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Touria Jebrane, la grande dame du théâtre
Publié dans Finances news le 21 - 06 - 2007

C’est un petit bout de femme que cette Touria Jebrane ! Mais quelle fougue sur les planches d’un théâtre ! Elle incarne tellement la Diva qu’on s’imagine mal comment l’approcher, et pourtant …
Notre rencontre était plutôt mal partie puisque j’avais 5 minutes de retard et qu’elle avait laissé son portable chez elle. Elle aurait pu partir, mais elle ne l’a pas fait. Touria Jebrane est passée par monts et par vaux avant de devenir un emblème du théâtre féminin, ou du théâtre marocain tout simplement.
Elle est issue d’une famille nombreuse et reste très imprégnée de sa mère monitrice à l’Association Islamique de Bienfaisance. Forcément, la maison familiale, sise au quartier casablancais de Bouchentouf, accueillait souvent des orphelins, et parfois même la mère de Touria Jebrane accueillait des membres de la famille malades ou bien leurs enfants pour qu’ils n’interrompent pas leur scolarité. Sa famille est composée d’artistes et de sportifs ; du coup, dès son jeune âge elle s’imprégnait de la vie d’artiste. De plus, lors des colonies de vacances, elle adorait participer à des pièces théâtrales. Et puis enfant, non loin de chez elle, elle visionnait souvent les films diffusés par le défunt Ousfour qui programmait également des films du comique Charlie Chaplin. «En sortant des séances de cinéma, je n’arrêtais pas d’imiter les gestes de Charlie Chaplin et ma grand-mère maternelle s’inquiétait de cela et sommait ma mère de me surveiller, au risque de finir par travailler dans «Rass Maktouo», faisant allusion au travail dans les fêtes foraines, ce qui était pour ma grand-mère une grande honte».
Son beau-frère étant lui-même acteur, Touria n’était pas très étrangère à cette forme d’art qui la passionne tellement qu’à l’âge de 12 ans elle monte sur scène dans la pièce «Nouvelle vague» d’Abdeladim Chennaoui qu’elle joue sur les planches du théâtre municipal.
En 1967, elle fait un pas de plus vers ce qui deviendra une grande carrière d’artiste. Elle participe au concours du théâtre amateur lancé par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Elle est engagée et se retrouve être la seule fille parmi 60 garçons à être sélectionnée pour ce concours dont l’entraînement se faisait à Rabat. Le hic est qu’elle y allait en cachette avec la complicité de ses frères. Bien qu’elle ait reçu le premier prix de ce concours, elle en rapporte le plus important, la rencontre avec Feu Farid Benmbarek qui lui prodiguera d’importants conseils. «Je me rappelle encore quand il m’avait dit que le talent ne suffit pas à lui seul et qu’il faut en plus le savoir». Un conseil décisif dans sa carrière, puisque juste après avoir obtenu son brevet, elle présente son dossier à l’insu de ses parents à qui elle explique qu’elle fait des études de monitrice de sport. Elle est admise et obtient une bourse sans difficulté. Quatre ans de cours où elle découvre cet univers du théâtre, surtout que dès la deuxième année, la formation est ponctuée de stages et de participations à des productions nationales.
À l’époque, certains étudiants étaient affiliés à l’UNEM, ce qui n’était pas sans danger en ce temps-là où la gauche prônait la liberté d’expression et les Droits de l’Homme. Mais la goutte qui va faire déborder le vase est une présentation de Modafer Annouab, auteur dont les écrits étaient interdits partout dans le monde arabe, étant très critiques envers les régimes en place. Les étudiants montent donc cette pièce et même si Touria Jebrane n’avait aucune sensibilité politique, elle y prend part par solidarité avec la cause palestinienne.
D’ailleurs, l’Institut sera fermé en 1974 vu la tension politique de l’époque, mais surtout les représentations des élèves qui dérangeaient beaucoup. Le plus important est que durant cette période Touria Jebrane va s’intéresser de près à la cause palestinienne qu’elle continue de porter à ce jour. Une fois diplômée, en 71-72, elle devait choisir : soit devenir fonctionnaire au ministère de la Culture, et c’est ce qu’elle fit en rejoignant la troupe Maâmoura, soit continuer sa formation académique en France ou au Caire. Éblouie par le théâtre et le fait de travailler avec de vrais comédiens, elle opte donc pour le premier. «Je ne sais pas si j’ai fait le bon choix, mais je suis très satisfaite de ce que j’ai fait». Et elle se lance donc dans une carrière professionnelle ; et c’est lors de sa première représentation que sa mère va découvrir que sa fille Touria s’est lancée dans une carrière de comédienne, chose qui n’était pas tolérée.
