* Drogue, blanchiment d'argent, braquage de banques et de convoyeurs de fonds, falsification de monnaie... au service du «Jihad». * Ansar Al Mahdi a profité de la sympathie de certaines personnes pour extorquer de l'argent. Les services de sécurité ont déjoué encore une fois un complot terroriste visant des lieux touristiques et certaines personnalités dans plusieurs villes du Royaume. « La nouvelle cellule terroriste Ansar Al Mahdi, comparativement à celle qui a commis les attentats du 16 mai 2003, s'est dotée d'une force de frappe terrible, utilisant des moyens intelligents et sophistiqués pour commettre ses actes», a expliqué Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur dans un point de presse le 30 août dernier à Rabat. « La neutralisation de ce groupe islamiste, qui s'apprêtait à commettre des actes terroristes dans plusieurs villes du Royaume, montre la pertinence de l'approche adoptée jusque-là par les autorités vis-à-vis des cellules terroristes démantelées et traduites devant la Justice », a indiqué Benmoussa. Il a démenti « les allégations de certains milieux qui doutaient et qui doutent encore du danger terroriste qui guette notre pays». En effet, comme l'a signalé Benmoussa, « la cellule démantelée est arrivée à un niveau très élevé de préparation et elle voulait attaquer plusieurs villes comme Salé, Casablanca, Sidi Taïbi, Youssoufia, Sidi Yahia, Sidi Slimane, Tétouan.... Des personnalités connues ont été également visées ». Le ministre de l'Intérieur n'a pas précisé les noms, mais d'après certaines sources proches du dossier, il s'agit de Mohamed El Yazghi, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme et de l'Eau ; Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation ; Mohamed El Gahs, Secrétaire d'Etat délégué auprès du Premier ministre chargé de la Jeunesse... Le point commun entre ces personnalités est qu'elles sont membres du gouvernement et du parti de l'USFP et sont connues pour leur hostilité envers la pensée obscurantiste. Pour Mohamed Darif, professeur à la Faculté de Mohammedia, politologue spécialiste des mouvements intégristes, « les cellules terroristes visent surtout à destabiliser l'ordre public à travers des attentats tuant le maximum de civils, et à avoir un impact sur l'opinion publique. Les assassinats arrivent en seconde position. Pour eux, ce ne sont pas seulement les personnes de droite ou de gauche qui sont ciblées, mais chaque citoyen qui travaille au service de l'Etat». Pour assurer le financement de ses opérations et la création de son aile militaire à l'instar de ce qui s'est passé en Algérie, la cellule terroriste s'apprêtait à attaquer des banques, des bureaux de poste et des convoyeurs de fonds. Elle procédait également à la falsification de la monnaie nationale et envisageait d'effectuer le blanchiment de l'argent provenant de la vente de narcotiques. Elle a acheté des armes à certains barons de la drogue. «Tous les terroristes de la Salafiya Al Jihadia utilisent la règle d'or de Machiavel, à savoir que la fin justifie les moyens ; autrement dit, les moyens « haram » deviennent « halal » au service du Jihad », a expliqué Darif. Pour ce qui concerne les liens de la cellule avec les groupements terroristes, Benmoussa a affirmé qu'ils font partie de la Salafiya Al Jihadia sans prononcer le mot Al Qaïda. Selon Darif, les liens avec Al Qaïda sont idéologiques et non organisationnels ; tous les groupuscules « jihadistes » partagent la même pensée, ils ont les mêmes méthodes opérationnelles et d'organisation et une forte ressemblance au niveau de l'exécution de leurs actes. Les symboles de l'Etat sont leurs cibles privilégiées ». L'enquête se poursuit et devrait situer le niveau des liens avec les barons de la drogue. Benmoussa a indiqué que « le chef présumé d'Ansar Al Mahdi, le dénommé Hassan Al Khattab, est un ex-militaire et aussi un repris de Justice pour ses liens terroristes ». Pour l'heure, 54 personnes ont été arrêtées dont quatre femmes. Deux d'entre elles sont mariées à des pilotes de la RAM. Elles soutenaient financièrement le groupuscule et animaient des réunions avec la veuve de Abdelkrim Majjati, membre de la cellule d'Al Qaïda en Arabie Saoudite, tué dans une opération de ratissage. Les deux femmes ont déboursé chacune 150.000 DH pour financer des opérations «jihadistes» en Irak ou en Palestine. Le gouvernement, a fait remarquer Benmoussa, traite le dossier du terrorisme selon une approche transparente visant à informer l'opinion publique des dangers terroristes qui guettent le Royaume, appelant par ailleurs les médias à appréhender cette question en faisant preuve d'un esprit responsable et engagé. Il a précisé que « le démantèlement de la cellule d'Ansar Al Mahdi a montré que le terrorisme ne peut concerner uniquement les personnes pauvres, mais aussi des personnes appartenant à une catégorie socio-professionnelle aisée. Les hold-ups et les braquages de convoyeurs de fonds envisagés par la cellule terroriste ont remis à la surface la question du port d'armes chez les agents de sécurité privés. Dans un point de presse tenu à Rabat le 30 août dernier à l'issue du Conseil de gouvernement, Nabil Benabdallah a expliqué que « cela existe dans certains pays où le danger est imminent. Au Maroc, nous ne sommes pas arrivés à un tel niveau de gravité, les forces de sécurité - police, gendarmerie, forces auxiliaires, armée - font leur travail . Elles veillent à la sécurité des citoyens et de leurs biens.