* La démarche de l'artiste peintre Salima Raoui tente de s'inscrire dans un esprit universel. * Dans cet entretien, l'artiste nous évoque les diverses dimensions de sa nouvelle exposition. Finances News Hebdo : Votre rêve «serait de faire une exposition nomade sur chaque continent». Est-ce que cela veut dire que votre sensibilité artistique a cet aspect humaniste universel, ce fonds commun qui peut être compris par tous les genres et imaginaires ? Salima Raoui : Absolument, ma démarche personnelle et artistique allant de pair, je souhaite que mon travail s'exprime dans un langage universel, humaniste et pacifiste. L'identité une fois transcendée devient universelle, le message, la couleur, la forme, le symbole, la musicalité, le rythme et la transformation de la matière n'ont de but ultime que lorsqu'ils peuvent se lire, s'entendre, se voir, être ressentis et compris par tous. Le chemin de l'artiste qui dépasse ses propres besoins pour devenir authentique, témoigne ainsi du chemin de l'Etre humain, avec toutes ses facettes, ses couleurs, ses contradictions. F. N. H. : On remarque souvent une «dose» flagrante de mélancolie dans vos travaux. S'agit-il seulement du poids du temps ou d'une attitude, ou plutôt d'une simple prédisposition qui vous amine ? S.R. : La mélancolie est peut-être pour moi une forme de retour, de remémorisation de moments vécus, de tentative de pérenniser une émotion, un échange. Elle est aussi une forme de tendresse, elle colore un état d'âme, un désir d'arrêter le temps ou de le faire revivre dans d'autres formes. Une prédisposition oui, j'ai toujours eu le besoin de me dire : «regarde, il y a eu cela et cela, et cela passe très vite, alors Vis tout simplement... ». F. N. H. : Pourquoi avoir choisi ce thème : «De Tahanaout à Moulay Bousselham» ? Quelle serait la valeur symbolique que représentent ces lieux pour vous ? S.R. : Tahanaout c'est la terre, les oliviers, les partages entre artistes chez Mourabiti dans la résidence de l'artiste. C'est aussi un rappel de la terre et des oliviers de ma grand-mère, près de Meknès. C'est le corps. Un désir de m'ancrer par la terre. Moulay Bousselham c'est la mer, les oiseaux, un air un peu mystique, un peu sauvage, mouvement insaisissable. C'est le cur et l'intuition. Le thème est très important, je suis très habitée par les endroits que je découvre ou redécouvre depuis mon retour des USA. C'est un peu comme un pèlerinage avec un regard et un cur nouveaux. Une conscience du temps qui passe et de la valeur des paysages qui nous entourent et qui portent encore la trace de nos racines et de nos ancêtres. Le désir de rendre hommage à chaque espace, endroit qui m'a donné inspiration et couleurs, énergie et vie. F. N. H. : Enfin, quelles sont les grandes orientations de vos projets ? S.R. : Mes projets? Je n'ai que cela, j'espère avoir le temps et l'énergie pour les réaliser! Je serai en Californie et à New York pendant tout le mois prochain pour trouver où et comment continuer l'exposition qui prend fin à l'Institut français de Fès le 14 mars courant. Mon but est de la faire voyager. Ensuite, une exposition à Rabat en mai, une à Casa en juin et une en Wallonie en juillet, Incha Allah. J'aimerais que ma peinture voyage, je suis une nomade dans l'âme, ma peinture aussi!