Fidèle, cest un terme qui correspond parfaitement à Abderrahim Saher, le Directeur régional pour le Maroc dArab Bank plc. Il a intégré la banque en 1978 pour ne plus jamais la quitter. Dabord en tant quattaché de Direction avant de gravir les échelons jusquau début de 2005 lorsquil est nommé à la tête de Arab Bank pour le Maroc. Fidèle, cest un terme qui correspond parfaitement à Abderrahim Saher, le Directeur régional pour le Maroc dArab Bank plc. Il a intégré la banque en 1978 pour ne plus jamais la quitter. Dabord en tant quattaché de Direction avant de gravir les échelons jusquau début de 2005 lorsquil est nommé à la tête de Arab Bank pour le Maroc. Tout cela naurait peut-être pas eu lieu si à une époque de sa vie une orientation obligatoire navait été faite. Cela remonte à la période du collège. Brillant en mathématiques, il décroche la première note à lexamen de troisième année avec une prestation de 38 sur 40. Et malgré cette bonne performance, Abderrahim Saher avait opté pour la littérature française. Etant déjà très passionné de musique et rêvant de devenir artiste, voilà quil fut sélectionné parmi les brillants élèves pour se voir orienté vers la branche économique. Un fait quil ne regrette pas parce quil nétait pas évident dépouser une carrière dartiste, mais cest surtout la disparition subite de son père, alors quil avait treize ans, qui le rend très tôt responsable de sa famille dont il était laîné. À cette époque, il sort subitement de linconscience de lenfant qui aimait à bricoler des guitares avec des boîtes en fer et en guise de cordes des câbles de freins de bicyclette. «On démarre la vie avec des rêves, mais certains événements nous rappellent à la réalité». Et bien quil mît son rêve en veilleuse, il na pas pour autant arrêté les cours jusquà obtenir un diplôme supérieur en musique. Bien au contraire, la musique est devenue pour lui, une vocation. À la Faculté des sciences économiques, Abderrahim Saher, létudiant, est assez tempéré, pas du tout excessif. Et même si à lépoque la théorie marxiste subjugue les étudiants, il préconise la lecture et lanalyse loin de la fougue de la jeunesse afin de ne pas verser dans le fanatisme intellectuel. «On ne pense plus à soi et on a envie de changer le monde. Moi, je suis resté au stade des idées loin de lexcitation collective que provoquait le marxisme. Je lisais et réfléchissais sur le fond de la pensée marxiste qui nétait pas facile à réaliser et qui contenait certaines failles. Mais jen ai gardé lessentiel : tout le monde est légal de tout le monde». Prendre un temps de réflexion à la chose était sacré, quil sagisse de marxisme ou dexistentialisme, pour quil puisse établir ses propres repères et sa propre opinion sur la chose. Cest ainsi quil a pu concevoir lui-même ses idées sur le marxisme sans se laisser entraîner par cette fougue. Il sest construit une approche calme et sereine de ce quest le marxisme. Il a été aidé en cela par une grande passion pour la lecture. Cest une vraie encyclopédie ce monsieur, et vous pouvez évoquer nimporte quel sujet il vous sortira des références à lire ou à découvrir. Il nest pas dailleurs avare de son savoir; bien au contraire, il aime à débattre et à partager ses connaissances. Ses lectures sont par ailleurs très larges, passant de la littérature à lessai socio-politique, et aussi les livres dHistoire. «Et puis, il y a la relecture. Ainsi, chaque lecture dun même livre est différente de la précédente. Je me rappelle encore quand javais lu lEtranger dAlbert Camus pour la première fois. Je navais pas saisi pourquoi ce livre constituait une révolution. Ce nest quaprès relecture que jai compris. Cest un livre que jai relu 5 à 6 fois, et à chaque fois je redécouvrais pourquoi il était si intéressant». Serein et très calme, Abderrahim Saher nen demeure pas moins un directeur très rigoureux. «Disons quArab Bank est passée par une phase de transition où il fallait améliorer la rentabilité. Jy ai apporté de moi-même dabord et de certains collaborateurs. Je nen suis pas pour autant autoritaire, mais à certains moments, il faut être rigoureux pour redresser la barre». Depuis sa nomination à la tête de la structure pour le Maroc, tout le monde sétait mis à étudier langlais. Abderrahim Saher a également adopté une approche management qui se base sur la rigueur, lidentification des objectifs et la mobilisation des moyens nécessaires pour les réaliser. Il résume son travail à animer et dynamiser léquipe de façon à la faire adhérer à la mission de la banque de sorte que les objectifs soient atteints. Abderahim Saher ne se cantonne pas dans une conception dirigiste, puisque, pour lui, cest celui qui a les meilleures idées qui simpose. Sa bête noire est la médiocrité et il ny a pas dautre défaut pour le mettre en colère. «Il y a tout dans la médiocrité, cest une gangrène. Et ma réaction est plus une recherche du salut quun choix délibéré. Et elle est dosée selon la situation». In fine, bien que dapparence calme et zen, Abderrahim Saher reconnaît être un grand nerveux qui évacue son stress en jouant du luth. La musique est cette autre moitié de sa vie qui lui a valu bien des prix, notamment pour la composition de la musique de certains films comme celle du film «Les aventures de Haj Mokhtar Soldi», qui lui a valu le premier prix au Festival national du film de Marrakech. Et bien quil avoue être parfois difficile à vivre, il sest toujours efforcé de cultiver certaines qualités comme la modestie. À la maison, il est plutôt papa cool pour ses trois enfants Ghita, la pianiste, Khalil et Hiba. Il leur a laissé une grande marge de liberté pour choisir par eux-même ce quils veulent faire de leur vie. Néanmoins, il y a mis une dose de rigueur de sorte à donner des repères à ses enfants. «Il faut mettre en place des garde-fous sans pour autant étouffer les enfants. Après avoir négocié ces repères avec les enfants, chacun deux opère sa propre évolution». Le cinéma constitue également pour lui, un loisir. Mais il ne sagit pas forcément de films commerciaux mais plutôt de films dauteurs. Un loisir quil satisfait durant les festivals ou quand il déniche des perles rares des cinémathèques, lors de ses voyages à létranger. Abderrahim Saher a également un projet décrivain. Voilà des années quil cogite et quil mûrit ses idées. Et quand on a un background aussi important que le sien, franchir le pas de lécriture nest quune question de temps. «Prenez lexemple de lécrivain américain Norman Rush, il est très connu et pourtant il na écrit que trois livres dans sa vie décrivain quil a démarrée tardivement». Cest tout le mal quon souhaite à Abderrahim Saher. Sil y a une chose quil regrette dans sa vie, cest davoir fumé pendant une certaine période. Bien quil ait arrêté depuis 14 ans, il regrette encore de sêtre infligé cette autodestruction. Quelque peu paresseux, il continue à composer quand il est acculé à le faire. Il avoue manquer terriblement de temps, mais il reconnaît quune composition implique un difficile travail de gestation. «La création nest pas facile». Stoïque, le sourire très candide, Abderrahim Saher est un personnage hors du commun qui a une approche philosophique de la vie. Il est même fascinant avec ce regard très profond quil porte sur la société, voire le monde où il vit. Il ne se vante pas pour autant de sa culture ou de ses réflexions ; bien au contraire, humble, il se dit enrichi de toutes les discussions engagées, aussi diverses quelles peuvent lêtre.