«Mon grand frère qui m’avait de tout temps soutenue l’a emmenée au théâtre et elle fut très surprise quand elle m’a vue sur la scène. Elle a tellement apprécié mon travail qu’elle en a été fière !».
L’expérience avec cette troupe l’a conduite dans les fins fonds du Maroc où la troupe s’est produite dans les souks, les usines… Touria parle avec beaucoup de nostalgie de cette époque. Mais au bout de trois ans, fini l’éblouissement, Touria se remet en question. La troupe se fait dicter ses textes depuis une représentation de la pièce de Driss Tadili qui avait dérangé les autorités. Touria n’hésitera pas une seconde pour présenter sa démission et décide de retourner vivre à Casablanca pour créer en 1980 «le Théâtre Al Forja», avec Saâd Allah Aziz et Khadija Assad, où elle découvre un autre genre théâtral : la comédie et la satire. Elle y côtoie Mohamed Miftah, Hamid Zoughi, Souad Saber… A cette époque-là, la nouvelle troupe réalise des pièces théâtrales pour la télévision marocaine comme «Les roses agonisent» ou encore «Chraâ aâtana rabaâ» qui avait connu un immense succès.
Elle intègre par la suite la troupe de Tayeb Seddiki, un sommet du théâtre marocain qui ouvre les bras à la jeune artiste. «Il y a eu une alchimie entre nous et c’est un grand créateur qui m’a fait découvrir un nouveau théâtre. Il m’avait dit un jour que j’étais sa grande comédienne, et cela m’a donné tellement de confiance en moi».
Une confiance qui sera terriblement ébranlée en 1984. Le théâtre municipal de Casablanca s’était effondré en silence, plongeant dans la tristesse les artistes de la ville. Seuls quelques rares journaux en avaient parlé et c’est justement l’un d’eux qui a publié un entretien accordé par Touria Jebrane. «J’avais dit que si l’on était dans un pays qui croit en la culture, ce théâtre existerait encore et serait transformé en musée ; mais hélas, nous sommes dans un pays qui ne mise pas sur la culture». Elle paiera cette phrase très cher. Malmenée dans son propre pays, elle décide de tout lâcher et de partir en France. Elle y rencontre Acherif Khaznadar, le Directeur du Musée arabe qui lui apporte son aide ; et c’est ainsi qu’elle passera un an dans une troupe à Nanterre en même temps que des stages. Quand Tayeb Seddiki débarqua à l’improviste. «Il m’a annoncé que Nidal Achkar, un artiste libanais, avait eu l’idée de créer la troupe des artistes arabes qui va travailler pendant un an sur la pièce théâtrale inauguratrice du Festival de Jarach en Jordanie et que j’avais été désignée pour représenter le Maroc». Elle n’hésite pas une seconde et lâche tout pour se lancer dans une expérience qui va changer sa vie. Car après l’inauguration du Festival en présence du défunt Roi Hussein de Jordanie, Touria va se produire en Irak où elle reçoit le prix de la meilleure actrice sur la pléiade d’artistes arabes réunis dans cette troupe. Une consécration qui coïncide avec une nouvelle étape de sa vie.
«Lors de répétitions en Jordanie, je me rendais souvent dans les camps de réfugiés palestiniens chassés de leur terre en 1967 ; ces gens m’ont inculqué la patience, la force et la lutte pour une cause. Et je me suis posé la question : pourquoi fais-je du théâtre ? pour la célébrité ? pour l’argent ? ou pour défendre des valeurs ? La réponse me parut tellement évidente».
Depuis, elle ne fait plus que du théâtre militant, mais défend les causes arabes et nationales. Touria Jebrane vient de rentrer d’Algérie, qui accueillait le Festival national du théâtre professionnel, où elle a été encore une fois primée pour son œuvre.
Mais pour elle, la plus importante consécration reste l’amour des gens.


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