Sur un fait, les observateurs avertis son unanimes : lAfrique pâtira de la crise financière internationale. Plusieurs canaux de transmission sont dès lors identifiés, avec notamment les baisses des transferts des migrants, des transactions commerciales, des investissements directs étrangers, des aides et dons Tous les ingrédients pour accroître la vulnérabilité de populations à la situation déjà précaire. Mais il faut dire que la crise à venir est de loin moins importante que celle endémique qui touche particulièrement le continent noir depuis laube des indépendances. Autrement dit, un demi-siècle. Car, lAfrique souffre davantage de ses dirigeants. Ceux qui, dès les premières lueurs dune «liberté» recouvrée, ont oublié les discours mobilisateurs pré-indépendances pour sessayer à trouver les moyens de prolonger lexercice du pouvoir. Ceux qui se sont affranchis du joug colonial pour rester, à nimporte quel prix, prisonniers dun pouvoir avilissant. Ceux pour qui le goût du pouvoir vaut bien plus que les chouanneries meurtrières dont ils sont à lorigine et qui ont fait des millions de victimes. Ceux qui sattèlent à vite senrichir sur le dos du peuple avant que ne se réveillent certaines consciences rebelles pour mettre fin, dune manière brutale, et souvent sanglante, à la dilapidation et aux détournements des fonds publics. Et pendant quils se disputent les miettes que leur confère parfois un pouvoir illégitime, lOccident pille leurs ressources devant des populations crédules et fatalistes et une intelligentsia au silence bien complice. Où va lAfrique ? Il semble utile de se le demander quand on sait, aujourdhui, que léquation que nos dirigeants singénient à résoudre nest point de voir comment sortir les populations de leurs souffrances, mais plutôt comment faire durer les privilèges souvent indus que leur procure le pouvoir. Et Cela, bien évidemment, suscite des vocations. Mon propos, à ce titre, va paraître cru. Première vocation : la prolifération des prostitués politiques sous lemprise dune transhumance au parfum de corruption et de compromission, avec, à la clé, la promesse dun fauteuil douillet au sein des hautes sphères de lEtat. En cela, est-il de plus en plus fréquent de voir un politique qui broutait hier dans les prés libéraux, ruminer aujourdhui chez les socialistes et éructer demain du côté des communistes. Seconde vocation : travestir les principes démocratiques élémentaires pour se maintenir au pouvoir. Ou pour le transmettre à leurs proches. Pas forcément la famille politique. La famille tout court. Ainsi, sessaye-t-on de plus en plus à poser maladroitement les jalons dune succession à travers des tentatives de «filialisation» du pouvoir. Histoire de reproduire les mêmes modèles qui maintiendront toujours lAfrique en position déternelle assistée. Alors, la crise ? Elle restera toujours chevillée au corps de lAfrique tant quelle ne saffranchira pas de ces «modèles-types» de dirigeants. Et malheureusement, nous ne vivrons pas assez longtemps pour en être les témoins. Pour dire que ce nest pas demain la veille.