Grâce à la volonté de SM le Roi et à la politique gouvernementale, nous sommes passés depuis pratiquement un an d'une Direction de l'alphabétisation à un Secrétariat d'Etat. Cela montre l'importance qu'accorde Sa Majesté ainsi que le gouvernement à ce phénomène, car l'analphabétisation est un frein au développement. Dans le cadre de ses actions visant à lutter contre le fléau de l'analphabétisme, le Secrétariat d'Etat chargé de l'Alphabétisation et de l'Education non-formelle a organisé une conférence en collaboration avec l'Institut allemand de Coopération Internationale sous le thème : « Dialogue interculturel entre le Maroc, le Maghreb et l'Allemagne ». Tour d'horizon avec Jamal El Achmit, Directeur du CNDA et conseiller de Madame Thay Thay Rhouzali, Secrétaire d'Etat auprès du Ministère de l'Education Nationale chargé de l'Alphabétisation et de l'Education non-formelle. Q : Quel est votre plan d'action pour cette année ? Notre plan d'action repose sur trois axes. Il s'agit, premièrement, du travail de proximité avec le citoyen. En second lieu, il y a la décentralisation et la déconcentration. Ce n'est plus le Secrétariat d'Etat à Rabat qui gère l'action de l'alphabétisation et de l'éducation non-formelle. Ce sont les délégations provinciales qui s'occuperont de cette tâche, chacun dans sa province. Chaque délégué provincial veillera à l'application des programmes concernant sa province. Il va même gérer les fonds qui lui sont affectés. Autrement dit, les délégations jouissent d'une autonomie financière et celle de gestion et d'évaluation. Le troisième axe est relatif à la rénovation des outils didactiques, lesquels doivent être plus performants. Le Secrétariat d'Etat chargé de l'Alphabétisation de l'Education Non-Formelle a aussi fixé des objectifs à court et à long terme. En matière d'alphabétisation, nos objectifs sont très ambitieux. Nous avons eu 500.000 personnes alphabétisées en 2001-2002 et nous voulons passer à un million en 2003-2004. Le budget de cette opération est double par rapport à l'année dernière. Q : Le Secrétariat d'Etat dispose-t-il de moyens financiers et techniques pour atteindre ces objectifs ? Là, il faut rendre hommage au gouvernement et surtout au Premier ministre, Driss Jettou, qui a réservé 50 millions de DH à l'opération de l'alphabétisation et l'éducation non-formelle. En ce qui concerne les moyens techniques et logistiques, il faut savoir que le Secrétariat d'Etat travaille sous l'égide du Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse. Cela va lui permettre de bénéficier de toute l'infrastructure du Ministère en question. D'un autre côté, pour arriver à respecter les échéances fixées pour atteindre nos objectifs, nous avons initié une stratégie en quatre axes : a) un programme général effectué par les délégations du MENJ qui vont s'occuper de 570.000 bénéficiaires dans 72 provinces ; b) l'implication de la société civile (associations) qui va s'occuper de l'alphabétisation de 269.000 personnes ; c) l'implication des secteurs publics tels le Ministère des Affaires Islamiques, le Ministère de la Justice, de la Pêche maritime, etc. Chaque Ministère s'occupera de ses propres bénéficiaires. L'objectif pour ces départements est d'atteindre le cap de 150.000 bénéficiaires ; d) l'implication des entreprises via la CGEM et l'OFPTT. Cette collaboration concernera 15.000 personnes. Quand on fait donc le calcul, on se retrouvera avec un million de bénéficiaires. Le rôle du Secrétariat d'Etat dans toutes ces opérations est celui de coordination. Le Secrétariat d'Etat travaille ainsi avec une stratégie et des objectifs, mais également avec des priorités. La priorité pour nous est la femme et le monde rural. Pourquoi ? Parce qu'au Maroc 8 femmes sur 10 sont analphabètes dans le monde rural. N'oublions pas l'éducation non-formelle qui concerne les enfants de 8 à 16 ans. Comment former ces enfants afin de les réintégrer dans l'école classique ou dans la formation professionnelle ? Le programme d'alphabétisation s'occupe aussi des personnes ayant 16 ans et plus. Signalons que la campagne du programme général a déjà démarré en mai 2003. Nous avons atteint les 500.000 personnes. En octobre dernier, nous avons démarré la seconde tranche en collaboration avec la société civile ; sachant qu'en juin prochain nous devons boucler l'année 2003-2004 avec un million de bénéficiaires. Q : Que pouvez-vous nous dire à propos du Centre National du Développement de l'Alphabétisation (CNDA) ? C'est une association à but non lucratif créée en 1998. Elle bénéficie du soutien du Secrétariat d'Etat chargé de l'Alphabétisation. Nous avons pu alphabétiser, d'une manière cumulative, de 1998 à 2003, quelque 32.000 femmes dans le monde rural grâce bien sûr à l'appui du Secrétariat d'Etat. Notre objectif aujourd'hui est d'atteindre 12.000 femmes, notamment dans la région du Sud du Maroc (Souss-Massa et Darâa). CNDA uvre pour l'alphabétisation des ruraux, mais notre point d'excellence reste la création de coopératives agricoles, genre apiculture, élevage de chèvres et de vaches. Dans ce cadre, nous avons créé 11 coopératives au profit de 450 femmes. Q : Quels sont les objectifs visés à travers le séminaire organisé récemment à Casablanca en collaboration de l'Institut allemand de Coopération internationale ? L'Institut allemand de coopération internationale s'intègre dans la Confédération allemande pour l'éducation des adultes afin d'apporter un soutien technique et financier au Maroc. La rencontre de Casablanca était une occasion pour les délégations allemande, marocaine, tunisienne et algérienne d'échanger leurs expériences. Il y avait deux ateliers, un sous le thème « alphabétisation et formation continue » et le deuxième autour du « civisme et échange culturel ». La rencontre a connu la participation de plusieurs associations qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation. Le but de la rencontre était d'apprendre de l'expérience allemande pour former des formateurs, penser à un programme post-alphabétisation et puis soulever des fonds pour mettre en exergue les programmes établis par les gouvernements des pays maghrébins. Le Maroc a fixé des échéances qu'il compte respecter en matière d'alphabétisation. Nous comptons atteindre le degré zéro d'analphabétisation d'ici 2015. La volonté politique est là, il faut juste mettre les moyens au profit de ceux qui seront chargés d'appliquer le programme de l'alphabétisation et de l'éducation non-formelle.