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Commerce extérieur : L’offre marocaine faiblement diversifiée
Publié dans Finances news le 13 - 12 - 2007

* La faible diversification de l’offre marocaine d’exportation ne doit pas occulter les performances de certains secteurs qui ont contribué à la croissance des exportations au titre de 2006.
* Le déséquilibre de la balance commerciale a donné lieu à un déficit de l'ordre de 110,4 milliards de dirhams contre 83 milliards une année auparavant, soit une aggravation de 33 %.
* La nouvelle stratégie du commerce extérieur permettra inéluctablement aux opérateurs d’avoir plus de visibilité sur les marchés ciblés par l'offre exportable marocaine.
* Entretien avec Mourad Chérif, Président du Centre National du Commerce Extérieur.
Finances News Hebdo : Comment évaluez-vous actuellement l’offre marocaine à l’exportation par rapport à une concurrence acharnée sur le plan mondial ?
Mourad Chérif : L’analyse de l’offre marocaine à l’exportation démontre que cette offre se caractérise par une faible diversification par rapport à la concurrence mondiale. L’analyse reflète une concentration quasiment stable, enregistrée depuis des années, sur les principaux produits habituellement exportés et sur les principaux marchés (l’Union européenne à elle seule s’adjuge près de 70 %).
Certes, la faible diversification de l’offre marocaine d’exportation ne doit pas occulter les performances de certains secteurs qui ont connu, durant les cinq dernières années, une croissance assez soutenable. C’est le cas des secteurs des industries électriques et électroniques et des industries chimiques et parachimiques, de la monétique et des nouvelles technologies de l’information qui ont été les principaux contributeurs à la croissance des exportations au titre de 2006.
Mais dans sa globalité, l’offre exportable nationale doit faire l’objet d’un effort de restructuration pour couvrir d’autres secteurs. L’effort de diversification de notre offre nécessite une différenciation sectorielle d’où l’urgence de la mise en place des recommandations du plan Emergence en matière de spécialisation du Maroc dans ses métiers mondiaux identifiés.
Selon les derniers chiffres de l’Office des changes, les exportations n'ont progressé que de 7,3 % pour atteindre quelque 97,9 milliards de DH, alors que la croissance des importations était de l’ordre de 19,5 % (208,36 milliards de dirhams au lieu de 174,34 milliards). Cela a donné lieu à un déficit de l'ordre de 110,4 milliards de dirhams contre 83 milliards une année auparavant, soit une aggravation de 33 %.
Cette tendance devient de plus en plus insoutenable d’où la nécessité et l’urgence d’une restructuration de notre offre exportable pour faire face à la concurrence étrangère : amélioration de notre compétitivité en vue d’atténuer le creusement du déficit commercial des marchandises et renforcer les équilibres macroéconomiques.
F. N. H. : Dans ce sens, quel est le niveau de collaboration public-privé pour présenter un bloc unique face à la compétitivité de certains pays, notamment ceux d’Asie ?
M. C. : La collaboration entre le public et le privé est une stratégie gagnante dans le commerce international. Elle a fait la force des pays asiatiques (ces dernières années) qui ont marqué des points en termes de gain de parts de marché, de diversification des produits et d’amélioration de leurs taux de croissance. L’Etat, en tant que facilitateur, et le privé, comme force de création de richesse, sont appelés à travailler ensemble pour améliorer la compétitivité du pays et atteindre les objectifs escomptés en terme de création de richesse.
Au Maroc, le partenariat public-privé a donné des résultats positifs dans des secteurs où ce partenariat a été soudé. Je vous cite, à titre d’exemple, deux types de collaboration réalisés entre le gouvernement et des associations professionnelles.
Le premier réalisé dans le secteur du textile et de l’habillement qui a donné lieu à un contrat-programme conclu entre le gouvernement et l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), porte sur le volet promotion des exportations. Cette expérience a été bénéfique si l’on s’attarde sur le bon comportement de nos exportations réalisé à partir de 2005.
Le second exemple est le Contrat-Progrès 2006-2012 relatif au développement du secteur des Technologies de l’Information entre le gouvernement et la Fédération des Technologies de l’Information, des Télécommunications et de l’Offshoring (Apebi) en sa qualité de représentant des professionnels du secteur privé des TICS.
Ce genre de partenariat est, à mon avis, plus qu’une nécessité dans la mesure où il reflète l’expression d’un engagement conjoint du public et du privé qui oeuvrent ensemble pour la création de conditions favorables pour les secteurs exportateurs et la réussite du pari de l’amélioration de la compétitivité des entreprises nationales.
Cette politique d’appui public au développement du privé doit s’élargir à d’autres secteurs comme l’agro-industrie, le BTP et ce pour appuyer l’ensemble des activités exportatrices. L’implication des parties concernées publiques et privées dans la conception et la mise en œuvre d’un tel partenariat est le gage de la réussite et de la pérennité de ce chantier.
