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ENTRETIEN : «Une croissance pérenne est tributaire d'une transformation structurelle de l'économie»
Publié dans Finances news le 28 - 10 - 2016

Dans un contexte de plus en plus complexe, le Maroc est appelé, aujourd'hui plus que jamais, à procéder à une transformation structurelle de son économie.
La croissance se situera au niveau projeté (4,5%) dans la Loi de Finances 2017, si la valeur ajoutée agricole affiche une nette amélioration après la baisse de 8% en 2016. Les dispositions de la nouvelle loi organique relative à la Loi de Finances en matière de maîtrise des dépenses devraient concourir à une réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB. Efficacité de la dépense publique, renforcement de la transparence des finances publiques et lisibilité budgétaire sont les mots clés qui reviennent avec insistance dans les propos de l'économiste et universitaire Larabi Jaïdi, pour un Maroc qui aspire à rejoindre le cercle des pays émergents.
Finances News Hebdo: Le Projet de Loi de Finances pour l'année 2017 vise à réaliser un taux de croissance du PIB de 4,5% et à ramener le déficit budgétaire prévisionnel à 3% du PIB. Ces objectifs vous semblent-ils réalisables si l'on prend en considération que la campagne agricole et les fluctuations du cours du pétrole sont très déterminantes dans la réalisation de ces objectifs ? A défaut de ces hypothèses, de quelle marge de manœuvre disposent les pouvoirs publics pour réaliser ces objectifs dans un contexte qui n'est pas très favorable sur le plan international ?
Larabi Jaïdi: L'année 2017 va vraisemblablement finir avec une performance meilleure que celle de l'année en cours d'achèvement. Pour une raison bien simple : quand on réalise un résultat de croissance faible dans une année déterminée, vous avez toutes les chances de réaliser une meilleure performance l'année qui suit. A condition évidemment que les facteurs déterminants de la création de la richesse - la pluviométrie et la demande externe adressée au Maroc - ne marquent pas une régression par rapport à l'année dernière. Tenant compte des hypothèses classiques retenues dans la configuration du Budget, à savoir une production céréalière de 70 millions de quintaux après 33,5 millions en 2016, un baril à 54 dollars, un accroissement de la demande étrangère, un investissement public en légère augmentation, il est probable que la croissance tourne autour de 4,5%, comme le prévoient les institutions publiques de prévision. Il est attendu que la valeur ajoutée non agricole accélère son rythme de progression du fait de la bonne tenue de la consommation finale intérieure, de la progression de l'investissement et de l'amélioration de la situation des échanges extérieurs des biens et services. La croissance se situera au niveau projeté si la valeur ajoutée agricole affiche une nette amélioration après la baisse de 8% en 2016.
La poursuite du redressement des équilibres macroéconomiques et le rétablissement de la solvabilité de l'économie marocaine figurent parmi les priorités des Lois de Finances depuis quelques années. Le projet de 2017, s'il n'est pas revu par la nouvelle équipe gouvernementale, prévoit de renforcer la soutenabilité du cadre macroéconomique et de poursuivre le redressement des équilibres budgétaires. La réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB est conditionnée par la maîtrise des dépenses et de la gestion axée sur les résultats et par l'optimisation et le recouvrement des recettes. Les dispositions de la nouvelle loi organique relative à la Loi de Finances en matière de maîtrise des dépenses devraient y concourir.
En supposant que les variables, sur lesquelles est bâti le montage de la Loi de Finances suivent un cours défavorable, la marge de manœuvre dont disposent les pouvoirs publics pour réaliser les objectifs de croissance et de déficit budgétaire n'est pas d'ordre financier. Elle est dans la capacité à consolider les mécanismes de la gouvernance institutionnelle visant à mettre en place les fondements d'une économie transparente, de concurrence loyale et de l'Etat de droit. L'atteinte d'une performance économique dans une conjoncture adverse est liée à la confiance des agents dans les fondamentaux de l'économie, à la poursuite des réformes économiques et sociales et à la consolidation de l'équité en matière de gestion de la chose publique. Tout dépend de l'effectivité des efforts déployés pour poursuivre la concrétisation des mesures relatives aux nouvelles règles visant l'amélioration de l'efficacité de la dépense publique, le renforcement de la transparence des finances publiques et la lisibilité budgétaire.
