* Informel, secret professionnel, déclaration de soupçon,.. des questions qui perturbent lapplication de la loi 43-05. * Les experts-comptables sont des assujettis par excellence, que ce soit au niveau du commissariat aux comptes ou du conseil. Les experts-comptables sont des assujettis par excellence de la loi 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. A cet égard, les professionnels sont appelés à jouer un rôle de premier plan en matière de lutte, de prévention et de contrôle de largent sale. Cette loi présente de grands enjeux pour les experts. Les conseils régionaux ont jugé opportun dorganiser une manifestation de lOrdre des experts-comptables de Casablanca & Sud et Rabat pour expliquer et débattre de la question. «La loi 43-05 vient compléter le Code pénal et sinscrit dans les recommandations de Bâle I et Bâle II pour renforcer les mesures de transparence», a souligné Faïçal Mekouar, Président de lOrdre régional des experts-comptables de Casablanca. La lutte contre le blanchiment dargent est devenue, depuis la convention de Vienne en 1998, une priorité de la communauté internationale. La délinquance financière réalise des montants énormes mais avec des dégâts néfastes sur léconomie. Cest un risque pour la stabilité économique et sociale des pays. Elle est estimée à 1.500 milliards de dollars, dont les deux tiers proviennent du trafic de drogue. 50% du flux transite par les zones offshore. Lactivité représente 5% du PIB mondial. Le Maroc, qui a opté pour louverture de son économie, est fortement concerné par la question. La promulgation de la loi a été bien accueillie par les professionnels, mais son application risque de créer certains problèmes notamment pour une économie dont une partie évolue dans linformel. La notion de soupçon sur laquelle est basée la loi est une notion vague. Pour bien lutter contre largent sale, il faut beaucoup dinvestissement, surtout pour la formation des ressources humaines et lacquisition du matériel adéquat. Les professionnels sinterrogent aussi sur la promulgation des décrets dapplication. La conférence a été loccasion pour présenter les deux grands axes de la loi. Il sagit de la partie pénale et de la partie préventive. Dans la partie pénale, la loi a défini linfraction et aussi les sanctions. Au niveau de la prévention, les textes ont énuméré une série de domaines dactivités qui sont à haut risque. La loi a aussi souligné, à titre indicatif, les domaines qui peuvent contribuer à la fluctuation de largent sale comme lachat de biens, le transfert ou la dissimulation de largent. «Le législateur a énuméré les sources de capitaux délictueuses», a souligné Mohamed Hdid, Président de la commission fiscale de la CGEM. Hdid a affirmé que les sanctions varient entre personne morale ou physique et quelles peuvent atteindre 3 MDH. Les sanctions sont renforcées davantage en cas de récidive. La loi 43-05 a défini les personnes assujetties. Il sagit des banques, des assurances, des conseillers fiscaux, experts, gestionnaire de fonds, dentreprises de gestion des casinos ou de jeux de hasard. Pour ce qui est des mesures préventives, la loi recommande plusieurs obligations, notamment de vigilance (information nécessaire sur les clients habituels ou occasionnels). Il y a également lobligation de procédure de renseignement financier qui nest pas le recueil des informations et qui dicte la déclaration de soupçon. Puis lobligation de renseignement financier qui sera confiée à lUnité de traitement de renseignement financier (UTRF) et qui sera sous la tutelle du Premier ministre. «LUTRF a des attributions entre ladministratif et le judiciaire», a affirmé Hdid. La loi a aussi stipulé la conservation et la mise à jour des documents. Pour sa part, Khalid Laâbi, contrôleur général du groupe BMCE Bank, a affirmé que «les banques doivent se renseigner sur lorigine de largent déposé. Depuis le mois daoût 2007, elles doivent adresser un questionnaire à leurs partenaires avec qui elles réalisent des importants flux». Laâbi a exposé également les techniques de blanchiment qui peuvent être simples, astucieuses ou complexes. Les niveaux dexposition diffèrent aussi. Il y a dabord le placement ou le prélavage qui consiste à introduire largent sale ; puis lemplacement ou le brassage et enfin lintégration ou lessorage où largent sale est réintroduit dans les activités légitimes. Le conférencier a également présenté quelques techniques de blanchiment comme les fractions des dépôts bancaires ; lachat dobjets de luxe ; fausses factures, paradis fiscaux ; transfert vers létranger ; remboursement anticipé des prêts ; opérations sur Internet ; utilisation des produits dassurance Les risques liés au blanchiment pour les assujettis sont aussi à lordre du jour. Laâbi en a mentionné quatre. Il sagit du risque dimage, ce qui porte atteinte à la confiance et lintégrité de lassujetti ; le risque pénal ; les sanctions professionnelles et administratives et enfin les risques réglementaires (avertissement, blâme, interdiction dexercer certaines opérations, retrait de lautorisation). Concernant la déclaration de soupçon, son classement nest pas définitif mais provisoire, il est question de faire un suivi des déclarations. Et surtout ne pas informer le client. «Il faut privilégier lapproche risque», a prévenu Laâbi. A cet égard, les professionnels doivent séquiper dune solution logiciel combinant filtrage des opérations bancaires et des bases de données. «Le profil du client détermine le niveau de risque et le filtrage doit se baser sur des procédures claires», a lancé Laâbi.