Avec un chiffre d'affaires (CA) en hausse de 12,4% à 1, 8 Md DH et un résultat net qui a progressé de 15,9% à 232 MDH, malgré une provision pour investissement de 60 MDH, la Société des Brasseries du Maroc aura réalisé un exercice 1998 satisfaisant. Tout Le plan de restructuration initié par le Groupe Brasseries du Maroc depuis 1995 aura à l'évidence donné ses fruits. Avec ses 5 filiales (Branoma, Brasserie de Tanger, Sotherma, Société Industrielle Marocaine et Carnaud Métal Box - Emballages Plastiques), la SBM aura ainsi réalisé une croissance annuelle moyenne de 15,8% entre 1994 et 1998 grâce aux performances enregistrées dans ses différentes activités (boissons gazeuses, bières, eau minérale). Dans les boissons gazeuses, les ventes ont connu une évolution de 15% depuis 1994.Il faut souligner à cet effet que la SBM a su nouer des partenariats stratégiques qui ont contribué à doper ses activités. Comme le soulignent les analystes d'Attijari Intermédiation, la SBM est le concessionnaire de Coca-Cola sur l'axe El Jadida - Casablanca - Rabat - Kénitra et a signé récemment un partenariat avec la firme Procter § Gamble pour assurer progressivement la distribution au détail des produits Procter § Gamble dans neuf régions. De plus, l'acquisition de la SIM lui a permis de bénéficier " d'un réseau organisé qui permet d'externaliser l'activité de distribution et la location de ce réseau à d'autres opérateurs industriels ". Actuellement, la compagnie représente 40% de la consommation nationale de boissons gazeuses. Dans les bières également, dont la consommation a connu une croissance annuelle moyenne de 11,3% sur la période 1994-1998, la SBM s'est trouvée un allié de taille, à savoir Heineken, second brasseur mondial par le chiffre d'affaires. Elle détient ainsi le monopole dans cette activité, s'octroyant en 1998 95% de parts de marché. Un monopole qui, selon Attijari Intermédiation, pourrait toutefois être perdu avec l'installation du groupe français Castel au Maroc qui compte construire une brasserie à Nouasseur produisant 150.000 hl de bière et 250.000 hl de boissons gazeuses. L'activité " Eau minérale ", où se bousculent Les Eaux Minérales d'Oulmès (Sidi Ali) et Sotherma (Sidi Harazem) qui contrôlent 99% des ventes, a suivi la même tendance : la part de marché de Sotherma a considérablement progressé, passant de 32 à 47% entre 1997 et 1998. Cette politique de partenariat a été cependant soutenue par un programme d'investissement conséquent, comme en témoigne les provisions pour investissement dégagées en 1997 (58,3 MDH) et en 1998 (60 MDH). Assurément, ces initiatives se sont avérées fructueuses. Globalement, les ventes de la compagnie auront enregistré en 1998 une augmentation de 16,1% à 2.569 khl, tandis que le chiffre d'affaires a crû de 16,4% en moyenne par an entre 1996 et 1998, passant de 1,33 Md DH à 1,8 Md DH. Il faut préciser à cet égard que cette performance est due à la baisse du prix moyen de vente de 1,6% survenue durant cette période, et qui a eu pour effet de doper les ventes. Dans la foulée, la marge brute a subi une hausse moyenne de 16,7%, ce qui a porté le taux de marge à 65,1%. Parallèlement, les charges d'exploitation se sont accrues en moyenne de 11,6% par an, à cause notamment de la hausse soutenue des charges externes (croissance de 32,2% en moyenne annuelle) qui se sont établies à 125,6 MDH en 1998. Côté rentabilité, le rendement sur fonds propres (ROE) et le rendement des actifs (ROA) ont évolué en sens inverse. Toujours selon la même source, entre 1996 et 1997, la progression du total de bilan est de 36,4% (acquisition de SIM), contre 23,3% pour le résultat net, ce qui a conduit à un recul du ROA de 1,6 point. De même, pour la période 1997-1998, la variation des fonds propres et du total bilan est plus importante que celle du résultat net, ce qui a induit un fléchissement au niveau de la rentabilité économique et financière. Toutefois, on peut noter une nette amélioration du ratio d'endettement (dettes de financement / capitaux propres) qui s'est établi à 6% en 1998, contre 28% en 1997. Mais malgré les résultats semestriels positifs enregistrés par la SBM cette année ( CA en hausse de 1,68% à 704 MDH par rapport au 30 juin 1998 et résultat net en évolution de 6,98%), les performances qui seront réalisées par le groupe au terme de 1999 seraient, selon les analystes d'Attijari Intermédiation, moins concluantes. Ces derniers tablent en effet sur un recul du CA et du résultat net respectivement de 1,77% et 7,76% par rapport à l'exercice 1998. Le titre en sera-t-il pour autant affecté ? En tout cas, la performance du titre sur le marché boursier reste fort mitigée, d'autant qu'il a enregistré une variation annuelle de -29,4%, plus accentuée que celle du secteur de l'agroalimentaire (-13,7%). Néanmoins, selon ces mêmes analystes, " elle fait partie, depuis janvier 1999, des 10 valeurs les plus actives sur le marché central ". A preuve, les transactions réalisées jusqu'au 30 août 1999 ont atteint 1,4Md DH contre 274 MDH à la même période en 1998. A rappeler que cette " explosion " des volumes est inhérente à l'opération stratégique initiée par la SNI le 27 juillet 1999. Cette dernière avait acquis sur le marché de blocs 452.200 actions au prix unitaire de 2.222 DH, s'octroyant ainsi 51,9% du capital de la SBM. Toutefois, malgré la contre-performance du titre SBM, les analystes d'Attijari Intermédiation recommandent de le conserver, compte tenu d'un potentiel de croissance estimé à plus de 5% et établi sur la base de 3 critères : l'actualisation des flux à partir de laquelle la valeur de la société a été évaluée à 6,78 Md DH, soit un cours de 2.400 DH; les comparables boursiers, avec un niveau de valorisation de Brasseries du Maroc qui ressort à 2.094 DH par action; et la valorisation séparée des branches (suite à une valorisation du marché marocain des boissons gazeuses) du groupe qui a conduit à une valorisation de la SBM de 7,05 Md DH, soit 2.500 DH par action.