* Entre la hausse du prix de vente, la répercussion sur des produits dérivés ou le maintien des prix, les marges de manuvre diffèrent dune entreprise à lautre. * Les sociétés les plus touchées sont celles dont lapprovisionnement dépend de létranger. Les sociétés agroalimentaires marocaines ont subi au cours de lannée 2007 de plein fouet la hausse des intrants qui sest répercutée automatiquement sur leurs coûts dexploitation. Ce renchérissement des prix est dû aux conditions climatiques défavorables qui ont engendré des récoltes minimes au niveau national et à limportation qui na pas pu arranger les choses car les cours ont atteint des records dans les marchés mondiaux. Le cas des huiles et des oléagineux est le plus frappant : Lesieur Cristal, leader national des huiles de table avec une part de marché de plus de 68% a dû revoir à la hausse ses prix de vente domestiques trois fois en douze mois. Le prix du litre est passé de 10 DH à fin 2006 à 13 DH à fin 2007 soit une progression de 30%, du jamais vu ! Ahmed Rahhou, PDG de Lesieur Cristal dans une déclaration à la presse a souligné que «sa société a pris en considération que lhuile de table est un produit de base pour le consommateur marocain. Les hausses des cours du soja et du maïs ont plus que doublé et cette augmentation na pas été automatiquement impactée sur le prix de vente sinon les prix auraient doublé». Lesieur dont les résultats nets sont en nette régression ces dernières années, à cause dune concurrence acharnée, na pas lembarras du choix. Pour conserver ses marges, elle est contrainte daugmenter les prix. Ses concurrents ne sont pas non plus dans de beaux draps. Savola qui est mieux positionnée pour négocier à terme auprès de ses fournisseurs ses intrants na pas fait mieux. La hausse des cours est devenue tellement asphyxiante que le maintien des prix savère une aventure très coûteuse. Plusieurs experts prédisent que la pression sur les prix des huiles et des oléagineux va continuer. Avec la hausse des prix du brut, une bonne partie de la production oléagineuse mondiale est détournée vers le biocarburant surtout aux Etats-Unis, au Brésil et au Canada. Le biocarburant a aussi la cote en raison de ses bienfaits écologiques. La production laitière a elle aussi connu la même situation. La sécheresse qui a sévi au cours de lannée 2007 a réduit la production. Contrairement aux producteurs dhuile de table qui nont dautres possibilités que daugmenter le prix de vente, les deux principaux producteurs nationaux de produits laitiers, notamment la Centrale laitière et Copag ont une marge de manuvre de taille. Pour ne pas impacter le pouvoir dachat du petit consommateur, ils ont augmenté les produits dérivés laissant le prix du lait intact malgré les tendances haussières du lait en poudre sur le marché mondial. Les deux producteurs ont justifié ces augmentations afin de relever le prix dachat chez les producteurs. Et pour cause, malgré les hausses successives, les prix du lait au départ de la ferme nont pas changé depuis dix ans. A la Centrale laitière on explique que laugmentation dachat à la ferme de lait frais fait suite aux sollicitations des exploitants qui ont beaucoup souffert de la hausse des cours de laliment de bétail. Ce geste ne peut qualléger partiellement la pression sur les agriculteurs. Pour les sociétés laitières, leur exploitation sera peu affectée malgré des conditions difficiles dapprovisionnement. Cosumar, lautre géant national de lagroalimentaire, na pas jugé opportun daugmenter ses prix de vente malgré la hausse des prix du sucre brut à léchelle mondiale. Le groupe sucrier qui reçoit des subventions dexploitation de lEtat garde une large marge de manuvre pour contourner ses hausses sur son bilan. Cartier Saâda est la société spécialisée dans le conditionnement dolives dont la majeure partie de la production est destinée essentiellement à lexport. Son Directeur général Hassan Debbagh explique que «la hausse des intrants est un souci majeur pour toutes les entreprises. La clef de la réussite et d'une part la capacité danticiper et prévoir la hausse, une fois ce diagnostic est certain. Deux attitudes sont primordiales ; la première consiste à assurer des quantités suffisantes à des prix davant la hausse ou souscrire à des assurances ; la deuxième étant d'inclure les hausses dans les nouveaux tarifs». Debbagh souligne par ailleurs que «la difficulté réside dans le fait que les hausses interviennent après la négociation des tarifs qui souvent sont annuels! Cela peut faire très mal !».