Vers une «flexibilité contrôlée» Le dollar se renforce dans le dirham aux dépens de l'euro, avec respectivement 40% et 60% de pondération. Après l'ouverture du compte en capital, la révision du panier de cotation du dirham décidée hier est un pas important vers la réforme du régime de change marocain. Cela permettra une meilleure maîtrise du risque de change, aussi bien pour les échanges commerciaux que pour le service de la dette extérieure. Il n'est plus question d'aller vers la convertibilité totale du dirham, mais vers une flexibilité contrôlée. Le Maroc est en train d'inventer un modèle en matière de régime de change. «Il y a plusieurs scénarios envisageables sur lesquels nous nous penchons, avec la Banque centrale, pour assurer ce double objectif d'un régime de change flexible et contrôlé», annonce Mohamed Boussaid. Elle était attendue; la décision est tombée hier lundi. Le panier de cotation du dirham a été effectivement modifié le 13 avril 2015 par une décision conjointe du ministère de l'Economie et des finances (MEF) et de Bank Al-Maghrib (BAM). La monnaie nationale est désormais définie par un panier de devises composé à 60% en euro et 40% en dollar, renforçant ainsi la part du dollar en doublant sa pondération, qui ne représentait la veille que 20% du panier de cotation. «Cet ajustement technique a été décidé sur les pondérations des devises du panier de cotation du dirham afin de refléter la structure actuelle des échanges extérieurs de notre pays», indiquent les deux institutions dans un communiqué conjoint. «Lors de ce changement, l'actualisation des pondérations du panier est sans impact sur la valeur du dirham qui est globalement en ligne avec les fondamentaux de notre économie, comme en témoigne la dernière évaluation du FMI au titre de l'article IV pour l'année 2014», poursuivent les équipes de Mohamed Boussaid et de Abdellatif Jouahri. Seulement «plus» de flexibilité Ainsi, comme l'avait à plusieurs reprises évoqué le gouverneur de la Banque centrale (cf. www.leseco.ma), il s'agit d'une première étape vers la «flexibilisation» du régime de change marocain. «L'actualisation du panier du dirham devrait constituer un premier pas dans le processus de transition vers un régime de change plus flexible visant à renforcer la compétitivité de notre pays et la résilience de notre économie face aux chocs exogènes», annoncent le MEF et BAM. Si cette transition était d'ores et déjà annoncée, la nouveauté réside dans la nuance: il ne s'agit donc pas d'une transition vers un régime de change flexible, mais seulement vers un régime «plus» flexible. En effet, comme le confirme Boussaid dans ses réponses aux ECO, «Lorsque l'on parle de flexibilité du régime de change, nous parlons de flexibilité contrôlée, pas d'une convertibilité totale». Pas de convertibilité totale! Voici une nuance de taille, qui change du tout au tout les perspectives de révision du régime de change, surtout que les crises de change qu'ont traversées les pays émergents pendant la crise internationale ont toujours été intégrées dans les précieuses analyses de Jouahri, gouverneur de BAM. Ainsi, la convertibilité totale du dirham n'est plus de mise; il est désormais question d'une «flexibilité contrôlée». Le Maroc est en quelque sorte en train d'inventer un modèle en matière de régime de change. «Il y a plusieurs scénarios envisageables sur lesquels nous nous penchons, avec la Banque centrale, pour assurer ce double objectif», déclare aux ECO le ministre de tutelle, avant de poursuivre: «nous ne pouvons pas rester, pour notre compétitivité, sur un taux de change fixe, avec une politique économique et une politique monétaire telles que les nôtres». Les choses sont désormais plus claires: il n'est pas question de calquer notre futur régime de change sur d'autre expériences, mais bien de mettre en place un système de change au service des spécificités de l'économie nationale. Verdict dans «un futur proche», conclut Boussaid.