Dans le sillage de la réforme du régime de change vers plus de flexibilité, les exportateurs marocains ne sont pas favorables à une quelconque revue à la baisse de la valeur du Dirham, et ce pour des raisons liées à la physionomie de la balance commerciale du pays. De surcroît, ils considèrent que les gains de compétitivité des produits nationaux sont à chercher en dehors d'une dévaluation compétitive. Même si plusieurs indicateurs de l'économie nationale enregistrent une nette amélioration (taux d'inflation, niveau des réserves de change, allègement du déficit des comptes extérieurs), certaines voix se lèvent pour appeler à des réformes plus ambitieuses. C'est dans cette optique que la réforme du régime de change vers plus de flexibilité prend de plus en plus de place dans le débat public. Il faut rappeler qu'un régime de change plus flexible à terme pourrait permettre au Maroc d'être mieux intégré à l'économie mondiale grâce à la préservation de la compétitivité et à l'amélioration de la capacité d'absorption des chocs extérieurs auxquels le pays est toujours exposé. Soulignons que les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont annoncé récemment, lors de leur passage à Rabat, que le pays n'était pas sous pression l'astreignant à initier cette réforme qui, pour certains, incite à s'interroger sur le niveau du Dirham par rapport aux devises du panier de cotation (Euro et Dollar). Si pour les experts de l'institution de Bretton Woods le Dirham est à son niveau d'équilibre, donc non surévalué, certains opérateurs économiques pensent le contraire et estiment que la valeur de la monnaie nationale est un handicap pour les exportations du pays. Ce qui les conduit à prôner la dévaluation compétitive, une mesure adoptée par la Chine, qui a provoqué l'ire de bon nombre de capitales occidentales. Ces dernières estiment que l'empire du Milieu maintient le cours du Yuan artificiellement bas. Face à la divergence des points de vue, l'important est de connaître la position des exportateurs marocains sur la question de la valeur de la monnaie nationale et de l'opportunité de procéder à sa dévaluation. Il est tout de même utile de préciser que le Dirham se déprécie ces derniers temps face au Dollar américain qui ne cesse de se renchérir à cause, entre autres, du resserrement de la politique monétaire de la FED. Cette perte de valeur a d'ailleurs affiché durant le mois de décembre 2016 un seuil jusque-là jamais atteint depuis décembre 2002. Contacté par nos soins sur l'opportunité de la dévaluation du Dirham, la position de Hassan Sentissi, président de l'Association marocaine des exportateurs (Asmex) est sans ambages. La compétitivité est à chercher ailleurs «Le débat récurrent portant sur l'opportunité de la dévaluation de la monnaie nationale surgit pratiquement tous les deux ans», note le patron des exportateurs. Et d'ajouter: «En l'état actuel des choses où la valeur des importations nationales est au-dessus de la barre des 40 Mds de dollars et celle des exportations autour de 23 Mds de dollars, il est inopportun de dévaluer le Dirham». En d'autres termes, une dévaluation aurait la fâcheuse conséquence d'augmenter les sorties de devises du pays. Notons que le Maroc n'affiche pas une surproduction de biens exportables nécessitant la revue à la baisse de la valeur du Dirham. Par ailleurs, Hassan Sentissi n'a pas manqué de souligner que le taux de change marocain, quoique fixe, évolue en fonction des variations de l'Euro et du Dollar. Par ailleurs, dans ce contexte en proie au débat portant sur la flexibilité du régime de change, les exportateurs plaident pour l'intégration d'autres devises dans le panier de cotation. Bien entendu, ces devises concernent celles des pays avec lesquels le Maroc échange. L'autre motif ne justifiant pas la dévaluation du Dirham est son faible impact sur l'accroissement des ventes à l'étranger. De l'avis de certains dirigeants d'entreprises exportatrices, une telle mesure permettrait d'augmenter légèrement les exportations marocaines vers la Russie. Ceci dit, le patron de la société Copelit, spécialisée dans les produits halieutiques, reste convaincu que la monnaie nationale ne constitue pas un handicap pour les exportations. D'ailleurs, ces dernières années, les ventes à l'étranger ont progressé, comme en témoigne la bonne tenue de certaines industries (automobile, aéronautique, agroalimentaire, etc.). Du côté de l'Asmex, on considère qu'une meilleure compétitivité des produits marocains, notamment à l'export, est conditionnée par d'autres facteurs-clefs, pour ne citer que la qualité, le degré d'innovation et le bon rapport qualité-prix. M. Diao L'absence de flotte maritime nationale, une contrainte majeure «Nous ne disposons pas d'un seul bateau battant pavillon marocain», s'offusque le patron des exportateurs marocains (Asmex), pour qui l'un des obstacles majeurs au développement des exportations nationales est l'insuffisance des moyens de transport maritime. Or, le grand paradoxe est que ce mode de transport assure plus de 95% du commerce extérieur marocain. D'où la nécessité de reconstituer la flotte maritime nationale, car cette dernière réduirait le déficit commercial de l'ordre de 6%. Ce qui est loin d'être négligeable.