière par BMCE Capital. Ce séminaire était animé par Koceila Maames, responsable des marchés des capitaux en Afrique du Nord. Ce dernier a tenu à rappeler les deux évènements-phares ayant marqué lactualité ces dernières années à savoir la hausse continue du cours des matières premières et la dépréciation du Dollar face à lEuro. Deux évènements qui ne manqueront pas davoir un impact sur léconomie marocaine et ce dans un contexte de libre ouverture. Rien de plus normal de voir la facture pétrolière du Royaume afficher un trend haussier permanent. Elle représente désormais 15% des importations. Aussi faut-il rappeler que le panier dancrage du Dirham est constitué à 80% de lEuro et à 20% du Dollar. Et une telle parité ne peut quinfluencer ses échanges commerciaux. La crise du Dollar tire à sa fin Sinspirant des modèles des analyste de Calyon, K. Maames prétend que le Dollar est sous-évalué contre la plupart des devises internationales et que lEuro a atteint un niveau de surévaluation insoutenable avec un risque de correction à la baisse assez élevé. Daprès eux, les risques liés à un nouvel accès de faiblesse du Dollar ne se sont pas totalement dissipés. Ils estiment pour autant que la sévérité et la durée de la récession américaine seront déterminantes. Mais ils demeurent optimistes et anticipent néanmoins un rebond du Dollar car ils sont unanimes que le paquet fiscal américain (100 Mds $ en réductions fiscales) devrait commencer à produire ses effets dès le troisième trimestre 2008. Ils anticipent aussi une baisse des taux de la Banque Centrale Européenne dici la fin de lannée, alors que la Fed clôturerait son cycle de baisse en 2008. Aussi, daprès Caylon, lEuro devrait être corrigé à la baisse car léconomie européenne finira par être affectée par lappréciation significative et durable de la devise européenne. Autre phénomène ayant marqué lactualité et à lorigine de la crise financière, la crise dite des subprimes des USA qui ne semble pas être terminée et qui a entraîné dans son sillage la baisse des prix de limmobilier à tel point que lon assiste aujourdhui à un stock de logements vacants. «Cette crise immobilière dont on na pas suffisamment parlé a généré 15.000 Mds $, soit 1.400 Mds $ liés au subprime» a annoncé K. Maames. Laggravation des risques est en fait due au comportement des agents qui se sont précipités dans la prise de profits. K. Maames estime toutefois que malgré la crise des subprimes, léconomie américaine demeure vivace dans la mesure où la consommation bat toujours son plein. Pour plus de précisions, il annonce que ce nest pas la catégorie des Américains qui dépensent le plus qui est touchée par la crise des subprimes. Et donc pour K. Maames, la crise du Dollar tire à sa fin. Face à cette crise, la zone MENA a une influence croissante sur léconomie mondiale à cause du recyclage des pétrodollars des pays producteurs de la région. A noter également que les excédents des pays du Golfe ont fortement contribué au financement du déficit américain. Volontaire ou pas, lessentiel est quon a, de la part du Moyen-Orient, un facteur de croissance. Ces mêmes pays ont aujourdhui un problème dinflation à tel point que les analystes se posent la question de savoir sil nest pas opportun de revoir leur politique dancrage comme cest le cas pour le Koweït. Le Dollar nest plus ce quil était auparavant. Lancrage au Dollar est-il toujours la bonne solution ? Ainsi à nouvelle ère, nouveaux régimes de change. Les modèles de développement rentiers savèrent de plus en plus insoutenables nécessitant une réforme des régimes de change en place. La fin du pétrole bon marché ? Adoptant une approche structurelle, Koceila précise que le prix du pétrole dépend, à la fois, de loffre et de la demande. Loffre mondiale est essentiellement assurée par le Moyen-Orient (70% des réserves de pétrole et 35% de la production mondiale) et la demande est tirée essentiellement par les pays émergents dont la Chine qui affiche un taux de croissance à deux chiffres. Les pronostics laissent présager quen 2015, lEmpire du Milieu serait le premier importateur de pétrole devant lOncle Sam. La forte corrélation entre le niveau de vie et la consommation de pétrole trouve aujourdhui toute sa raison dêtre. Les réserves pétrolières sont toujours considérables, laugmentation de loffre ne devrait pas poser de problèmes à condition que les investissements requis soient concrétisés. Daprès K. Maames : «le problème aujourdhui nest pas un problème de réserves, mais bien un souci majeur de transformation des capacités de production». Laugmentation de loffre ne devrait pas poser de problèmes à condition que les investissements requis soient concrétisés. LArabie Saoudite nest plus le banquier central du pétrole même si elle détient lessentiel des capacités de production gelées par lOPEP. Elle ne paraît plus en mesure de rassurer le marché sur ses craintes dapprovisionnement. Et dans les quatre prochaines années, sil y a un changement de la structure de loffre, il ne viendra pas de lIrak qui ne devrait pas retrouver son pic de production de 1979 avant 2012. Aussi, et selon les prévisions de lAgence Internationale de lEnergie (AIE), à lhorizon 2030, toutes les régions du monde vont devenir dépendantes de la région MENA. La crainte se situe aujourdhui dans la faiblesse de transformation des capacités de production. Les plans dinvestissement des pays de la région Mena sont insuffisants et demeurent en dessous des besoins identifiés par lAIE, sans compter que les investisseurs étrangers ne sont pas les bienvenus. «On a limpression que ces pays nont pas de soucis à augmenter leur capacité de production dans la mesure où ils disposent de réserves dans des coffres et dans les sous-sols», explique K. Maames. Pis encore, ils considèrent que le prix actuel du pétrole nest pas aussi élevé que ça. Ils avancent deux arguments : le premier est lancrage au Dollar et donc tant que le Dollar est faible, ils sont obligés de compenser cette baisse par la hausse du prix. Le deuxième argument est la prise en considération dun prix ajusté de linflation qui fait que les prix du pétrole diminuent. Cette hausse ne les dérange pas outre mesure parce quils considèrent quau fur et à mesure que les prix augmentent, léconomie mondiale saura vivre avec cette hausse. Le Maroc ne saurait pas en tous cas vivre avec une telle hausse. Les analystes parlent dores et déjà dune dévaluation du Dirham pour rattraper le gap en compétitivité. Daprès Koceila, le timing actuel nest pas du tout favorable à une dévaluation. Avec une facture pétrolière représentant 15% des importations, un Dirham dévalué creuserait davantage le déficit commercial mais aussi budgétaire.