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Tourisme / Vision 2010 : L’objectif sera-t-il atteint ?
Publié dans Finances news le 10 - 07 - 2007

* Les professionnels restent optimistes, même s’ils pointent du doigt la gouvernance, les outils de pilotage, ainsi que la problématique des ressources humaines.
* Le tourisme a drainé vers le Maroc plus de 6,5 millions de personnes en 2006, tout en enregistrant, durant les quatre dernières années, une croissance des arrivées de 10%.
La Vision 2010 atteindra-t-elle ses objectifs ? Si les avis divergent à propos de la réponse à cette question, les professionnels du secteur du tourisme sont, dans le fond, optimistes, mais ils ne cachent pas leurs préoccupations concernant certain obstacles qui entravent l’achèvement de plusieurs objectifs de la Vision.
Le tourisme a drainé vers le Maroc plus de 6,5 millions de personnes en 2006, tout en enregistrant durant les quatre dernières années une croissance de 10%. Et si la croissance du tourisme international pendant l’année 2005 a été de 5,5%, celle enregistrée par le Maroc durant la même année se situe à 7%. A ce titre, Jalil Benabbes Taârji, Président de la Fédération du Tourisme, déclare que «la Vision 2010 est aujourd'hui, globalement, une réalité palpable. Ce ne sont pas les quelques retards de calendrier qui atténueront notre enthousiasme. Les plans Azur et Mada'in sont de très gros chantiers structurants qu'il convient donc de juger dans la durée. La demande royale pour le lancement concerté des travaux de fond pour la préparation de la «Vision 2020» est la meilleure réponse et est une récompense aux efforts des acteurs du tourisme marocain!». Cependant, l’Accord-cadre et l’Accord d’application qui définissent le cadre général de la Vision, citent d’autres objectifs que ceux relatifs aux arrivées des touristes. A savoir, la création d’emplois et la formation des ressources humaines, l’augmentation des investissement dans le domaine du tourisme, l’accroissement des capacités d’accueil… qui ne s’inscrivent pas tous dans le même rythme de croissance.
Encore des déficits
«Nous souffrons de deux déficits que sont la gouvernance et les outils de pilotage d'une part, et la problématique des ressources humaines, d'autre part», affirme Jalil Taârji. Il précise que «pour ce qui est de la gouvernance, les dispositions des articles 53 à 57 de l'accord d'application de l'accord-cadre du Tourisme et l'absence d'une loi-cadre (Article 58) engendrent un déficit important et nous coûtent beaucoup d'énergie mal investie».
Rappelons à ce niveau que selon l’article 58 du cadre d’application de la Vision ( restructuration légale du cadre institutionnel régissant le secteur du tourisme), les parties décident d’inscrire l’ensemble des mesures décrites aux articles 33 concernant la promotion des produits touristiques, et ceux qui sont notés aux articles 55 (restructuration des organes d’intervention de l’Etat), 56 (réorganisation des associations professionnelles) et l’article 57 portant sur la création d’instances mixtes au niveau national et régional, au sein de textes appropriés éventuellement sous forme d’une loi-cadre. Jalil Taârji stipule à ce niveau que «le gouvernement sortant n'a pas jugé bon, à tort, de programmer cette loi-cadre dans ses priorités. Nous comptons bien revenir à la charge avec la prochaine équipe et relancer notre projet de Code du Tourisme!»
En outre, au moment où la demande concernant les ressources humaines n’a jamais été aussi forte suite à l’actuelle frénésie touristique, le manque en terme de personnel est criant. «Pour ce qui est des ressources humaines, les torts sont partagés : les entreprises (les établissements d'hébergement en particulier) du secteur privé utilisent trop peu les instruments de formation professionnelle existants et les pouvoirs publics gagneraient à remonter cette question dans leur priorité. Depuis cinq ans bientôt, les écoles hôtelières dépendant du ministère du Tourisme doivent être transférées à l'OFPPT : les pouvoirs publics ont trop hésité face à un syndicat d'enseignants peu responsable. Ces deux chantiers sont des chantiers qualitatifs et déterminent de ce fait tout le reste», conclut Jalil Taârji.
Dans ce sens, il est clair que si la Vision 2010 a bien fixé un objectif quantitatif, celui de la création de 600.000 emplois, en revanche l’axe relatif à la qualité de la formation a été mal géré.
L’équation : financement -
capacité d’hébergement
Avec une croissance de 8,8% en 2004, le taux de croissance de la capacité d’hébergement n’a été que de 4% en 2005, soit 124.200 lits. Ce qui a fait dire à Adil Douiri, ministre du Tourisme, durant les Assises internationales du tourisme tenues au début du mois d’avril 2006 à Tanger, que la création de 5.500 lits en 2005 n’est pas à la hauteur de la Vision 2010. Pour satisfaire ce besoin accru en terme de capacité d’accueil, le Maroc a connu la mobilisation d’énormes capitaux en 2006. En fait, si le trio composé de la CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion), la Banque Centrale Populaire et Attijariwafa bank a alloué 2,5 milliards de DH sous forme d’un fonds d’investissement pour le tourisme, la BMCE Bank a consacré, à elle seule, 2,5 milliards de DH à ce secteur. D’autre part, le Maroc a enregistré une arrivée massive de capitaux étrangers, notamment ceux provenant des pays du Golfe, dont le but est l’investissement dans le secteur du tourisme. Cela s’est reflété positivement sur la capacité d’hébergement, en engendrant une croissance de 7% pour atteindre 133.230 lits en 2006. Jalil Taârji affirme à cet égard que «structurellement, nous sommes en situation de quasi «surinvestissement» puisque sont programmés des infrastructures et ressorts hors plans Azur et Mada'in. L'arbitrage est difficile entre l'indispensable planification et la base libérale de notre économie ! Le débat n'est pas tranché alors que dans de nombreuses zones nous sommes en «dépassement».
Enfin, le Président de la Fédération du Tourisme avance à propos de certains facteurs qui peuvent avoir un effet négatif sur le développement du secteur, comme le terrorisme, qu’«au-delà de la conjoncture immédiate, leur impact devient de plus en plus marginal. Les autorités publiques sont mobilisées et, avec elles, l'ensemble des opérateurs privés».


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