* Depuis 2001, le Maroc comme de nombreux pays de par le monde, utilise le système de Comptabilité nationale de 1993. * Parmi les données qui doivent être mobilisées dans un proche avenir, on relève les données comptables des entreprises non financières. Finances News Hebdo : Quels sont les enjeux de la mise en place du système de comptabilité nationale de 1993 pour l'économie marocaine ? Afkir Mostapha : Le système de Comptabilité nationale de 1993 (SCN 1993) est une norme mondiale de comptabilité nationale, adoptée en 1993 par la Commission Statistique des Nations Unies. Cette norme a remplacé le système des Nations Unies de 1968 (SCN 1968). Par rapport au SCN 1968, le SCN 1993 est plus développé et totalement intégré. Il facilite l'analyse économique et permet de mieux servir à des prises de décision et de définition des politiques économiques. Il fournit des instruments d'analyse importants (comptes et tableaux) pour la connaissance et le suivi de l'activité économique du pays et des comportements des différents acteurs ou agents de l'économie nationale. Il permet donc d'approfondir l'analyse économique et d'aider aisément à l'élaboration de modèles économiques de simulation, d'impact et de prévision. Ce système présente aussi d'autres avantages par rapport au SCN 1968 ; il a en particulier permis une harmonisation avec d'autres systèmes statistiques comme la balance des paiements, les statistiques monétaires et financières et la comptabilité publique (le système préconisé par le FMI en matière de statistiques des finances publiques n'est pas encore mis en application au Maroc). Il présente de même une souplesse par rapport à l'ancien système en permettant notamment l'adaptation des nomenclatures aux réalités des pays et la construction des matrices de comptabilité sociale susceptibles d'être utilisées à des fins d'analyse et à la modélisation d'équilibre général. Les comptes satellites sont aussi recommandés par le SCN 1993 en complément à son cadre central pour développer et approfondir l'analyse dans des domaines spécifiques tels que le tourisme, l'environnement, l'éducation, l'habitat, l'énergie . Pour le tourisme, des comptes satellites sont déjà produits pour les exercices 1998, 2001 et 2003. Ainsi, la mise en uvre du SCN 1993 a permis la mise à niveau des comptes nationaux au Maroc. Les nouveaux comptes offrent désormais divers outils aux différents utilisateurs et décideurs pour l'analyse et le suivi de l'économie nationale ainsi que la définition et le suivi de l'exécution des politiques économiques. F. N. H. : Peut-on savoir dans quelle mesure les nouveaux comptes nationaux prennent en considération les changements qui peuvent affecter l'économie ? A. M. : Les nouveaux comptes nationaux de base 1998 sont beaucoup plus développés et plus intégrés que ceux de base 1980 qui étaient élaborés selon le SCN 1968. Ils constituent un excellent moyen d'information pour connaître l'économie nationale aussi bien en structure qu'en évolution. Ces comptes couvrent l'économie sous ses différents aspects : Biens et services : les comptes correspondants permettent de connaître et de suivre dans le temps la provenance des biens et services (production ou importation) et les diverses utilisations qui en sont faites par les différents agents économiques (consommation intermédiaire, consommation finale, FBCF, exportations, variation des stocks). Structure de production et création de valeur et leurs changements dans le temps grâce à la confection en permanence des comptes de branches et du tableau de synthèse «tableau des Ressources et des Emplois : TRE». Analyse des comportements des agents économiques et de leurs changements dans le temps grâce à la confection en permanence de la séquence complète des comptes d'agents ainsi que des tableaux ; « tableau des comptes économiques intégrés : TCEI» et «tableau des opérations financières : TOF». Ces derniers permettent une lecture combinée et intégrée des différents comportements des agents économiques (y compris l'extérieur) et ce, au niveau de la création de valeur, de distribution primaire et secondaire et de l'utilisation de revenu, de l'accumulation de capital et de financement. F. N. H. : Peut-on prétendre que le Maroc dispose aujourd'hui de données compatibles, complètes, cohérentes et fiables ? Sinon, quelles sont les contraintes ? A. M. : Le Maroc dispose désormais pour chaque année des comptes nationaux et des tableaux de synthèses (TRE, TCEI et TOF) beaucoup plus développés et complets. Ils sont totalement articulés et cohérents. Ils fournissent des informations à des niveaux fins des nomenclatures. Ces comptes sont complétés par des comptes satellites et des matrices des comptes sociaux pour affiner l'analyse. Ces différentes informations ont déjà servi à diverses analyses et études faites tant au niveau national (utilisateurs nationaux) qu'au niveau international. Ces données sont également prises en compte dans le cadre des programmes de comparaisons internationales. Pour pérenniser les efforts entrepris à ce jour et apporter des améliorations dans le futur, il est important de développer le système statistique national, en particulier les statistiques d'entreprises par la mise en place d'un répertoire et d'un identifiant fixe et aussi par l'exploitation en permanence de toutes les données comptables d'entreprises qui sont disponibles dans certains départements ministériels.