F. N. H. : Quels sont les secteurs marocains les plus compétitifs sur le plan international ?
M. C. : La structure sectorielle des exportations est caractérisée par la concentration des industries manufacturières. En effet, quatre secteurs manufacturiers constituent 70,6 % des exportations globales. Il s’agit du secteur du textile, de l’habillement et du cuir, de la chimie et parachimie, de l’industrie électrique et électronique ainsi que du secteur de l’agroalimentaire.
En terme de compétitivité, l’analyse sectorielle montre que sur le plan international les performances réalisées au niveau de l’amélioration de la productivité se limitent à quelques secteurs dont l’agroalimentaire, l’industrie de la chimie et parachimie et l’industrie électrique et électronique.
Le rapport du Conseil dégage le constat suivant : sur le marché de l’Union européenne, la compétitivité des produits manufacturiers marocains exportés s’est améliorée au cours de l’année 2006, suite à la hausse moins prononcée des prix des exportations marocaines, par rapport à ceux des concurrents communautaires.
En dépit de ces chiffres, et sur un plan plus global, on n’a pas le même constat dans la mesure où la part mondiale du marché marocain perd chaque année 0,16 point relativement à son niveau de 1996.
F. N. H. : D’après vous, quels sont les points que doit prendre en considération cette nouvelle stratégie ?
M. C. : L’annonce par le ministre du Commerce extérieur de l’élaboration par son département d’une nouvelle stratégie du commerce extérieur marocain, a été bien accueillie par les opérateurs du commerce extérieur présents lors de la campagne de communication relative au lancement des 11èmes Trophées de l’exportation. Cette stratégie permettra inéluctablement aux opérateurs d’avoir plus de visibilité sur les marchés ciblés par l'offre exportable marocaine.
Comme je l’ai indiqué, cette stratégie doit viser, à mon avis, des axes tels que l’identification des marchés-cibles en fonction de notre offre exportable sectorielle, la mise en place d’une stratégie promotionnelle efficace par marché, l’amélioration de l’effort marketing et commercial sur les marchés-cibles et la promotion du label Maroc de manière continue.
F. N. H. : Le Maroc participe à plusieurs salons et foires internationaux ; est-ce, d’après-vous, le seul moyen de promotion de ses exportations ?
M. C. : Les foires et les salons internationaux sont, certes, un moyen promotionnel important pour les produits marocains, mais ils ne sont pas suffisants. C’est un instrument parmi d’autres qui doit être appuyé par d’autres mesures de promotion en vue d’assurer une diversification plus efficace de l’offre exportable.
Il convient de noter tout d’abord que la participation aux salons et foires doit être améliorée en terme d’efficacité pour avoir les effets positifs escomptés sur nos produits exportables.
À cet effet, au lieu de disperser les énergies sur plusieurs marchés à la fois, avec des actions de promotions disparates d’une portée moyenne (publicité, exposition, etc.) et avec un budget limité, il convient de s’orienter vers une approche concentrée sur un marché identifié au préalable comme potentiellement cible et ce pour avoir plus d’effets de retour certains.
Par ailleurs, les instruments de promotion doivent cibler les marchés, et ce par l’amélioration de l’effort marketing à l’étranger et le renforcement de la diplomatie économique. Cette fonction doit être intégrée comme un élément stratégique fondé sur de larges réseaux (les sites Internet, la publicité) qui fournissent des informations actualisées sur les entreprises exportatrices nationales.
Les actions de promotion nécessitent bien évidement des moyens humains et financiers en vue de mettre en place des représentations régionales et internationales de promotion, à l’instar des organismes étrangers qui disposent de représentations au niveau régional et au niveau international. Nous ne disposons pas de représentations régionales ni d’antennes à l’étranger, ce qui handicape l’action de promotion de proximité.
Avoir un système de veille stratégique qui fournit et met à disposition des importateurs étrangers et exportateurs locaux l’information commerciale sur l’accès à tel où tel marché est déterminant comme instrument de promotion.
Je tiens à souligner, à cet égard, qu’un premier travail a été élaboré par le CNCE. Il s’agit du répertoire national des exportateurs marocains intitulé : «Qui exporte quoi vers quel marché ?» et qui vise à contribuer à l’effort national de diffusion de l’information sur notre offre exportable.
Ce répertoire disponible sur le site : www.tropheesexportation.ma a fait l’objet d’une convention signée avec les départements concernés : ministère du Commerce extérieur, ADII, Office des changes, Asmex, Ompic.
La diversification et la prospection de marchés ne peuvent avoir lieu sans études préalables des marchés ciblés. L’entreprise exportatrice ne peut cibler le marché sans disposer au préalable d’une connaissance de l’environnement des affaires, de la structure commerciale du secteur ou de la branche ciblée ainsi que des goûts et de la culture du consommateur. D’où la nécessité de ces études.


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