F.N.H. : Pour un pays qui aspire à faire partie du cercle des pays émergents, ces hypothèses sont-elles suffisantes pour relever un tel défi ?
L. J. : Les hypothèses généralement retenues dans l'élaboration d'une Loi de Finances répondent à des règles de vraisemblance, à un réalisme dans le choix des valeurs affectées à des variables déterminantes qui reflètent les structures de votre économie et de son état conjoncturel dans un environnement international donné. Le volontarisme, quel que soit sa puissance, est borné par les contraintes de l'immédiateté et votre potentiel de croissance. Vous ne pouvez faire reculer ces contraintes que par un volontarisme de réformes progressives et efficaces; une conduite du changement à laquelle adhèrent les acteurs décisionnels de votre système institutionnel; une régulation de vos conflits d'intérêt tels qu'ils se manifestent dans votre espace national ou dans votre environnement régional et international. Vous devez toujours être animé de la volonté de mieux faire, mais il faut surtout vous donner les moyens de votre ambition. Ce ne sont donc pas les hypothèses qu'il faudrait changer, mais leur soubassement réel : la structure de votre économie, le comportement de vos acteurs, votre capacité d'insertion dans un environnement incertain. Dans une économie ouverte, il y a des variables qui sont sous votre contrôle. D'autres vous échappent et vous les subissez plus fortement quand vous êtes une économie de petite dimension. C'est donc par un apprentissage de la maîtrise des chocs extérieurs, de l'anticipation des changements de l'environnement et de l'action transformatrice des structures et des comportements qu'une économie émerge et se taille une position fiable et viable dans l'économie continentale et mondiale. De mon point de vue, le Maroc a encore un long chemin à parcourir dans cette voie.
F.N.H. : Dans le PLF 2017, le gouvernement a prévu un Budget d'investissement public global de 190 Mds de DH pour accompagner les stratégies sectorielles. On remarque que malgré l'importance de ces budgets alloués au secteur public, l'indice ICOR reste très important, soit 7,7. Quel commentaire pouvez-vous nous faire à ce sujet ?
L. J. : Le Budget général (BG) prévoit des crédits de paiement des dépenses d'investissement de l'ordre de 63,6 milliards de dirhams, en augmentation de 3,6% par rapport à l'année précédente. A ces crédits de paiement s'ajoutent les crédits de report correspondant aux crédits engagés dans la Loi de Finances 2016 mais non ordonnancés au 31 décembre 2016 pour un montant estimé à 16,5 milliards de DH. Les crédits d'engagement sur l'année budgétaire 2018 et suivante se montent à 34,7 milliards de DH. Dans l'ensemble, le total des crédits mis à la disposition des administrations au titre des dépenses d'investissements s'élève ainsi à 114,7 milliards de DH. Mais attention à la lecture de ces chiffres. Ce qui sera probablement dépensé en investissement à travers le canal du Budget général en 2017 avoisinera les 60 milliards de DH, sachant que chaque année enregistre un montant déterminé de reports dus à diverses limites dans la capacité d'absorption des dépenses prévues ou à des contractions de dépenses dans l'objectif d'atteindre le niveau de déficit prévu si les prévisions de recettes de l'Etat ne se réalisent pas pour une raison ou une autre. En termes de prévision, les EEP comptent dépenser un volume d'investissement s'élevant à 107 milliards de DH, émanant principalement des groupes CDG, OCP et de l'ONEE. Ces investissements du BG et des EEP sont dédiés principalement aux secteurs des infrastructures. Ils reflètent l'étendue des interventions des EEP au niveau des stratégies et plans sectoriels. Le volontarisme de l'Etat en matière d'investissement a induit une amélioration du capital physique. L'effort d'investissement a été concentré dans les infrastructures et bâtiments. Malgré cet effort d'accumulation du capital, la croissance est restée en deçà du rythme de l'effort d'investissement. Cette évolution différenciée reflète une faiblesse de l'efficacité de l'investissement, même si le coefficient marginal du capital (ICOR) est de plus en plus élevé.
