Décidément, il ny aura pas de hausse des taux des crédits immobiliers à long terme. Si cest le cas, elle sera tellement légère quelle passera presque inaperçue. Le Trésor uvre en effet en ce sens. En boudant les maturités longues (10 et 15 ans) sur le marché des bons de Trésor (BDT), le Trésor veut éviter le pire et ne veut surtout pas entériner le niveau de taux atteint sur le marché secondaire des BDT. «Le Trésor va retarder au maximum ses levées sur les maturités longues jusquà ce que le gap entre les taux secondaires et primaires soit peu signifiant», a indiqué un gestionnaire de portefeuille. Mais théoriquement, la logique du marché impose au Trésor de marquer la hausse atteinte sur le marché secondaire. «Sauf que là, il ny a pas que léconomique qui décide, le politique prend parfois le dessus. Salaheddine Mezouar, actuel ministre des Finances, la clairement dit à qui veut lentendre : il ny aura pas de hausse des taux», martèle le gestionnaire. En effet, valider la hausse des taux longs aujourdhui équivaut à une crise aux conséquences désastreuses. Dabord sur le pouvoir dachat du citoyen lambda qui verra la traite de son prêt immobilier senvoler de quelques centaines de dirhams. La hausse des taux induirait ensuite linsolvabilité de milliers de petits clients, au grand dam des établissements de crédit, sans compter que les effets sur la demande en biens immobiliers aussi se traduiraient forcément par une chute des prix de la pierre. Une crise aux effets en cascade est alors tout indiquée. Du coup, le Trésor boude les maturités longues en attendant que les taux secondaires reviennent à la raison. «On ne peut pas pénaliser toute une économie au nom de la justice des rendements du marché. Le Trésor nest pas aussi scolaire dans sa démarche», explique notre gestionnaire. À ce jour, le Trésor a eu raison de ne pas donner raison au marché. En effet, sil avait levé sur les maturités 10 et 15 ans lors de la dernière adjudication de lannée 2007, il aurait impacté les taux des crédits immobiliers de 174 points de base de plus. Sil le fait aujourdhui, la hausse ne serait que de 98 points de base, car les taux longs ont baissé entre-temps (voir page 12). Espérons seulement que la baisse va continuer !