Wilbur Ross, le financier multimilliardaire, Betsy Devos, héritière multimilliardaire et 88ème fortune américaine dans le classement Forbes 2016, Todd Ricketts, milliardaire, Harold Hamm, multimilliardaire... Et la liste n'est pas exhaustive. Vous ne les connaissez pas bien encore, mais vous entendrez certainement parler d'eux bientôt. Quand Trump prendra ses quartiers à la Maison Blanche. Eux, c'est sa garde rapprochée, ou du moins ceux qui vont composer son prochain cabinet. Quand on connaît le personnage, nous sommes tentés de dire qu'il ne s'est pas remué les méninges bien longtemps pour constituer son équipe : on croirait en effet qu'il les a piochés tout droit de Forbes. Celui qui a, durant toute son campagne, dénoncé le système, est parti pour avoir comme gouvernement un club de milliardaires. On estime déjà la fortune de sa future équipe probable à quelque 35 milliards de dollars. Gênant ? Pas forcément. Convenons-en, il est quand même préférable d'avoir des ministres milliardaires que des «crève-la-dalle». Cela ne les exonère pas forcément de la forfaiture, mais un ministre avec un compte en banque bien rempli aura moins tendance à confondre son argent avec celui de la collectivité. L'histoire politique de l'Afrique est très édifiante à ce titre. La politique y est davantage un métier, un raccourci pour se remplir vite les poches. Combien sont-ils de dirigeants en Afrique devenus outrancièrement multimilliardaires uniquement parce que les citoyens leur ont, par outrecuidance, donné les clés du pouvoir ? Combien sont-ils à s'être enrichis illicitement sur le dos de peuples qui croulent dans la misère ? Combien sont-ils à avoir illégalement enrichi leurs familles, proches et amis avec l'argent du peuple ? Ils sont nombreux et se reconnaissent. Et ce sont eux, chaque matin, qui se lèvent pour aller quémander quelques miettes à l'Occident afin de sortir leur pays de la pauvreté. Forcément, quand on fait de la politique pour bénéficier des privilèges indus qu'on peut en tirer en toute impunité, quand la politique sert d'échelle sociale, on ne peut se surprendre de voir que certains pays de l'Afrique sont le terreau de chouanneries meurtrières : on tue pour être président, on s'assoit sur son honneur pour avoir un portefeuille ministériel, on est dans la compromission et la bassesse pour se voir octroyer quelque faveur. Pas étonnant donc de voir que certains dirigeants africains tentent de filialiser le pouvoir à travers des manœuvres visant, au crépuscule de leur vie, à le céder soit à un fils désigné, soit à un proche, ou encore un membre du clan... Cela, jusqu'à ce qu'un jour certaines intelligences rebelles se réveillent brutalement, d'une façon sanglante, pour leur offrir une fin atroce. Terminons quand même par une note d'optimisme. De plus en plus de pays africains s'essaient, tant bien que mal, à la déclaration de patrimoine des élus du peuple à leur prise de fonction. Un premier pas vers la transparence certes, mais qui reste, avec le recul, assez risible : cela n'a en effet de sens que si, effectivement, l'on évalue également le patrimoine de l'élu à la fin de son mandat. N'est-ce pas ?