Une rencontre informelle avec la presse : cest la démarche choisie par Abbas El Fassi pour communiquer à loccasion des 100 jours de son gouvernement. Une démarche appréciée dans la forme et qui rappelle, aux habitués, que cest lancien Premier ministre, Driss Jettou, qui a pour la première fois initié ce mode de rencontre avec la presse locale et étrangère. Dans le fond, il ny a pourtant pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Car il est peu de dire quessayer dévaluer concrètement laction gouvernementale au bout de 100 jours est un exercice pour le moins subjectif. Lon devra donc se contenter, pour linstant, des déclarations dintention. Car lactuel Premier ministre a bien lambition de poursuivre la réalisation des grands chantiers structurants du Royaume et, surtout, de respecter le contenu de sa Déclaration gouvernementale. Il faut dire, néanmoins, que les observateurs sont pour le moins sceptiques. En effet, de mémoire dhomme, jamais un Premier ministre naura été aussi controversé au Maroc. A peine nommé, et avant même quil nait eu à exercer officiellement ses nouvelles fonctions, il est lobjet de critiques acerbes; les observateurs, la presse indépendante et les leaders dopinion rappelant au passage la rocambolesque affaire Annajat. Cest que lhomme na pas eu, ne serait-ce quun délai de grâce, comme cela se fait dans toutes les démocraties, pour être jugé sur ses actions et non pour ce quil est. Même si sa nomination a suivi la logique démocratique, il na pas eu droit, comme cela est de coutume, aux fameux 100 jours pour être «évalué». Sous ce rapport, Driss Jettou a été mieux loti, même si, dès la formation de son gouvernement, les plus sceptiques fustigeaient son cabinet jugé pléthorique et très masculin où lIstiqlal et lUSFP avaient pignon sur rue et où siégeaient de nombreux rescapés de lancienne équipe dAbderrahmane Youssoufi, plusieurs rappelés et très peu de jeunes. Avec demblée une légitimité sujette à caution, Abbas El Fassi devra donc convoquer sa part de sagesse et faire preuve de lucidité politique pour mettre à son avantage toutes ces diatribes dont il est actuellement la cible. Car, comme on le dit si bien, tout ce qui ne tue pas renforce. A charge pour lui, dès lors, de prendre acte de ce préjugé défavorable pour démontrer à ses détracteurs daujourdhui quil est à la hauteur de ses nouvelles responsabilités. Histoire, simplement, de terminer sa législature avec les honneurs. On en jugera en tout cas.