Les investisseurs se seraient-ils épris de la place casablancaise ? De poser cette question paraît de circonstance. Au lendemain du décès de S.M. le Roi Hassan II, les investisseurs ont certes opéré sur un marché où planait encore un deuil pesant, mais a Si l'amour se résumait à la confiance, on soutiendrait volontiers que les investisseurs sont tombés amoureux de la place casablancaise. Il est bien révolu le temps où la décrépitude de l'Indice général provoquait la désaffection des investisseurs. Il est bien révolu le temps où le moindre fait était synonyme de capharnaüm. La Bourse de Casablanca aura donc gagné en maturité et les investisseurs lui auront accordé le « bénéfice du doute » en lui faisant confiance. Une confiance qui s'est traduite par une performance hebdomadaire de l'IGB de 0,26% à 707,74 points au 27 juillet, ramenant la performance annuelle à 0,78%. L'Indice général se redresse certes timidement, mais sûrement, et se rapproche de plus en plus de la barre des 800 points. Sur ce marché essentiellement dominé depuis quelque temps par les grandes capitalisations, particulièrement l'ONA, le volume global des transactions s'est élevé entre les séances du 21 et du 27 juillet à 453,3 MDH. Il faut souligner à cet effet que beaucoup d'opérations stratégiques ont été menées, induisant une recomposition du tour de table de beaucoup de sociétés. Ainsi, la CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion) a fait un forcing remarquable dans le secteur du crédit à la consommation en acquérant, en un seul contrat, près de 11% du capital de Sofac Crédit à la séance du 21 juillet. C'est 80.428 actions Sofac Crédit qui sont passées entre les mains de la CDG, au cours de 547 DH, soit une prime de 27 DH par rapport au marché central. Dans la même foulée, la SNI a conforté véritablement sa position dans l'agro-alimentaire. Depuis mardi dernier, en effet, elle est devenue l'actionnaire majoritaire des Brasseries du Maroc en détenant désormais 52% de son capital. Durant cette séance, comme l'a confirmé d'ailleurs la Direction de la SNI, 452.200 titres Brasseries du Maroc (16% du capital) ont été cédés à la SNI sur le marché de blocs, au prix de 2.222 DH. Par ailleurs, l'ONA continue toujours de « chauffer » le marché, dopant le volume des transactions. Déjà, durant la journée du 21 juillet, la holding a réalisé plus de 80% des transactions sur le marché central, soit 135 MDH. Sur sa lancée, il représentait lundi dernier près de 25% du chiffre d'affaires sur le marché central. Quand bien même l'ONA reste pour l'heure l'animateur principal de la place, les banques ont eu cependant leur mot à dire puisqu'elles ont représenté 31,91% du chiffre d'affaires réalisé par la place cette semaine. La BCM et la BMCE ont, à cet égard, réalisé 42 MDH, soit 26,5% des transactions (au 26 juillet). Parallèlement, ce sont les petites capitalisations qui ont en général réalisé les meilleures performances : les cours des titres Afriquia Gaz, Auto Hall, Fertima et Lesieur se sont inscrits en hausse respectivement de 3,54, 5,94, 3,61 et 3,45%. Aujourd'hui, en tout cas, les analystes s'accordent à dire que tout prédispose le marché à une reprise durable : la place casablancaise suscite, à l'évidence, beaucoup moins d'appréhension et plus d'intérêt. Ce changement d'attitude durera-t-il pour autant ? Oui, autant que les investisseurs resteront sous le « charme » de la Bourse de Casablanca.