Il y a déjà plusieurs semaines que les services de la météorologie nationale scrutent le ciel à la recherche de la moindre perturbation atmosphérique. La sécheresse est tenace en cette période marquée généralement par les intempéries. L'aridité a touché tout le territoire national. Le gouvernement, fidèle à ses habitudes, semble le dernier à constater qu'il y a vraiment une crise et qu'il faut agir. Le constat est manifeste : nappe phréatique en baisse et, dans certaines régions, elle a atteint des niveaux alarmants. Les stockages au niveau des barrages commencent à diminuer avec la forte demande et on risque de rationner l'eau d'irrigation. Et au moment où les prix de l'aliment de bétail flambent, les productions de l'élevage baissent sensiblement. Des exploitants vendent leur cheptel à prix réduit, parfois même à perte, pour se libérer des frais d'entretien. Ils vivent entre le marteau de la sécheresse qui affecte leur trésorerie et l'enclume de la dette à laquelle ils peinent à faire face. Cette évolution défavorable de la saison agricole risque elle aussi d'impacter la croissance. Notre PIB demeure étroitement lié à l'agriculture, et le PIB non agricole, dans les circonstances actuelles, est dans l'incapacité de sauver les meubles. Le secteur emploie près de 50% de la population active et participe entre 12 et 16% au PIB sans compter ses effets d'entraînement sur d'autres secteurs. Cette situation nous rappelle que le Maroc a un climat semi-aride et qu'il reste à la merci des aléas climatiques. De ce fait, la sécheresse est un paramètre structurel et non conjoncturel. En outre, depuis des années, rien n'a été fait pour la mise à niveau du secteur agricole. La feuille de route pour sa restructuration et sa modernisation reste, pour l'instant, une utopie. Et tant que l'économie nationale continuera à dépendre substantiellement de la pluviométrie, la croissance jouera au yo-yo. C'est dire que seul un développement conséquent du PIB non agricole permettra à l'économie de se soustraire au diktat des caprices climatiques.