Après avoir hésité, Saham Assurance assure étudier l'opportunité de se lancer dans l'assurance Takaful, en se reposant sur son partenariat signé avec le Crédit du Maroc. Les autres majors du secteur, à savoir Wafa Assurance, RMA, Atlanta, mais aussi la BCP avec MCMA, sont déjà en ordre de bataille. Des rumeurs insistantes la disaient non-partante. Finalement, Saham Assurance va bien se lancer dans l'assurance islamique, plus connue sous l'appellation Takaful, comme nous l'a assuré le management de la compagnie. Alors que la compagnie semblait hésitante, voire pas du tout intéressée il y a encore quelques mois de cela (voir encadré), les choses ont changé depuis que Saham Assurance a signé un partenariat exclusif de 10 ans avec le Crédit du Maroc dans la banque assurance. La donne a donc changé. Il est vrai que pour un assureur non adossé à une banque, cas de Saham, l'assurance Takaful, telle qu'elle sera lancée au Maroc, n'a pas vraiment d'intérêt. Mais en s'alliant avec le Crédit du Maroc, qui se lance dans un projet de banque participative, la compagnie dirigée par Mehdi Tazi se voit offrir de nouvelles opportunités dans ce domaine, dans la mesure où tout crédit contracté auprès d'une banque participative devrait, en principe, être adossé à une assurance conforme à la Sharia. De quoi nourrir de nouvelles ambitions pour Saham dans l'assurance participative. Des ambitions que nous confirme le management de la compagnie : «Nous avons signé le contrat d'exclusivité avec le Crédit du Maroc, la question de savoir si nous y allons ou pas ne se pose plus. Le projet Takaful est donc à l'étude». Saham Assurance reconsidère ainsi sa position. Mais n'est-ce pas un peu tard, alors que la loi a déjà été publiée au Bulletin officiel en août dernier et que les circulaires sont annoncées pour la fin de l'année, comme nous l'avait confié l'ACAPS sur ces mêmes colonnes ? La BCP et MCMA ont aussi un projet Takaful La question se pose aussi au regard de l'état d'avancement du projet Takaful des autres compagnies. Wafa Assurance a, par exemple, déjà annoncé en juin dernier la création d'une Direction générale dédiée au projet Takaful, qui accompagnera la future banque participative d'Attijariwafa bank. L'objectif affiché est de devenir leader sur la région. RMA Watanya devrait aussi accompagner la future banque participative de BMCE Bank, en association avec le bahreïni Al Baraka Bank. Le management de RMA a fait part à plusieurs reprises de son intention d'investir ce nouveau créneau, en s'appuyant sur des fonds propres importants pour y investir. Même son de cloche du côté du Groupe Holmarcom, la holding qui détient Atlanta Assurance. La compagnie a des ambitions dans le Takaful en s'alliant avec CIH Bank, qui aura sa banque participative en partenariat avec le qatari QIIB. «Techniquement, la compagnie est prête. Nous attendons comme tout le monde les agréments des autorités», faisait-on savoir chez Atlanta, au moment de la présentation des résultats annuels. Quant à la Banque Centrale Populaire, qui se lance dans la finance participative à travers son alliance avec l'américain Guidance Financial Group, elle développe un projet Takaful en partenariat avec l'assureur MCMA, comme nous l'a confié une source à la banque. Pour rappel, les deux sociétés ont déjà lancé une filiale commune dans l'assurance classique début 2015, Attaamine Chaabi. Elles comptent rééditer ce scénario dans l'assurance participative. Alors Saham, en retard par rapport à la concurrence ? Pas vraiment, à en croire le management de la compagnie. «Nous ne sommes pas dans l'urgence. Notre partenariat avec CDM court encore pour 9 ans et demi. De plus, renchérit notre interlocuteur, le processus d'élaboration des circulaires va prendre beaucoup plus de temps qu'on ne peut le croire. Il ne faut pas s'attendre à un lancement effectif avant l'été 2017». A. Elkadiri Quand Saham se montrait peu emballée par Takaful Saham Assurance a émis plusieurs signaux qui laissaient entendre que l'assurance Takaful n'entrait pas dans ses priorités immédiates. En mars dernier, lors de la présentation des résultats annuels de la compagnie, Mehdi Tazi, PDG de Saham Assurance, déclarait à propos de l'assurance Takaful : «Pour l'heure, nous avons d'autres priorités». Le management de la compagnie fondait alors sa position sur une étude de marché qu'il a diligentée il y a plus d'un an de cela sur l'évaluation de cette nouvelle niche. Les résultats de cette étude auraient montré que le volume d'activité de l'assurance Takaful ne devrait guère représenter plus de 10% des activités de la compagnie. Une pénétration faible et une nouvelle industrie pas assez rentable, selon les dires du management de Saham à l'époque. Auparavant, dans un entretien accordé à l'Oxford Business Group, le PDG de Saham avait là encore tenu à relativiser l'impact de l'assurance Takaful. «Au Maroc, le marché de l'assurance Takaful pourrait atteindre entre 650 millions de DH et 1,3 milliard de DH au bout de cinq années d'activité, comparé aux 10 milliards de DH que génère la branche Vie. Nous pensons que la pénétration des produits Takaful pourrait atteindre entre 5 et 10% au bout de 10 ans», déclarait alors le PDG de Saham Assurance. Il cite également la Turquie et l'Indonésie, dont la pénétration des produits Takaful n'a respectivement guère dépassé 7,5% et 4,3% du marché global. En Egypte, ce taux s'établit à 4% au bout de 6 ans. Bref, à l'évidence, Saham Assurance semblait peu emballée par l'assurance islamique.