F.N.H. : Jusqu'à quel degré les indicateurs de performance sur lesquels se base en partie la loi organique des Finances peuvent-ils remédier à cet état de fait ?
L. J. : La nouvelle LF compte mettre en place une nouvelle approche de la gestion des projets d'investissements publics. Elle sera fondée sur la mise en place de critères unifiés pour la sélection des projets, le suivi de leur réalisation et l'évaluation de leur impact. Les dispositions de la LOF sont appelées à être consolidées par la quatrième vague de préfiguration. Ainsi, l'élaboration des rapports de performance par les départements ministériels rendra compte de manière plus précise des réalisations et des atteintes des objectifs notamment ceux relatifs aux investissements publics. Sur un autre registre, l'amélioration de l'efficacité de gestion des EEP ne pourra que renforcer leurs performances globales et individuelles. La réforme des dispositifs de gouvernance, de contrôle et de transparence de ces entreprises a commencé à donner quelques résultats. La contractualisation des relations des EEP avec l'Etat permettra sans doute une gestion plus active du portefeuille public et une dynamisation du partenariat public-privé au profit d'un meilleur rendement de l'investissement de l'Etat.
F.N.H. : Quels sont les chantiers prioritaires sur lesquels devrait s'atteler la prochaine équipe aux manettes ?
L. J. : «La transformation structurelle de l'économie est une orientation sans laquelle aucun rythme de croissance élevé et pérenne ne peut se produire». La consolidation de la dynamique de la croissance est assujettie à cette conditionnalité. C'est le vecteur essentiel pour élargir la base de la création de la richesse, augmenter l'offre exportable, réduire les déficits des comptes. C'est aussi la voie pour améliorer le contenu en emploi de la croissance et assurer l'inclusion sociale. La Loi de Finances doit donc mobiliser et affecter de manière adéquate et judicieuse les ressources disponibles en vue de mettre en œuvre les plans stratégiques sectoriels, assurer leur opérationnalisation effective pour garantir la performance des objectifs annoncés. Le gouvernement futur aura à œuvrer à la poursuite de la mise en application des grandes réformes structurantes encore inachevées lancées par l'équipe précédente : réforme du système judiciaire, régime de retraites, système de compensation, système fiscal, loi organique relative à la Loi de Finances, la régionalisation pour faire émerger des pôles territoriaux, la déconcentration administrative et financière pour permettre une génération et une diffusion plus rapides des fruits de la croissance à l'échelle territoriale. Quatre chantiers sont aussi importants pour les équilibres sociaux et spatiaux : la qualification du capital humain, l'emploi et l'employabilité des jeunes, la réduction des inégalités sociales et des disparités territoriales, le financement de l'économie et l'amélioration de la productivité des investissements.
F.N.H. : De quels paramètres dépend leur parachèvement ou mise en application ?
L. J. : La réussite de ces défis dépend fortement de l'efficacité de la coordination de l'action publique des différentes composantes du gouvernement et de l'application des programmes et des projets émanant de la stratégie gouvernementale. Elle dépend aussi de la mise en œuvre rapide de la déconcentration administrative de manière à garantir la cohérence et l'efficacité des interventions de l'Etat et des collectivités territoriales. Elle dépendra enfin de la moralisation de la vie publique, notamment à travers la mise en place de la stratégie de lutte contre la corruption.


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