* Fort soutien pour le plan Emergence, le tourisme, lartisanat et le commerce intérieur. * Lagriculture et le textile moins bien lotis. Le projet de Loi de Finances 2008 veut donner un coup de pouce à la dynamisation de linvestissement privé, notamment dans les secteurs productifs. Il sagit aussi de soutenir lentreprise marocaine à travers plusieurs mesures à caractère fiscal, réglementaire ou économique. A cet égard, plusieurs mesures sont annoncées et dautres ont été reconduites puisquelles figuraient dans le programme du gouvernement Jettou. Mais selon plusieurs analystes et professionnels, le projet na pas donné une importance nécessaire aux secteurs-clés de léconomie, notamment les branches qui emploient le plus de main-duvre et qui ont des retombées sociéconomiques importantes comme le textile ou lagriculture. Pour Youssef Oubouali, professeur universitaire, «les priorités sectorielles ou économiques du projet de Loi de Finances sinscrivent dans le même esprit que celui des Lois de Finances du gouvernement Jettou. Léquipe de Abbas El Fassi na pas eu assez de temps pour réaliser sa propre mouture en toute indépendance par rapport à léquipe qui la précédée. Elle na suivi quun chemin déjà tracé pour des secteurs bien ciblés avec une stratégie et une vision claires. Je cite à cet égard comme exemple le tourisme ou loffshoring. Par ailleurs, dautres secteurs qui ont une situation particulière et qui ont des difficultés structurelles ou conjoncturelles nont pas bénéficié de lattention particulière quils méritent et je fais référence à lagriculture ou au textile». Oubouali a estimé que «la Loi de Finances 2008 est un projet de transition entre deux gouvernements et il faut attendre les prochains projets pour aspirer à de réels changements». En effet, les priorités sectorielles sont bien définies. Le plan Emergence (cher à Mezouar) figure en bonne place et chaque secteur le composant a bénéficié dune dotation à la hauteur de son développement. «La promotion du partenariat public/privé fait partie de la stratégie du gouvernement et concerne surtout les secteurs porteurs et de forte valeur ajoutée technologique et économique», a souligné Salaheddine Mezouar, ministre des Finances et de la Privatisation devant le Parlement. Mezouar a aussi mis en exergue leffort alloué aux secteurs à forte connotation sociale comme le commerce intérieur dont lEtat aspire à la restructuration afin de le démarquer de linformel. Le projet a alloué des crédits aux stratégies sectorielles du gouvernement comme 800 MDH pour le tourisme, dans le cadre de la vision 2010, 500 MDH pour la construction automobile, 267 MDH pour lartisanat, 250 MDH avec la vision 2015 pour loffshoring, 100 MDH pour les TIC et 50 MDH pour le plan Rawaj mais aussi à laeronautique. Le secteur de lagriculture a été le moins bien loti en matière de dotation budgétaire en comparaison avec les autres secteurs dont la variation est de plus de 8% par rapport à lannée 2007. Le département sera doté dun budget de 4.997 MDH en hausse de 4,1% par rapport à lannée 2007, la partie fonctionnement est de 1.880 MDH en hausse de 4,44% et la partie investissement de 3.117 MDH. «Cest dérisoire !», sindigne un président dassociation agricole. «On ne peut mener les réformes nécessaires pour assurer la mise à niveau nécessaire, ni le contrat-programme en labsence de moyens, surtout un financement adéquat à la hauteur de la mission escomptée», ajoute la même source. Outre les agriculteurs, le projet de Loi de Finances a suscité la grogne des textiliens. LAmith, lassociation représentant le secteur, est montée au créneau après son assemblée générale pour dénoncer les mesures contre-productives et qui risquent de causer la faillite de plusieurs PME. Le principal point de discorde concerne le régime suspensif de la TVA. Le projet Loi de Finances prévoit sa suspension car «il génère une gestion lourde et improductive et constitue une source de fraude non négligeable». «Cette mesure va impacter la capacité à lexport de notre secteur et la rendre moins compétitive par rapport à la concurrence», indique-t-on auprès de lAmith. LAssociation, dans un communiqué rendu public, réfute en bloc les motifs invoqués par le ministre des Finances.